Gonet: l'actualité des marchés au 10 février

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

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Dow +0,86%, S&P 500 +1,45%, Nasdaq +2,08%, Russell 2000 +1,86%, SOX +3,35%, Eurostoxx +1,81%, SMI +1,75%.

Wall Street poursuit sa convalescence, le patient reprend des couleurs et renvoie la volatilité à ses études, le VIX clôture en repli de 7% à 19,96. On le sent à plein nez, le monde se détend chaque jour un peu plus au sujet du covid. A-t-il raison? Qui sait? Ceci dit la détente est bien réelle, qui permet aux valeurs dites de réouverture d’être recherchées à nouveau. On revient en force dans les actions de restaurants, d’hôtels, de casinos, de compagnies aériennes, de croisiéristes et d’agences de voyages (si après évocation de ces tous ces secteurs vous ne vous ruez pas sur internet pour réserver un vol, je ne peux plus rien pour vous). Même le Docteur Fauci y met du sien en indiquant que les Etats-Unis sont en passe de sortir de la phase pandémique du virus. Dans ce contexte, on recherche aussi les actions cycliques ainsi que les vilains petits canards de ce début d’année, tels que le solaire, les semi-conducteurs et la biotech. Les bancaires et les pétrolières poursuivent leur ascension et sont rejointes par les technologiques.

La recette du cocktail du moment des taureaux prend doucement forme. Elle se compose d’intervenants sous-investis, de shorts qui se couvrent et de résultats de sociétés meilleurs que prévu (76% des 317 firmes du S&P500 (SPX) qui ont publié leur résultats du quatrième trimestre ont battu les attentes en matière de bénéfices, à raison de +6% en moyenne). Alors bien évidemment, le moment n’est pas (encore) venu de sabrer le champagne ni de baisser la garde, l’inflation est toujours bien présente, qui menace le marché dans son ensemble de potentielles belles migraines. À ce propos, cet après-midi à 14h30 sera publié l’indice américain des prix à la consommation pour le mois de janvier. Imaginez-vous, les économistes s’attendent à 7,2% sur une base annuelle, on n’avait plus vu cela depuis… E.T.! Le marché réagira forcément à ce chiffre, ce d’autant plus que les attentes de hausses de taux lors de la réunion de la Fed en mars ont plutôt diminué, c’est assez surprenant. En l’état, le marché ne price plus que 25% de probabilités d’une hausse de 50 points de base à cette occasion, alors imaginez que le CPI sorte plus fort qu’attendu cet après-midi… en plus les investisseurs achètent des obligations du Trésor US comme des petits pains cette semaine, à témoin l’adjudication de 37 milliards de dollars de 10 ans, qui rencontre une demande record. Ce matin le 10 ans évolue à 1,93%, ne prolongez pas votre lunch, ça pourrait swinger dès 14h30.

On revient à Wall Street et sa configuration technique, qui s’améliore notablement hier. Le SPX frappe à la porte des 4600 points et récupère sa moyenne mobile à 100 jours à la cloche. Il regarde désormais sa 50 jours dans les yeux, (pas encore le blanc) et a besoin de grimper d’environ 3% supplémentaires pour réintégrer son canal haussier entamé après le grand plongeon du covid. Les indices terminent la journée au plus haut de la séance, le Nasdaq100 (NDX) récupère sa 200 jours pour sa part, hier est une fort mauvaise journée pour les ours. Les volumes d’échanges se reprennent avec un peu plus de 11 milliards de titres traités sur le NYSE, le breadth reste fort, le bon vieux Dow Jones, qui avait montré la voie mardi, s’éloigne de sa 50 jours, l’indice des prix à la consommation de cet après-midi semble décidément avoir énormément de responsabilités sur les épaules.

Je disais du mal d’elle hier, Meta (FB +5,4%) se reprend après que Kevin O’Leary a déclaré avoir moyenné sa position dans le titre à la baisse et que Barron’s a publié un article indiquant que Meta pourrait cesser de baisser. Avec une mauvaise foi assumée, je note que Kevin O’Leary ne fait que «talk his book» et que Barron’s parle ce fin de baisse, mais pas forcément de hausse… Pour rester dans la tech, mentionnons que cette dernière a retracé 50% de son plongeon récent de 15%.

