La politique économique reste porteuse pour les actions

James Mazeau, UBS Global Wealth Management

2 minutes de lecture

La patience de la Fed est de nature à soutenir les actions.

Il y a dix jours, la Réserve fédérale américaine (Fed) a commencé à réduire la voilure. De leur côté, les élus démocrates du Sénat ont trouvé un terrain d’entente sur les modalités de fixation des prix des médicaments. Au Japon, un nouveau gouvernement a été formé. Qu’en conclure?

La Fed a annoncé une réduction de ses achats d’obligations de 15 milliards de dollars par mois pour y mettre un terme vers la mi-2022. Lors de sa conférence de presse, son président, Jerome Powell, a semblé un peu moins conciliant. Il a notamment admis que l’inflation resterait probablement élevée pendant plus longtemps que prévu. Toutefois, il a réitéré que la Fed ferait preuve de patience concernant le relèvement des taux directeurs.

Au Sénat, le plan des démocrates sur les modalités de fixation des prix des médicaments a trouvé un consensus. Il prévoit, entre autres, un nouveau système de «rabais négociés» sur certains médicaments plus anciens destinés aux bénéficiaires du programme Medicare. Ces personnes verront également le plafond annuel de leur quote-part être abaissé. Une limitation des hausses de prix annuelles est également prévue.

En parallèle, au Japon, le Parti libéral-démocrate (PLD) au pouvoir a conservé sa majorité. Il a remporté 261 sièges, soit quinze de moins que lors de la précédente législature.

Comment interpréter la situation?

1. La patience de la Fed est de nature à soutenir les actions

L’inflation élevée et le resserrement amorcé par certaines banques centrales de second rang ont fait redouter un resserrement prématuré qui étoufferait la reprise économique. Néanmoins, les responsables de la Fed restent d’avis que l’inflation est transitoire, même si la décrue prendra plus de temps que prévu initialement.

La Fed n’a pas laissé entendre qu’un relèvement précoce des taux était nécessaire pour enrayer la hausse des prix. Elle a également confirmé que le resserrement de sa politique ne serait pas automatique et qu’il pourrait être freiné si jamais l’économie faiblit.

Les responsables politiques sont toujours soucieux d’éviter les soubresauts sur les marchés obligataires ou sur les marchés des actions. «Nous ne voulons pas surprendre les investisseurs», a répété le président de la Fed, Jerome Powell.

La patience de la Fed devrait éloigner le spectre d’un relèvement prématuré des taux directeurs. Cette approche devrait également éviter une forte hausse des rendements obligataires, ainsi qu’un resserrement des conditions financières qui pèseraient sur les actions.

2. Le compromis des démocrates au Sénat est une bonne nouvelle pour le secteur de la santé

Si elles sont adoptées, leurs propositions auront un impact limité sur les prix des médicaments. Les négociations sur les prix concerneront uniquement une poignée de médicaments dont le brevet a déjà expiré et qui, bien souvent, sont déjà confrontés à la concurrence de génériques ou biosimilaires. De plus, les rabais s’inscriront dans un barème prédéfini, ce qui limitera leur impact sur le chiffre d’affaire global de l’industrie pharmaceutique aux Etats-Unis.

Même si une baisse des prix des médicaments est désormais probable, le compromis trouvé est plus favorable aux pharmas que les propositions précédentes de la Chambre des représentants. Il lève également un obstacle à l’adoption du projet de loi Build Back Better.

3. Un nouvel effort de relance budgétaire se profile au Japon

Le Japon est le seul grand marché d’actions à avoir achevé le mois d’octobre dans le rouge, et ce en raison de l’inquiétude des investisseurs à l’approche des élections législatives. Néanmoins le résultat du scrutin dissipe en grande partie l’incertitude qui entourait les actions japonaises et il devrait ouvrir la voie à une période de surperformance.

Les investisseurs peuvent s’attendre à de nouvelles mesures de relance budgétaire de l’ordre de 20 à 30'000 milliards de yens, soit 4 à 5% du PIB. Le Premier ministre, Fumio Kishida, a également tempéré ses propos sur d’éventuelles hausses d’impôts.

Qu’est-ce que cela implique pour les investisseurs?

Récemment, l’indice S&P 500 a atteint de nouveaux sommets historiques. Toutefois, la politique économique porteuse, la croissance soutenue et les bons résultats des entreprises sont de nature à entretenir la progression des actions. La Recherche d’UBS apprécie les secteurs de l’énergie et de la finance, les moyennes capitalisations américaines, ainsi que les actions japonaises et celles de la zone euro.

La relance budgétaire au Japon est de nature à soutenir la croissance des bénéfices des entreprises locales. La réouverture de l’économie, la prépondérance des valeurs cycliques sur le marché japonais et la dépréciation du yen sont également porteuses.

La Recherche d’UBS apprécie également les valeurs internationales du secteur de la santé. Les avancées précédentes, après des périodes d’inquiétude quant à un durcissement de la réglementation, ont servi de catalyseur à une surperformance du secteur biopharmaceutique. L’adoption du projet de loi Build Back Better pourrait aboutir à un résultat similaire.

A l’heure actuelle, les valeurs internationales du secteur de la santé présentent un ratio cours/ bénéfices inférieur de 17% à celui des actions mondiales (indice MSCI All Country World), contre une prime de 3% en moyenne sur les vingt dernières années. Cette décote devrait s’amenuiser au fil du temps avec la dissipation de l’incertitude réglementaire et l’atténuation de la pression politique.

A lire aussi...