La démocratie a besoin de médias forts

Communiqué, Comité «La liberté d’opinion»

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Le comité interpartis «La liberté d’opinion» lance la campagne pour le oui au train de mesures en faveur des médias le 13 février 2022.

Le 13 février 2022, la population suisse se prononcera sur le train de mesures en faveur des médias décidé par le Conseil fédéral et le Parlement. Le comité interpartis «liberté d’opinion» a présenté ses arguments pour un OUI au train de mesures en faveur des médias, en soulignant notamment l’importance de l’indépendance et de la pluralité régionale des médias pour une démocratie vivante. 

Les médias indépendants sont un fondement important de notre démocratie directe. La liberté d’opinion a besoin d’une activité journalistique  diversifiée, fondée et aussi critique. «Il n’y a guère d’autre pays où le peuple peut participer aussi intensément à la vie politique. C’est pourquoi des médias forts et indépendants, informant la population de manière fiable et équilibrée, sont indispensables en Suisse», souligne le conseiller national PS Matthias Aebischer à l’occasion de la conférence de presse du comité pour le OUI à Berne. 

En Suisse, pays à structure fédéraliste, la formation d’une libre opinion est également importante au niveau des cantons et des communes. Grâce à leur offre d’information dans les régions et pour les régions, les médias locaux et régionaux favorisent les débats et contribuent à la cohésion de notre pays. «Les médias suisses veillent à ce que la population reçoive quotidiennement des informations pertinentes et fiables, et ce dans toutes les régions linguistiques. Cela constitue un service public important», affirme Martina Gammeter, éditrice de l’Engadiner Post. La conseillère nationale Les Vert-e-s Greta Gysin ajoute: «La pluralité des médias actuelle est une caractéristique de la Suisse. Mais cet acquis est menacé par le référendum contre le train de mesures en faveur des médias».

En dépit de leur importance pour la formation de l’opinion politique et le suivi des événements dans les régions, les médias suisses sont sous pression. La fonction démocratique des médias est gravement menacée. Stéphane Estival, président Médias Suisses, le confirme: «La chute des recettes publicitaires constitue un défi colossal pour l’industrie suisse des médias. Le journalisme de qualité manque de ressources importantes pour garantir des services médiatiques de base, en particulier dans les régions». 

Le nombre de journaux est en diminution, la pluralité des médias se réduit: la Suisse traverse une crise des médias. La transformation numérique a bouleversé le modèle commercial des médias, une tendance négative que la pandémie COVID-19 a encore exacerbé. Raison pour laquelle il est indispensable d'investir dans de nouveaux modèles d'affaires, par le biais d'un financement de transition, ce que les petites entreprises de médias, en particulier, ne sont guère en mesure de faire par leurs propres moyens.

La survie d’un grand nombre de petits journaux, radios privées et chaînes de télévision est en jeu. Pendant ce temps, les géants numériques que sont Facebook, Google ou TikTok ne cessent d’accroître leur avance. «Avec environ 2 milliards de francs de recettes publicitaires par an, ces groupes mondiaux privent le journalisme en Suisse de sa base financière», déclare Isabelle Pasquier-Eichenberger, conseillère nationale Les Vert-e-s. Et d’ajouter: «A l’heure des fake news et de la désinformation, le journalisme de qualité et la pluralité des médias sont plus importants que jamais». Les médias ne peuvent fournir un travail rédactionnel indépendant que s’ils ne sont pas économiquement menacés. 

C’est précisément là que le train de mesures en faveur des médias entre en jeu. Il a pour objectif d’augmenter de 123 millions de francs par an les aides qui existent depuis des décennies, sur une période limitée à sept ans. «Avec le financement transitoire limité dans le temps, les parlementaires ont choisi une approche libérale fondée sur le bon sens. Ce soutien s’oriente clairement sur le marché et aide avant tout les petites entreprises de médias régionales à retrouver une indépendance financière saine», explique le conseiller aux Etats PLR Josef Dittli. Le train de mesures en faveur des médias renforce l’indépendance des médias suisses. L’État et les médias restent clairement séparés, il n’existe aucune directive ni aucun mandat de prestation pour les éditeurs. Le soutien bénéficie dans la même mesure à tous les titres de presse, qu’ils soient progressistes ou conservateurs, aux radios tout comme aux médias en ligne, ainsi qu’aux publications d’associations, de fondations à but non lucratif et de partis, qu’elles soient «de gauche» ou «de droite». L’aide à la presse a fait ses preuves depuis fort longtemps, c’est une tradition suisse depuis 1849. 

Le comité interpartis «La liberté d’opinion» - qui compte dans ses rangs environ 90 parlementaires, 80 chefs et cheffes d’entreprises de médias, ainsi que 20 organisations telles que Reporters Sans Frontières Suisse, les Radios Régionales Romandes et Telesuisse – s’engage pour le OUI au train de mesures en faveur des médias et, par conséquent, pour des médias forts et indépendants dans toutes les régions linguistiques du pays. 

Le train de mesures en faveur des médias en bref 

Afin que les médias puissent assurer leur mission d’information en Suisse, le Parlement a adopté un train de mesures en faveur des médias en juin 2021. Celui-ci prévoit d’augmenter de 123 millions de francs par an les subventions qui existent depuis des décennies au profit des médias privés suisses pour les sept années à venir. En bénéficient plus de 170 journaux et magazines, 1’000 publications d’associations à but non lucratif, de fondations et de partis de toute orientation politique, un grand nombre de plateformes d’information en ligne, 21 stations de radio locales et 13 chaînes de télévision régionales de toutes les parties linguistiques de la Suisse, ainsi que d’autres organisations importantes pour le secteur des médias, comme le Conseil de la presse ou encore l’agence de presse Keystone-ATS. Cette aide est proportionnellement beaucoup plus importante pour les petites entreprises de médias locales et régionales. L’indépendance rédactionnelle reste ainsi garantie.

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