Un vif intérêt pour l’alternatif

Emmanuel Garessus

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Le responsable de Generali Investments en Suisse, Edi Aumiller, met en exergue les vertus des 56 milliards gérés dans les actifs réels.

Generali Investments a démarré en septembre 2022 la distribution de ses solutions sur le marché suisse sous la direction d’Edi Aumiller, à Zurich. Ce géant de la gestion d’actifs, avec 516 milliards d’euros sous gestion pour 1200 gérants et spécialistes de l’asset management, présente une approche multi-boutiques laissant une totale autonomie de gestion à ces dernières.

Si la majeure partie des capitaux est gérée pour les assurés de Generali environ 20% le sont pour les tiers, soit 113 milliards d’euros (fin 2021). La croissance des ces derniers est très forte puisque le montant des actifs s’élevait à 27 milliards en 2018 et elle s’appuie non seulement sur le lancement de nouvelles stratégies mais aussi sur l’extension du réseau de distribution. Après avoir ouvert des bureaux en Italie, en France, en Espagne et en Allemagne, Generali Investments s’est implanté en Suisse en septembre 2022. Edi Aumiller, responsable des activités en Suisse, présente les particularités de son groupe, peu connu en Suisse, et ses projets pour 2023.

Quelle est la particularité de Generali Investments par rapport aux autres gérants d’actifs issus de grands groupes d’assurance?

Nous suivons un approche multi-boutiques et offrons une très large gamme de produits aussi bien publics que privés, par exemple dans les infrastructures, l’immobilier et la dette privée.

Notre boutique Infranity, qui investit dans les infrastructures, est très attentive à la durabilité de ses stratégies en Europe. Il en résulte un éco-système capable d’offrir toute la palette de stratégies d’investissements.

L’ensemble du groupe Generali est d’ailleurs très engagé dans une gestion respectueuse des critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG).

Sur les marchés liquides, la demande se concentre avant tout sur les stratégies ESG en actions internationales et régionales et dans les obligations de débiteurs souverains.
Quel bilan tirez-vous de l’année 2022 en termes de performance d’investissement?

L’année a été très compliquée pour les actifs traditionnels, les obligations et les actions. La hausse de l’inflation s’est hissée au centre des préoccupations ainsi que le comportement des banques centrales pour la maîtriser. Nous avons toutefois des stratégies qui ont très bien résisté durant cette période, à commencer par nos fonds alternatifs en raison de leur capacité à performer dans tous les environnements de marché. Je pense aux stratégies long/short ou «market neutral» et aux infrastructures. Ces dernières offrent une bonne protection contre l’inflation puisque les revenus sont ajustés à la hausse des prix.

Combien d’actifs gérez-vous dans l’alternatif? Que pensez-vous de l’intérêt des institutionnels suisses pour ce domaine d’activité?

Nous gérons 56 milliards d’euros d’actifs dans le domaine des actifs réels, qui comprend l'infrastructure, l'immobilier, le capital-investissement et la dette, ainsi que 19 milliards d’euros qui proviennent de notre plateforme alternative UCITS Lumyna. Responsable de Generali Investments en Suisse seulement depuis le 1er septembre, je constate déjà un intérêt très marqué pour ce secteur, tant pour les produits de dette que pour les actifs eux-mêmes.

En ce moment, pour quelles stratégies se porte l’intérêt des investisseurs suisses?

Il est très varié et porte souvent sur la dette émergente et sur les actifs privés. Sur les marchés liquides, la demande se concentre avant tout sur les stratégies ESG en actions internationales et régionales et dans les obligations de débiteurs souverains.

Le secteur «Wholesale» (banques, gérants de fortune indépendants) accorde la priorité aux stratégies d’impact. L’investisseur veut que son argent produise un effet positif sur l’environnement, sur la diversité entre les genres. Cette approche thématique est recherchée en ce moment.

Quelle est votre attitude à l’égard de l’investissement ESG et combien de fonds y sont investis?

Pour nous, l’ESG est un critère majeur dans toutes les décisions d’investissement. Plus de 80 milliards d’euros y sont investis au sein de Generali Investments, dont plus de 6 milliards d’euros dans les actifs réels. Au total, 73 fonds sont classés article 8 ou article 9 selon la classification SFDR.

Nous avons différentes approches de ce sujet. Chaque boutique du groupe est indépendante dans ses choix d’investissement mais profite de notre réseau de distribution global et de notre marque.

Sous cet angle, Sycomore, à Paris (9,1 milliards d’euros d’actifs fin 2021) est un pionnier de l’investissement durable depuis plus de 20 ans qui a contribué à l’établissement et à la définition des critères ESG. Elle s’intéresse aussi bien à des thèmes tels que la transition énergique que l’éducation.

L’année financière sera à nouveau complexe, mais chaque défi crée des opportunités.

Infranity est également très engagée dans l’investissement dans des infrastructures durables. Lumyna, la plus grande plateforme de fonds alternatifs UCITS en Europe, avec 19 milliards d’euros, gère par exemple une stratégie de transition énergétique long/short globale. Enfin, dans l’immobilier, les investissements sont soucieux des conditions de durabilité de l’habitat durable et des espaces de travail.

Generali Insurance Asset Management est également très présente dans l’engagement, sous la forme d’un service de gouvernance offert aux clients. En 2021, elle s’est manifestée à travers14 engagements, dont 4 avec des résultats significatifs.

Combien de vos fonds présentent une surperformance sur trois ans?

En ce qui concerne la performance de nos fonds, sur 3 ans (au 9 décembre), nous présentons une surperformance pour plus de 65% des fonds (mesurés par AuM) par rapport à leurs indices de référence respectifs. De plus, environ 75% des fonds (mesurés par AuM) sont classés dans les 1er et 2e quartiles de leurs catégories de fonds respectives, selon Morningstar.

Quelles sont vos priorités en Suisse pour 2023?

Nous voulons améliorer notre présence auprès des institutionnels, mais aussi dans dans le domaine du «Wholesale». Des relations existent déjà à travers nos boutiques, mais le nouveau bureau de Generali Investments servira à renforcer nos relations avec les clients et à en acquérir de nouveaux.

Quelles sont les perspectives des marchés en 2023 selon Generali Investments?

Les perspectives de croissance en 2023 sont limitées et les taux directeurs des banques centrales seront encore hausse. L’année financière sera à nouveau complexe, mais chaque défi crée des opportunités. Les stratégies susceptibles de bien performer en dépit de la volatilité sont au cœur de nos préoccupations. Je pense par exemple aux marchés privés et aux instruments offerts par Aperture et ses stratégies tant en actions que dans le crédit et qui visent une performance en termes absolus.

Les frais ne sont-ils pas élevés dans ces stratégies de hedge funds?

Au contraire, les commissions de gestion sont proches de celles des fonds passifs auxquelles s’ajoutent des commissions de surperformance à défendre sur trois ans.

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