Métavers: une «méga-opportunité»

Anjali Bastianpillai, Pictet Asset Management

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Quatre grands secteurs recelant un solide potentiel de croissance permettent d’accéder au nouvel univers virtuel: le matériel, le logiciel, le cloud et l’infrastructure.

Vous avez envie d’aller courir avec un ami le long de la Seine par une belle journée d’été? Nous sommes peut-être en plein hiver et ni vous ni lui ne vivez à Paris? Qu’à cela ne tienne! Bienvenue dans le métavers, où le monde physique et le monde numérique convergent à travers réalités virtuelle et augmentée. Considéré comme l’évolution de l’Internet vers un web en trois dimensions (3D) – plus immersif, plus décentralisé, plus attrayant et plus fluide –, cet environnement virtuel partagé pourrait supplanter le web 2.0 dans les cinq à dix prochaines années.

Ce concept séduit avant tout la génération Z – c’est-à-dire les jeunes nés entre la fin des années 1990 et le début des années 2010, qui représentent aujourd’hui près d’un tiers de la population mondiale. Ces enfants du numérique sont déjà rompus aux environnements virtuels, qu’il s’agisse d’enseignement à distance, de streaming, de réseaux sociaux ou de jeux vidéo. Cependant, ce modèle ne peut reposer sur un acteur économique unique. Si le métavers existe, c’est parce que quantités d’intervenants, dont la plupart des géants technologiques, cherchent à améliorer leur offre de produits. Quatre grands secteurs permettent d’accéder au métavers, chacun recelant un solide potentiel de croissance et de développement:

  • Secteur matériel: les casques et lunettes de réalité virtuelle («VR») nous plongent dans un environnement numérique en 3D, les smartphones nous permettent d’accéder à la réalité augmentée («AR»), où des éléments numériques se superposent à des vues du monde réel, tandis que les casques et lunettes de réalité augmentée intelligents peuvent nous connecter au métavers par le biais de capteurs.
  • Secteur logiciel: grâce aux applis, le monde virtuel touche à tous les aspects de notre quotidien, des relations sociales aux achats, en passant par l’instruction et le travail. Les jeux et divertissements en ligne, notamment, offrent aujourd’hui la meilleure expérience possible dans le métavers. Grâce à l’argent in game (monnaies de jeu) et aux biens virtuels (marchandises, art ou encore immobilier), l’expérience est en train de se démultiplier dans ce monde artificiel.
  • Secteur cloud: le fonctionnement des applis donnant accès au métavers requiert des serveurs toujours plus puissants, eux-mêmes équipés de la toute dernière génération de semi-conducteurs. Les leaders du secteur des centres de données constituent ainsi un maillon essentiel du monde virtuel, auquel ils apportent leurs avancées technologiques.
  • Secteur infrastructure: l’amélioration de la fiabilité du métavers, et surtout, de son interopérabilité – entre les différentes sociétés et leurs plateformes – suppose une meilleure opérabilité des réseaux, une bande passante plus rapide et une latence réduite.

En termes d’applications, la réalité virtuelle et la réalité augmentée présentent par exemple un intérêt pour l’industrie du e-commerce, car elles permettent de mettre les produits en valeur à l’aide d’images que le consommateur peut faire pivoter ou agrandir de manière interactive. Ces technologies offrent également d’innombrables possibilités, comme l’essayage de vêtements en cabine virtuelle, la simulation de conduite ou la visite virtuelle d’hébergements touristiques.

A l’autre bout du spectre, le métavers fait émerger de nouveaux types de biens immatériels qui n’ont de valeur qu’à l’intérieur de son univers. Les plus prisés sont les jetons non fongibles (NFT), des certificats d’authenticité basés sur la blockchain et portant sur des actifs numériques dans les secteurs de l’art, de l’immobilier, du sport ou encore de la mode. Pilier du web 3.0, la blockchain jouera elle aussi un rôle capital et viendra bouleverser le secteur des services financiers. En tant que technologie sous-jacente aux cryptomonnaies, elle offre également un potentiel pour les investisseurs soucieux de contourner la volatilité de ces dernières.

Nous avons parcouru beaucoup de chemin depuis la création du world wide web, mais pour que le métavers se démocratise, il faudra un catalyseur aussi révolutionnaire que l’iPhone au moment de son lancement. Le web 3.0 va bien au-delà du métavers et la création de contenus sera régie par des valeurs très différentes de propriété, de confiance et de gouvernance, des avancées qui seront avant tout portées par les prochaines générations d’utilisateurs.

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