Gonet: l'actualité des marchés au 2 février

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

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Dow +0,78%, S&P 500 +0,69%, Nasdaq +0,75%, Russell 2000 +1,10%, SOX +0,79%, Eurostoxx +1,19%, SMI +1,09%.

Wall Street semble aller mieux, les programmes d’achats massifs lancés dans le marché depuis vendredi sont toujours en cours et l’appétit au risque s’en trouve encore un peu plus renforcé hier. C’est une journée plutôt calme que passent les indices, personne ne peut les blâmer de reprendre leur souffle après deux hausses consécutives de cet acabit. Mais c’est sans compter sur les taureaux, qui reviennent à la charge dans les 30 dernières minutes de trading et l’on observe des intérêts acheteurs massifs à la cloche, les ours ne peuvent pas grand-chose contre les forces actuelles en présence, si ce n’est patienter. Le rallye en cours fait déjà partie du top 3 depuis 2020 et le comportement des futures ce matin laisse penser qu’il a encore des jambes. Au chapitre des secteurs, le podium du jour du SPX se compose de l’énergie, des materials et des financières, tandis que les valeurs défensives telles que les constructeurs immobiliers restent en retrait. L’énergie est bien aidée par Exxon, qui décolle de 6,5% après la publication de ses résultats trimestriels.

Le marché semble clairement en train de focaliser sur les résultats de sociétés à nouveau et ces derniers sont globalement satisfaisants, j’y reviens. Ces résultats ont pris le pas sur les craintes inflationnistes et sur les politiques monétaires moins généreuses des banques centrales, tandis que les tensions autour de l’Ukraine semblent laisser les intervenants plutôt indifférents. Un mot encore sur l’inflation, la hausse du future SPX a débuté vendredi en début d’après-midi, plus ou moins en même temps que la publication de l’indice PCE, la mesure favorite de la Fed pour mesurer l’inflation, indice PCE qui n’a pas livré de surprise particulière tandis que les revenus des ménages sont sortis en-dessous des attentes et leurs dépenses ont reculé. Cela indique que le marché reste très sensible à l’évolution du niveau des prix et aussi de la consommation, à suivre de près donc.

D’un point de vue technique, l’indice S&P500 (SPX) a désormais retracé 50% de sa baisse récente, c’est un excellent signe, qui indique qu’un rétablissement complet pourrait être en cours. Le SPX a de plus récupéré sa moyenne mobile à 200 jours lundi et bénéficie de conditions survendues, de signaux d’achats contrariants (le sentiment des investisseurs privés à un niveau de pessimisme quasi jamais vu) et d’un retour progressif de ces petits porteurs justement, la mentalité «buy the dip» est de retour. Du côté du Nasdaq100 (NDX), la situation s’améliore mais un peu plus lentement. Le NDX clôture à 15’019 pts, 3 petits points en-dessous de sa moyenne mobile à 200 jours. Ceci dit patience chers taureaux, les résultats d’Alphabet publiés hier soir après la cloche, pourraient bien permettre à l’indice de récupérer sa 200 jours aujourd’hui.  

La volatilité recule encore nettement, ce qui ne surprend personne, l’indice VIX perd 11,5% et clôture à 21,96, il a encore de la place pour aller jusqu’à 15, niveau de support plutôt résistant. Les volumes d’échanges ralentissent quelque peu, la tempête semble se calmer doucement downtown Manhattan.

L’événement du jour se produit après la clôture, lorsque Alphabet publie ses résultats trimestriels. Le moins que l’on puisse dire est que la firme de Mountain View ne déçoit pas. Elle bat nettement les attentes des analystes sur la partie de son bénéfice ainsi que de ses ventes. Les revenus publicitaires progressent de 32%, ceux du nuage de 45% et sa marge opérationnelle grimpe à 31% contre 23% un an plus tôt. Grosse cerise sur le gâteau, Alphabet annonce un split de 20 pour 1. Le titre décolle de 8,8% dans les échanges après-bourse.

Plusieurs intervenants de la Fed s’éloignent de l’idée d’une hausse de 50 points de base à court terme S’adressant à Reuters, le président de la Fed de Saint-Louis, M. Bullard (votant), déclare que cinq hausses de la Fed en 2022 ne sont pas «un pari terrible» et ajoute qu’il ne pense pas qu’une hausse de 50 points de base soit vraiment utile en ce moment. Il a indiqué ne pas vouloir perturber les marchés, mais qu’il est nécessaire de maîtriser l’inflation. Plus tôt dans la journée, le président de la Fed de Philadelphie, M. Harker (non votant), déclare à Bloomberg que son scénario de base prévoit quatre hausses de 25 points de base cette année, ajoutant qu’il ne soutiendra pas une hausse de 50 points de base à moins d’un pic d’inflation. De son côté le président de la Fed d’Atlanta, M. Bostic (non votant), réaffirme que son scénario de base estde trois hausses de taux cette année, mais déclare que les données à venir pourraient modifier son point de vue en faveur d’une action plus agressive. On le constate, le mot d’ordre à la Fed semble être à l’apaisement, Jerome Powell et ses collègues ont probablement compris que le marché reste extrêmement nerveux à l’idée que les taux remontent rapidement. Et le marché concerne plus ou moins tous les Américains, directement ou indirectement, la Fed, même si elle s’en défend, en tient compte.

