L’air de rien, Wall Street semble doucement retrouver la direction qui mène au long fleuve tranquille. La semaine débute dans le calme sur les marchés d’actions, on tend à se débarrasser du trop-plein de valeurs défensives, voyez le SMI (Swiss Market Index) qui clôture à contre-courant, pénalisé par Nestlé, Novartis, Roche et… Credit Suisse. Le sentiment du marché n’a eu de cesse de s’améliorer ces derniers temps, il est revenu à un niveau neutre chez les investisseurs institutionnels (smart money) mais aussi chez les petits porteurs (dumb money), un signe de stabilisation des indices à venir, historiquement cela implique un indice S&P500 (SPX) en hausse de 0,4% sur les deux prochains mois. Une belle illustration de ceci est la propension des intervenants à faire la sourde oreilles aux propos de Pékin, qui tente de démentir la rumeur persistante de relaxation de sa politique zéro-covid. En parallèle, ni Jerome Powell ni le rapport mensuel sur l’emploi ne sont parvenus à mettre ce marché à genoux la semaine passée, quelque chose se passe au joyeux royaume des actions, qui prend forme chaque jour un peu plus. Rappelons-nous que cette indécrottable machine à anticiper regarde souvent un an à l’avance, on dirait presque que Wall Street a déjà mis la Fed et son cycle de hausses de taux dans son rétroviseur, le 10 ans US traite à 4,23%, et alors? Clament les actions d’une seule et même voix.

Le SPX récupère son niveau de 3800 points à la cloche, il en profite pour repasser au-dessus de sa moyenne mobile à 50 jours, dans des volumes d’échanges en léger repli mais toujours soutenus. La volatilité poursuit sa lente glissade, le VIX recule de 0,8% à 24,35. Apple inquiète en annonçant que la production de certains de ses iPhones va devoir ralentir, le stock gagne 0,39%, là encore un signe de sérénité dans les salles de marchés. On peut peut-être suspecter les acteurs du marché des actions de spéculer sur une redistribution des forces au législatif des Etats-Unis. Les élections de mi-mandat se tiennent aujourd’hui, nous aurons le résultat cette nuit, le parti républicain pourrait chiper une voire deux chambres aux démocrates et le marché des actions aime beaucoup cette configuration, qui fige en quelque sorte l’action politique et permet aux dirigeants de firmes de mieux planifier leurs affaires durant les deux années qui mènent à la prochaine présidentielle. Le podium du jour du SPX se compose des services de communication, de l’énergie et de la tech, l’appétit au risque reste bien présent, cela se voit aussi dans le dollar, qui ne fait pas le fier et revient à parité contre l’euro, on sent bien que le billet vert fatigue, les crowded trades, c’est comme les empires, ce n’est jamais éternel… La toile de fonds de ce marché en reprise s’appuie sur l’espoir croissant dans le marché que la Fed va assouplir progressivement sa politique monétaire l’an prochain et que la Chine va se voir forcée de rouvrir son économie, les récentes statistiques macro sont inquiétantes.

Microsoft et Alphabet avancent respectivement de 2,93% et 2,21% tandis que Meta Platforms rebondit de 6,53% après les informations de presse évoquant un plan de licenciements portant sur plusieurs milliers de postes. A noter aussi, l'envolée de 66,5% de Digital World Acquisition, la société qui doit fusionner avec Trump Media & Technology Group, dopée par la perspective de plus en plus nette d'une candidature de Donald Trump à la présidentielle de 2024. Tesla perd encore 5% hier, l’action est en recul de 50% en un an, Elon Musk fait rire un peu mais crispe surtout les investisseurs, de plus il a dû vendre un paquet de ses actions pour financer son caprice Twitter… Palantir Technologies chute de 11 % après que la société d'exploration de données a annoncé des bénéfices inférieurs aux attentes et prévu une croissance plus lente des ventes au cours du trimestre en cours.

Le marché obligataire reste inquiet, la courbe des taux US 2 / 10 ans est toujours bien inversée (-50 points de base) mais cela s’améliore tout de même quelque peu. L’imminence de la publication de l’indice des prix à la consommation aux Etats-Unis explique probablement le niveau actuel des taux.

L'administration Biden souhaite que les géants du secteur bancaire, dont JPMorgan et Citi, continuent de faire des affaires avec certaines entreprises russes stratégiques, selon l’agence Bloomberg. Cette démarche s'inscrit dans le cadre d'un effort en coulisses visant à limiter l'impact négatif des sanctions russes sur l'économie mondiale, alors même que certains membres du Congrès réclament des mesures plus fermes. Les États-Unis souhaitent que les banques continuent à offrir des services tels que les règlements en dollars et le financement du commerce à des entreprises telles que Gazprom.

L'Union européenne proposera demain un mécanisme permettant de fournir à l'Ukraine une aide financière de 18 milliards d'euros de manière plus prévisible, après que l'Union a mis du temps à distribuer tous les fonds promis au début de l'année. L'opérateur du réseau électrique ukrainien limitera aujourd'hui l'approvisionnement en électricité des consommateurs dans sept régions et à Kiev, alors que la Russie continue de cibler son infrastructure énergétique.

Joe Biden et les démocrates ont une tâche difficile à accomplir pour conserver le contrôle des deux chambres du Congrès lors des élections d'aujourd'hui. Les républicains sont largement favoris pour remporter la Chambre des représentants et ont au moins une chance sur deux de remporter le Sénat. D'un autre côté, de récents sondages suggèrent que les électeurs divisent leurs bulletins de vote dans les États d'une manière qui aide les candidats démocrates au Sénat en difficulté. Utilisant pleinement sa plateforme nouvellement acquise, Elon Musk exhorte ses 100 millions de followers sur Twitter à voter GOP.

Il n'y aura pas d'indicateur macro-économique majeur aujourd'hui, hormis peut-être les ventes de détails européennes de septembre (11h00).

Renault et Geely concluent un accord pour une coentreprise dans le domaine des moteurs à combustion interne. Le constructeur français dévoile par ailleurs ses objectifs de long terme, notamment une marge opérationnelle de 8% en 2025 et de 10% à l'horizon 2030. Stellantis met en pause ses publicités sur Twitter suite à la prise de contrôle par Elon Musk. Bayer: le groupe se dit en bonne voie pour atteindre les objectifs annuels relevés en août. Lyft: le titre décroche de 14% hors séance après la publication de ses trimestriels. Nintendo: les prévisions de résultats sont relevés, malgré un objectif de vente de Switch réduit. Nvidia propose une nouvelle puce avancée pour la Chine qui répond aux contrôles d'exportation américains. Exxon Mobil va lancer des études sismiques pour le gaz naturel en Grèce. Allianz suspend ses publicités sur Twitter. Leqvio (Novartis) montre une réduction durable du cholestérol dans les données à long terme. Credit Suisse va fermer 14 succursales en Suisse jusqu'en février 2023. Foxconn va devenir le principal actionnaire de Lordstown.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en hausse sauf en Chine. Hong Kong recule de 0,44%, une paille comparée à sa hausse de 13% sur les 5 séances précédentes. Shanghai perd 0,43%. à Tokyo, l’indice Nikkei225 clôture en progression de 1,25% tandis que Séoul monte de 1,15%. Le future SPX recule de 7 points et l’Europe ouvre en baisse de 0,3%, la journée devrait se passer en mode attentiste, on veut connaître le résultat des élections de mi-mandat.

Et ce soir après la cloche de Wall Street, Walt Disney publie ses résultats trimestriels.