Une inflation sous-jacente top élevée vs. un risque financier croissant : le dilemme de la BCE

François Rimeu, La Française AM

2 minutes de lecture

La BCE augmentera ses taux d'intérêt directeurs de 50 points de base, portant le taux de dépôt à 3,0 %, en dépit des turbulences actuelles que traversent les banques régionales américaines.

Jusqu'à milieu de la semaine dernière il n’y avait que peu de doutes concernant le prochain mouvement de la Banque centrale européenne (BCE) : elle allait relever ses taux d'intérêt de 50 points de base (pb). La question est dorénavant de savoir si la faillite de trois banques régionales américaines pourrait les amener à adopter une approche plus neutre. La BCE publiera par ailleurs ses nouvelles projections macro-économiques qui devraient faire état d’une inflation plus faible en 2023 mais d’une inflation sous-jacente plus élevée et d’une croissance revue à la hausse.

Nos principales attentes :

  • La BCE augmentera ses taux d'intérêt directeurs de 50 points de base, portant le taux de dépôt à 3,0%, en dépit des turbulences actuelles que traversent les banques régionales américaines.
  • Christine Lagarde devrait affirmer une nouvelle fois que la priorité du Conseil des gouverneurs (CG) est de ramener l'inflation à l'objectif de 2%.
  • La «Forward Guidance» sera probablement aussi neutre que possible, toutes les options restant ouvertes, en particulier compte tenu des divisions visibles au sein du Conseil des gouverneurs et de la situation des banques régionales américaines.
  • Mme Lagarde devrait souligner que le conseil ajustera la trajectoire de sa politique en fonction des données entrantes sur l'inflation, de l'évolution des perspectives et de la répercussion de sa politique monétaire.
  • La BCE devrait opter pour des commentaires moins positifs quant à leur lecture du risque inflationniste suite aux derniers chiffres qui ont surpris à la hausse (es risques qui pèsent sur les perspectives d'inflation sont également devenus plus équilibrés).
  • La BCE ne devrait pas modifier les paramètres du resserrement quantitatif
  • Projections macro-économiques :
    • La croissance devrait être revue à la hausse en 2023 (de 0,5% à 0,7%) mais à la baisse en 2024 (de 1,9% à 1,5%). Pour 2025, nous prévoyons que la croissance restera proche de la croissance potentielle, soit environ 1,8%.
    • L’inflation devrait être revue globalement à la baisse en raison des mouvements sur l’Euro, sur le prix du pétrole et sur les taux. Les anticipations 2025 devrait être plus proche de la cible de la BCE à 2,1% vs 2,3% lors du dernier comité
    • L’inflation sous-jacente devrait être elle revue à la hausse en 2023 (de 4,2% à 4,6%) et restera globalement inchangée au cours des deux prochaines années, à 2,8 % en 2024 et 2,3 % en 2025.

À l'heure où nous écrivons ces lignes, le marché ne s'attend plus à une hausse de 50 points de base de la part de la BCE (33 points de base). Les débats devraient être tendus entre les partisans d’une politique monétaire agressive et ceux dont la lecture est plus neutre, en particulier après les évènements de crédit survenus autour de certaines banques régionales américaines. La BCE a le choix entre adopter une approche prudente en raison des risques financiers actuels (Credit Suisse par exemple) et ne monter les taux que de 25bps, ou considérer que ce qu’il s’est passé aux Etats-Unis n’a que peu d’impact sur le système bancaire Européen et donc poursuivre son cycle de resserrement en montant les taux de 50bps en raison d’un risque inflationniste en augmentation depuis le dernier comité. Beaucoup d’incertitudes, beaucoup de volatilité à attendre. Il nous semble plus probable que la BCE monte les taux de 50bps, tout en optant pour une « Forward Guidance » la plus neutre possible.

A lire aussi...