Selon le rapport Earnings Insight de FactSet, le taux de croissance des bénéfices du quatrième trimestre du SPX est actuellement de 24,3%. Un peu moins de 77% des sociétés ont dépassé les estimations consensuelles du bénéfice par action, ce qui est inférieur à la moyenne de 84% sur quatre trimestres, mais largement conforme à la moyenne sur cinq ans. Dans l’ensemble, les sociétés ont publié des bénéfices supérieurs de 4% aux attentes, ce qui est également bien inférieur au taux de surprise moyen de 15,7% sur quatre trimestres. Nous assistons donc à une décélération de la croissance des bénéfices de sociétés mais pas à une récession de ces derniers, la phase de normalisation en cours était attendue, l’effet covid se dissipe progressivement.

Vladimir Poutine accuse les États-Unis de chercher à utiliser l’Ukraine pour contenir la Russie et déclare que les missiles de l’OTAN stationnés en Europe de l’Est menacent la sécurité russe. Il garde néanmoins l’espoir que la diplomatie puisse résoudre les tensions. Les États-Unis sont prêts à discuter de la possibilité de donner à Moscou un moyen de vérifier qu’il n’y a pas de missiles de croisière Tomahawk en Roumanie et en Pologne, selon des personnes bien informées. Entre deux bringues, Boris Johnson déclare qu’un geste de la Russie pour annexer l’Ukraine pourrait être suivi d’invasions de la Géorgie et de la Moldavie.

Selon l’agence Blooomberg l’OPEP+ devrait approuver une nouvelle augmentation modeste de l’offre de pétrole de 400’000 barils par jour lors de sa réunion d’aujourd’hui, mais les personnes interrogées dans le cadre d’un sondage doutent que cette augmentation soit réalisée dans son intégralité. Le cartel a à peine augmenté la production le mois dernier, dans un contexte de luttes chroniques entre ses membres et de nouveaux troubles en Libye. La production n’a augmenté que de 50’000 barils par jour en janvier, les légères hausses enregistrées dans l’ensemble du groupe ayant été compensées par une baisse de 140’000 barils par jour en Libye, selon une autre enquête.

Pfizer demande à la FDA d’autoriser son vaccin Covid pour les enfants de moins de cinq ans. La Norvège assouplit la plupart de ses restrictions, notamment en ce qui concerne le service de l’alcool dans les bars et les restaurants, et elle entend supprimer le reste dans quelques semaines. La Maison Blanche cherche à modérer les attentes pour le rapport sur l’emploi américain de cette semaine, en disant que de brèves absences dues à l’omicron pourraient surestimer le nombre de chômeurs.

Au menu macro-économique du jour, l’inflation européenne de janvier sera dévoilée à 11h00, avant à 14h15 l’étude ADP sur l’emploi aux Etats-Unis.

Elis: Berenberg reste à l’achat avec un objectif de cours relevé de 19 à 20 euros. SGS: Berenberg reste à conserver avec un objectif de cours réduit de 3000 à 2900. Advanced Micro Device: les résultats dépassent les attentes, le titre bondit de 10%. Alphabet: +9% hors séance après les trimestriels et malgré les attaques antitrust. Banco Santander: les bénéfices trimestriels sont supérieurs aux attentes. General Motors: prévoit un bénéfice d’exploitation de 13 à 15 milliards de dollars pour 2022. Novartis: les résultats sont assez proches des attentes des analystes en 2021, mais légèrement inférieurs. PayPal: le titre s’effondre de 18% hors séance après des chiffres décevants. Sony: les objectifs sont relevés malgré des difficultés d’approvisionnement pour la PS5, à cause des pénuries de puces. Ford a prévu d’accélérer sa réorganisation en vue de doper sa mue vers l’électrique. Blackstone et Carlyle envisagent de s’allier pour racheter Sandoz à Novartis. Pfizer demande l’autorisation de son vaccin pour les moins de 5 ans aux USA.

Cette nuit et ce matin à Toyko, l’indice Nikkei225 gagne 1,68% à la cloche. Hong Kong, Shanghai et Séoul font encore dodo et le future SPX gagne 0,6% alors que l’Europe ouvre en hausse de 0,7%. Le pétrole reste bien soutenu, le baril de WTI Light Crude évolue à 88,39 dollars, l’or se bat avec sa résistance de 1800 dollars par once, le rendement de l’emprunt US à 10 ans est stable, à 1,78% et le dollar perd du terrain, la paire.

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