Les assureurs maladie divisés sur la décision de Berne sur les prix des médicaments

AWP

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SantéSuisse dénonce «une occasion manquée», alors que curafutura salue une «amélioration considérable du système».

Les assureurs maladie sont divisés sur l’adaptation des marges des médicaments décidée vendredi par le Conseil fédéral. SantéSuisse dénonce «une occasion manquée», alors que curafutura salue une «amélioration considérable du système».

«Cette adaptation corrige la mauvaise incitation actuelle selon laquelle pharmaciens, médecins et services hospitaliers ambulatoires gagnent plus sur le médicament original. La priorité est donc enfin donnée au médicament générique équivalent, mais moins cher», estime curafutura dans un communiqué conjoint avec la Fédération des médecins suisses (FMH), la faîtière des hôpitaux H+ et l’association des pharmaciens PharmaSuisse.

Pour les quatre faîtières, le nouveau système ouvre la voie à une utilisation accrue des médicaments génériques. Il permet de faire des économies immédiates de 60 millions de francs et de réaliser à plus long terme des économies supplémentaires de plusieurs centaines de millions de francs. Cela profitera «aux patients et aux payeurs de primes».

Cette décision montre que les solutions élaborées de manière collaborative sont les meilleures, précisent les quatre associations qui se sont engagées en faveur de cette solution «constructive» avec le Département fédéral de l’intérieur (DFI).

Occasion manquée

De son côté, la seconde faîtière des assureurs, santésuisse, regrette que le Conseil fédéral ait manqué une occasion de «réduire enfin de manière conséquente les marges de distribution dans le commerce des médicaments et de soulager ainsi de manière significative l’assurance de base».

«Sous la pression du commerce», le gouvernement a privilégié plutôt une réforme qui entraîne des augmentations de prix parfois drastiques pour plus de la moitié des médicaments. A l’avenir, les consommateurs et les payeurs de primes devront payer beaucoup plus pour des médicaments bon marché.

Résultat «absurde»

Un avis partagé par l’Alliance des associations de consommateurs, qui dénonce un résultat «absurde»: avec cette réforme, un produit bon marché comme le Dafalgan devrait voir son prix public bondir de 70%.

Conséquence, les économies annoncées de 60 millions de francs (soit 0,2% des coûts LAMal), ne peuvent être considérées «ni comme une action favorable aux assurés, ni comme un succès». L’Alliance exige en conséquence une baisse significative des marges sur les médicaments de toutes les catégories de prix.

Pour la Fédération romande des consommateurs (FRC) et ses pendants alémanique et tessinois, une correction du calcul des marges était attendue depuis longtemps, car les médicaments génériques sont beaucoup trop chers en comparaison internationale.

Mais la solution retenue «récompense les acteurs qui, profitant d’un système de calcul mal élaboré, ont trop souvent privilégié la vente des produits les plus chers». Elle ne tient pas compte de l’intérêt des consommateurs.

économies substantielles possibles

Santésuisse attend que le successeur d’Alain Berset à la tête du DFI s’attaque de manière conséquente au problème des coûts, afin que la croissance des primes puisse enfin être stoppée. Rien qu’au niveau des ordonnances, le Conseil fédéral pourrait réaliser des économies dépassant largement le milliard de francs - sans aucune perte de qualité.

L’association des entreprises pharmaceutiques pratiquant la recherche Interpharma souligne quant à elle que la révision de l’ordonnance sur l’assurance maladie permet des économies totales dépassant largement 300 millions de francs. Elle les accepte «dans la mesure où les mêmes règles continuent de s’appliquer à l’avenir aux génériques et aux préparations originales».

Interpharma s’inquiète en revanche du fait que «de plus en plus de patients» perdront, à partir du 1er janvier 2024, l’accès à des médicaments nécessaires dans des cas particuliers, médicalement justifiés. Du point de vue d’Interpharma, ceci est inacceptable.

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