Vous doutiez d’eux? Minnie et Mickey vous saluent bien! Oncle Picsou et sa bande publient leurs résultats trimestriels, qui décoiffent littéralement. Disney comptait début janvier près de 130 millions d'abonnés à son service de vidéo en ligne Disney+, un chiffre bien supérieur aux attentes. Disney+ a gagné 11,7 millions d'abonnés en un trimestre, pour atteindre 129,8 millions, soit nettement plus que les 124,6 anticipés par le consensus des analystes établi par FactSet. Le groupe est aussi parvenu à faire progresser de 9% le revenu moyen par abonné à Disney+. Le chiffre d'affaires tiré des services vidéo en ligne qui comprennent, outre Disney+, Hulu et ESPN+, a cru de 34% sur un an. Toujours côté contenu, Disney a bénéficié des succès de plusieurs films, en premier lieu «Spider-Man: No Way Home», co-produit avec Sony, qui a rapporté 1,77 milliard de dollars au box-office depuis sa sortie mi-décembre. Durant le premier trimestre de son exercice décalé (octobre à septembre), l'entreprise de Burbank a aussi profité de la reprise de ses parcs d'attraction, dont beaucoup avaient été fermés pendant tout ou partie de la même période de 2020. Le chiffre d'affaires de la branche a ainsi doublé, avec la hausse considérable du nombre d'entrées mais aussi la progression du montant moyen dépensé par visiteur. Toutes activités confondues, les revenus ont augmenté de 34% sur un an, à 21,8 milliards de dollars au premier trimestre de leur exercice comptable. Le bénéfice, lui, est ressorti à 1,1 milliard de dollars. Le bénéfice par action, scruté par les analystes, s'est inscrit à 1,06 dollar, soit bien mieux que les 73 cents attendus. Dans les échanges électroniques postérieurs à la clôture de Wall Street, l'action Disney bondit de 7,29%.

Loretta Mester prédit que la Fed relèvera les taux plus rapidement qu'en 2015, car les prix sont beaucoup plus élevés et le marché du travail plus tendu. «Les risques d'inflation sont toujours orientés à la hausse», déclare la patronne de la Fed de Cleveland. Pourtant, elle ne voit pas d'arguments solides pour commencer par 50 points de base en mars. Susan Collins est nommée à la tête de la branche de Boston. Elle prend son poste le 1er juillet et votera au sein du FOMC. Dans le passé, elle a préconisé d'envisager de relever l'objectif d'inflation de 2% de la banque afin de viser un maximum de gains d'emplois.

La police britannique va contacter plus de 50 personnes au sujet des fêtes de Downing Street, dont le MC en chef Boris Johnson, selon le Times. Scotland Yard indique également qu'elle réexaminerait une décision antérieure d'exclure une autre réunion – que le bureau du Premier ministre avait décrite comme un «quiz virtuel» – après que le Daily Mirror a publié une photo montrant le Premier ministre à cet événement, debout à côté d'un membre du personnel et d'une bouteille de champagne ouverte. La police pourrait également enquêter sur le financement de la rénovation de l'appartement de Johnson, selon The Guardian.

Les patients asymptomatiques de Hong Kong pourraient être envoyés dans des hôtels pour s'isoler alors que le gouvernement préserve l'espace hospitalier pour les personnes présentant des symptômes, selon le SCMP. La ville signale ses premiers décès dus au Covid en cinq mois. Le Royaume-Uni mettra fin à ses dernières mesures d'interdiction, même pour les personnes dont le test est positif, à partir de ce mois-ci, plus tôt que la date limite prévue en mars. D'autres États américains prévoient de lever les restrictions. Wells Fargo fera revenir ses employés au bureau sur une base hybride et indépendamment de leur statut vaccinal à partir du mois prochain.

Aux Etats-Unis, ce sont les inscriptions hebdomadaires au chômage et les chiffres de l'inflation en janvier (14h30) qui vont donc retenir l'attention.

Moncler: Jefferies passe de conserver a acheté en visant 67 euros. Swiss Re: Goldman Sachs reprend le suivi à vendre en visant 100 francs. Crédit Suisse: la banque accuse une perte nette de 1,57 milliard de francs sur l'année 2021. Siemens: le bénéfice net trimestriel est supérieur aux attentes. Uber: les trimestriels sont bien accueillis avec un titre qui gagne 5,5% post-séance. Walt Disney: le titre bondit de 6,6% hors séance après de solides recrutements pour Disney+. Zurich Insurance: les résultats sont supérieurs aux attentes, le dividende est relevé de deux francs à 22 francs par action. Des actionnaires du Crédit Suisse s'opposeraient au renouvellement du mandat du vice-président de la banque, selon le FT. Novartis dépose une demande d'homologation d'urgence contre le Covid aux USA. Sika se renforce en Tanzanie et en Côte d'Ivoire. Microsoft va mettre en œuvre un nouvel ensemble de principes pour sa boutique d'applications, notamment le libre accès aux développeurs qui respectent les normes de confidentialité et de sécurité.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent dans le vert, dans le sillage de Wall Street. Tokyo progresse de 0,42% à  la cloche, Hong Kong grappille 0,13%, Shanghai 0,17% et Séoul prend 0,11%. Le future SPX traite autour de l’équilibre et l’Europe ouvre en hausse de 0,3%. Le dollar est stable à 1,1443 contre euro, le pétrole également, le baril de WTI Light Crude se maintient juste en-dessous de 90 dollars et l’or tente de casser sa résistance, l’once évolue à 1834 dollars.

Ce n’est probablement pas anecdotique: l'assembleur d'IPhone Hon Hai déclare que les pénuries de composants montrent des signes d'atténuation. Il y aura une amélioration importante au premier trimestre, et les «contraintes d'approvisionnement globales» devraient s'atténuer au second semestre.

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