Crypto asset management: «the next big thing»?

Stéphane Marrache, Coinhouse

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Chronique blockchain. Cette nouvelle approche permet d’être distribuée d’une manière très similaire aux produits financiers classiques.

Aux Etats-Unis, Microstrategy la célébré société de business intelligence cotée sur le Nasdaq a annoncé avoir placé cet été la quasi-intégralité de sa trésorerie en Bitcoin (425 millions de dollars) considérant que ce dernier était certainement une meilleure réserve de valeur que le dollar américain. En 2020, le fonds de Paul Tudor a investi 2% de son portefeuille en cryptoactifs, soit environ 100 millions de dollars. Les actifs numériques seraient-ils en passe de devenir une nouvelle classe d’actifs incontournable auprès des investisseurs?

Les exemples sont nombreux: Grayscale, véhicule US dédié exclusivement à l’investissement dans Bitcoin et Ethereum, a réalisé une collecte au cours du deuxième trimestre de plus de 750 millions, pour atteindre plus de 5 milliards sous gestion. 84% des souscriptions proviennent d’acteurs institutionnels. Et la tendance s’accélère: sur le mois de juillet 2020, c’est une collecte de plus de 1 milliard qui aurait été réalisée.

Il est vrai que l’actualité aide: la création monétaire sans aucun précédent historique par les banques centrales américaines et européennes associée à une politique de taux d’intérêts négatifs pousse un nombre croissant d’investisseurs à chercher des alternatives aux actifs traditionnels et monnaies fiduciaires.

Bitcoin comme valeur refuge alternative

En temps de crise, les investisseurs se réfugient traditionnellement dans l’or. Aujourd’hui le Bitcoin, avec ses propriétés de décentralisation, de stabilité monétaire et de réserve de valeur, représente une alternative de plus en plus intéressante à l’or en tant que valeur refuge.

La complexité des technologies et protocoles utilisés et les risques liés
à la manipulation et la conservation des actifs numériques restent élevés.

Sa croissance insolente de 46% depuis le début de l’année conjuguée à une clarification croissante du cadre règlementaire notamment au niveau européen, ne font que renforcer ses attraits auprès d’investisseurs toujours plus nombreux.

Mais la complexité des technologies et protocoles utilisés et les risques liés à la manipulation et la conservation des actifs numériques restent élevés. A tel point que Grayscale se permet de faire payer à ses clients un premium de 20% pour leur épargner ces tracas. Ce montant laisse rêveur les acteurs de la finance traditionnelle et démontre clairement un besoin d’émergence d’acteurs professionnels spécialistes de ce marché.

L’émergence d’une offre d’asset management crypto plus mature en Europe

En Europe, certains acteurs ont aussi détecté ce «next big thing» et quelques-uns commencent à se lancer dans la gestion active d’actif numériques pour compte de tiers.

En effet, les propriétés programmatiques des actifs numériques ainsi que la sophistication, la liquidité et la robustesse croissante des plates formes d’échange avec leurs différentes API permettent d’ores et déjà aux crypto asset managers de pouvoir mettre en place et distribuer des stratégies de trading algorithmique reposant sur un accès instantané au data.

Opérationnellement, le parcours
de l’investisseur est alors beaucoup plus simple.

Depuis quelques années, une poignée d’équipes ont ainsi commencé à créer des automates ou des outils fournissant des signaux de trading reposant sur des stratégies d’arbitrage ou de trading algorithmique. L’investisseur a alors la possibilité de recopier ou pour les plus sophistiqués d’implémenter dans sa propre interface de trading des stratégies complexes qui s’exécuteront de manière automatisée en fonction des signaux envoyés par le fournisseur de solutions. Le trading s’opère alors directement sur le compte de l’utilisateur ouvert auprès d’une plate-forme d’échange. Cette solution s’adresse plutôt à un public de spécialistes car cela nécessite une certaine technicité et oblige l’investisseur à ouvrir un compte dans une plate-forme souvent située dans des contrées lointaines ou seront exécutés les ordres et conservés les fonds. Cette approche a un défaut majeur: elle n’adresse qu’une toute petite partie d’un marché potentiellement gigantesque.

La délégation complète de gestion règle ce problème. Elle n’a été rendue possible dans quelques pays Européens comme la France depuis la clarification du cadre règlementaire relatif à la gestion d’actifs numériques pour compte de tiers. Opérationnellement, le parcours de l’investisseur est alors beaucoup plus simple car il n’a plus qu’à signer un mandat de gestion ou acheter une part d’un véhicule d’investissement en fonction de sa qualité ou non d’investisseur professionnel.

Le gestionnaire, en sa qualité de Prestataire de Services en Actifs Numériques dont les services sont enregistrés auprès de ses autorités règlementaires de tutelle, est responsable de la gestion du portefeuille mais aussi pour les équipes les plus sophistiquées de l’exécution des ordres d’achat et de vente.

Cette nouvelle approche est amenée à se développer de manière exponentielle car elle permet d’être distribuée d’une manière très similaire aux produits financiers classiques et pourra profiter dans un futur proche de réseaux de distribution préexistants auprès des Conseillers en Gestion de Patrimoine et des banques privées qui y verront sans nul doute des relais de croissance importants ainsi qu’un rajeunissement de leur clientèle historique.

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