Les PME exportatrices vers les USA s’attendent à une nouvelle escalade des droits de douane – PME PMI de Raiffeisen

Domagoj Arapovic, Raiffeisen

2 minutes de lecture

Après 47,9 points en mars, l’indice Raiffeisen PMI PME atteint 50,9 points, dépassant ainsi légèrement le seuil d’expansion.

L’indice Raiffeisen PMI PME franchit en avril le seuil de croissance des 50. Les perspectives demeurent néanmoins fragiles, en particulier pour les PME qui exportent vers les Etats-Unis. Celles-ci s’attendent à une nouvelle hausse des droits de douane américains. Les autres PME se montrent en revanche moins pessimistes et n’anticipent pas un maintien à plus long terme de ces taxes à l’échelle mondiale.

Depuis le 5 avril, les produits exportés de Suisse vers les Etats-Unis sont soumis à un droit de douane de 10%, à l’exception, pour l’instant, des produits chimiques et pharmaceutiques. La mise en œuvre de ces «droits de douane réciproques», des tarifs supplémentaires étonnamment élevés, a été suspendue jusqu’au 9 juillet. Cependant, une grande incertitude règne toujours, ce qui compromet la sécurité de planification, même pour les entreprises suisses qui ne sont pas directement implantées sur le marché américain.

Malgré ce contexte, le moral des PME industrielles suisses est resté stable dernièrement. L’activité a même légèrement progressé en avril, comme le montre l’indice Raiffeisen PMI PME. Après 47,9 points en mars, l’indice a atteint 50,9 points, dépassant ainsi légèrement le seuil d’expansion. Les indices des directeurs d’achat aux Etats-Unis et dans la zone euro ont également augmenté de manière surprenante. Toutefois, cette évolution positive s’explique principalement par des effets d’anticipation. Les entreprises américaines se sont approvisionnées en produits primaires pour se prémunir contre une nouvelle augmentation des tarifs douaniers ou d’éventuelles perturbations dans les chaînes d’approvisionnement. Ce phénomène concerne en partie aussi les entreprises européennes, et l’industrie suisse semble en avoir profité en avril. En ce qui concerne l’indice Raiffeisen PMI PME, cela se reflète notamment au niveau des carnets de commandes (51,6 points contre 47,8 en mars), de la production (53,8 contre 49,7) et des stocks d’achat (51,4 contre 42,9).



Graphique du haut: Raiffeisen PMI PME avril 2025 / Au milieu et en dessous: Raiffeisen PMI PME – Sous-composantes (I)

 


Néanmoins, cet accroissement de la demande ne devrait être que de courte durée. L’industrie américaine, en particulier, pourrait connaître des semaines et des mois difficiles. Les premiers chiffres montrent un effondrement du commerce de marchandises entre la Chine et les Etats-Unis, ce qui risque d’entraîner des pénuries de biens de consommation et de produits intermédiaires industriels. De leur côté, les PME suisses qui entretiennent des relations commerciales avec les Etats-Unis se préparent au pire, comme le révèle une enquête spéciale de Raiffeisen. Près de 70% des entreprises exportatrices interrogées s’attendent à de nouvelles hausses des tarifs douaniers, redoutant ainsi l’introduction effective des droits de douane «réciproques». Elles craignent que le niveau de taxation reste supérieur à celui d’aujourd’hui, même d’ici deux ans. Aucune des PME interrogées ne prévoit de revenir d’ici 2027 à la situation d’avant 2025.



A votre avis, y aura-t-il en avril 2027 davantage ou moins d’obstacles au commerce mondial des marchandises par rapport à fin avril 2025?


Pas de recentrage sur le marché national

Les effets indirects de cette guerre douanière, comme un ralentissement de la croissance économique mondiale, pèseront également sur les PME qui n’ont pas d’activité directe avec les Etats-Unis. Dans l’ensemble, celles-ci se montrent toutefois nettement moins pessimistes et restent convaincues que le commerce mondial des marchandises conservera sa place centrale. Seul un quart d’entre elles prévoit une nouvelle escalade de la guerre commerciale. Deux tiers des PME interrogées estiment que les tarifs douaniers actuels seront en partie, voire totalement, supprimés.

Pour l’industrie suisse, il est primordial d’éviter de nouvelles mesures de rétorsion et de nouveaux tarifs douaniers dans le commerce mondial. En effet, le marché intérieur reste secondaire, comme le confirme l’enquête spéciale de Raiffeisen. A peine un cinquième des PME s’attend à une montée en importance du marché suisse face à l’évolution géopolitique actuelle. La grande majorité ne prévoit pas de se recentrer sur le marché domestique. Pour elles, l’accès aux marchés internationaux demeure incontournable.


 


Pensez-vous que, compte tenu de l’évolution du contexte géopolitique mondial, le marché suisse gagnera en importance pour votre PME?

A lire aussi...