Une inflation sans fin

Paul Stewart, Barings

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Une récession hivernale dans la zone euro semble désormais inévitable…

L’inflation persiste et signe dans la zone euro, elle a atteint les deux chiffres pour la première fois en octobre. Ces derniers mois, les banques centrales ont progressivement changé d’attitude pour mener une politique restrictive afin de la contrôler et de maintenir la stabilité des prix. En septembre, la Banque centrale européenne a procédé à la plus importante hausse de taux d'intérêt de son histoire, soit 75 points de base, portant le taux officiel à 1,25%. La BCE a également annoncé de nouvelles hausses de taux dans les mois à venir, sans tenir compte des conséquences pour la croissance et l'emploi.

La réponse européenne

Cette persistance de l’inflation est due à une série d’évènements dont l’élément déclencheur fut l’assouplissement des restrictions et d’importantes perturbations de la chaine d’approvisionnement à mesure que l’économie mondiale sortait du confinement. Alors que les difficultés logistiques commençaient à s’atténuer, le conflit en Ukraine et l’instrumentalisation des approvisionnements en gaz de l’Europe par la Russie en représailles aux sanctions économiques ont contribué à la flambée des prix de l’énergie. En outre, la dernière intervention de l’Opep a rajouté de l’huile sur le feu en réduisant la production d’énergie fossile. Pour aider les ménages à traverser cette période, les gouvernements européens multiplient les mesures de soutien fiscal.

De nombreuses données indiquent que l’économie est en train de se contracter.

L’Union européenne a mis en œuvre une réponse coordonnée entre les Etats membres afin de renforcer la sécurité énergétique de l’Europe en prévision de l’hiver. Des mesures qui auront probablement de graves conséquences sur la production industrielle et sur les pays ayant un fort secteur industriel (Allemagne et Suède par exemple). L’UE avait également fixé comme objectif de remplir les stocks de gaz naturel à 80% pour ce mois de novembre – objectif atteint avec succès – pour éviter de fortes perturbations de l’approvisionnement énergétique.

Malgré ces initiatives, une récession hivernale dans la zone euro semble désormais inévitable… De nombreuses données indiquent que l’économie est en train de se contracter. Les indices des directeurs d’achat pour les services (48,8) et l’industrie manufacturière (48,4) sont tous deux en dessous du seuil de croissance positive de 50. En parallèle, les dépenses de consommation qui constituent une part importante du PIB de la zone euro (entre 50 et 65% selon les pays) devraient également pâtir de la baisse du revenu des ménages.

Le risque de la spirale inflationniste

Sur une note plus positive, le marché du travail résiste, le taux de chômage atteignant un niveau de 6,6% en août 2022 dans la zone euro contre 7,5% en août 2021. Si la sécurité de l'emploi contribue à la stabilité globale de l'économie et du marché, la tension sur le marché du travail renforce également le poids des salariés dans les négociations salariales. De ce fait, les risques d'une spirale inflationniste dû aux salaires augmentent. Ainsi, des taux d'intérêt encore plus élevés pourraient s'avérer nécessaires.

Pour que le resserrement monétaire puisse prendre fin, il faudra que l’inflation suive une courbe descendante pendant plusieurs mois. Pour le moment, les prévisions de hausse des taux d’intérêt continueront jusqu’au printemps prochain. A ce moment-là, les inquiétudes des marchés financiers pourraient bien se reporter sur l'évolution des prévisions d'inflation. Si l’inflation retombe vers les 2% visés par les banques centrales, les taux d'intérêt et donc les attentes en matière de rendement immobilier pourraient diminuer. Toutefois, il semble que l’inflation va encore augmenter. En effet, des prévisions de taux d'intérêt plus élevés impliquent à moyen terme une correction prolongée pour tous les prix des actifs et pas seulement pour l'immobilier commercial.

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