Jusqu'à la parité, voire au-delà?

César Pérez Ruiz, Pictet Wealth Management

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Des perspectives économiques mitigées. La politique bouscule les plans des banques centrales. Les banques américaines déçoivent.

La semaine dernière, l’IPC et l’IPP américains ont tous deux atteint des niveaux record. Mais les anticipations d’inflation à cinq ans de l’université du Michigan n’ont guère dépassé 2,8%, un chiffre inférieur aux attentes qui a soutenu les marchés. On observe donc un décalage entre les anticipations et les données actuelles. Bien que le FMI et les indicateurs de sentiment aux Etats-Unis pointent vers une récession imminente, les ventes de détail américaines ont augmenté de 1% et la composante du groupe de contrôle de 0,8% (en glissement mensuel), deux chiffres supérieurs aux anticipations. Dans le même temps, les prix des matières premières ont subi une correction, le cuivre s’inscrivant en recul de 30% depuis le début de l’année et le cours du blé étant désormais inférieur aux niveaux qui prévalaient avant la guerre en Ukraine, ce qui laisse présager d’une récession. Considérant l’ampleur des défis à venir, nous restons positifs face au pétrole. Nous surveillerons cette semaine la réouverture (espérée) du gazoduc Nord Stream 1, sachant que la reprise d’activité des champs pétroliers libyens ne suffirait pas à compenser une éventuelle interruption des livraisons de gaz russe. D’autre part, le PIB chinois du deuxième trimestre 2022 s’est avéré beaucoup plus faible qu’anticipé. Les autorités devront donc intensifier leurs efforts de relance en vue d’atteindre l’objectif officiel de croissance annuelle, fixé à 5,5%. Sur une note plus positive, les chiffres mensuels des ventes de détail et de la production en Chine indiquent une amélioration progressive des conditions économiques.

Après les démissions des Premiers ministres britannique et italien, Boris Johnson et Mario Draghi, de nouveaux dirigeants doivent être désignés et l’Italie compte organiser des élections à cette fin d’ici mai 2023. Ces élections seront cruciales, car le gouvernement italien n’a pas encore mis en oeuvre le Plan national de relance et de résilience (PNRR) convenu avec l’UE, qui fait de l’Italie le principal bénéficiaire des fonds européens – avec une enveloppe de 122 milliards d’euros sur 750 milliards. Cette semaine, la BCE se réunira afin de préciser les contours de son outil de soutien aux obligations périphériques en cas de mouvements erratiques des marchés dans les mois à venir. Alors que l’euro a atteint la parité avec le dollar, le franc suisse offre selon nous une diversification intéressante par rapport à la monnaie unique. Nous préférons les bons du Trésor américain aux obligations souveraines européennes. Aux Etats-Unis, l’inflation reste la principale préoccupation de la Fed, notamment depuis que l’IPC a dépassé les anticipations pour s’inscrire à 9,1%. Les marchés évaluent désormais à 100% la probabilité que la Fed relève ses taux d’intérêt de 75 points de base (pb) lors de sa prochaine réunion.

Les banques américaines ont inauguré la saison des résultats du deuxième trimestre 2022 avec des publications mitigées. Malgré des résultats de trading plutôt bons, les banques d’investissement ont déçu. Un nombre croissant d’entreprises américaines s’apprêtent par ailleurs à réduire les embauches. De leur côté, les banques se préparent à une récession en augmentant les provisions et en suspendant les opérations de rachat de titres. D’autres secteurs seront bientôt touchés, à mesure que les pressions sur les marges augmenteront. Nous préférons les stratégies d’augmentation des dividendes aux rachats de leurs titres aux actionnaires par les sociétés, ces opérations ayant peut-être dépassé leur pic.

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