Une gestion sur mesure pour les fondations

Yves Hulmann

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L’Arc lémanique est un haut lieu du secteur philanthropique en Suisse, souligne Keyvan Ghavami de Credit Suisse. Une offre spécifique cible leurs besoins.

©Magali Girardin

La Suisse est le pays qui compte la plus forte concentration de fondations d’utilité publique comparé à son nombre d’habitants dans le monde. On dénombre en effet près de 14'000 fondations de ce type sur le territoire helvétique qui réunissent des actifs sous gestion d’environ 100 milliards de francs, estime Keyvan Ghavami, expert auprès du Centre de compétences pour fondations d’utilité publique de Credit Suisse. Si la région zurichoise compte le plus grand nombre de fondations d’utilité publique, Vaud et Genève rassemblent la plus forte concentration de ces structures, faisant de l’Arc lémanique un haut lieu du secteur philanthropique en Suisse. «Nous avons la chance d’avoir en Suisse un secteur très dynamique et en forte croissance, qui rassemble un grand nombre d’acteurs au niveau national et international», ajoute Keyvan Ghavami. Et il ne s’agit pas d’un simple héritage du passé: environ 70% de ces fondations ont été créées au cours des 30 dernières années, évalue-t-il.

«On dénombre près de 14'000 fondations sur le territoire helvétique qui réunissent des actifs sous gestion d’environ 100 milliards de francs.»

Le spécialiste constate aussi une évolution dans la façon de gérer et concevoir le rôle des fondations d’utilité publique. D’un côté, il y a les fondations d’utilité publique qui s’inscrivent dans la tradition philanthropique et humanitaire de la Suisse. Typiquement, il s’agit de fondations créées par de grandes familles industrielles ou qui sont apparues en même temps que des grandes organisations comme le CICR ou la Croix Rouge Suisse.

Tendance: pratiquer une philanthropie plus active

De l’autre, il y a une nouvelle génération de fondations d’utilité publique qui suivent de près la gestion de leurs activités sur le plan opérationnel. Ces fondations pratiquent une philanthropie plus active que par le passé: «Elles accordent davantage d’importance à la mise en valeur et à la visibilisation de leurs activités. Elles ont une approche beaucoup plus entrepreneuriale et collaborative», constate le spécialiste. «Ces structures fonctionnent un peu comme des PME qui poursuivent un but d’utilité publique, que ce soit sur le plan social ou environnemental. Elles ont une volonté d’apporter une dynamique plus forte aux projets qu’elles soutiennent», observe-t-il. C’est assez différent de l’approche «je signe un chèque, je soutiens cette cause» pratiquée pendant longtemps par les fondations plus traditionnelles.

Beaucoup de fondations sans comité d’investissement

Quelle que soit la façon de travailler de ces différentes fondations, la question de savoir comment gérer leurs avoirs se pose. Cela d’autant plus que, parmi les 14'000 fondations répertoriées en Suisse, beaucoup n’ont pas de comité d’investissement à proprement parler, relève Keyvan Ghavami. C’est aussi dans cette optique que Credit Suisse a lancé ce printemps une nouvelle offre de gestion de fortune spécialement adaptée aux besoins des fondations d’utilité publique appelée «Mandat Fondations». «Nous proposons une solution sur mesure pour les fondations, de façon à ce qu’elles puissent se concentrer sur leurs objectifs», résume-t-il.

En quoi ce travail diffère-t-il de la gestion de fortune destinée à la clientèle privée? Selon Keyvan Ghavami, l’important est de définir d’abord une stratégie de placement adéquate à même de garantir un rendement suffisant sur le long terme et qui tient compte des besoins en liquidité d’une fondation. L’approche d’investissement retenue dépend aussi de la taille des fondations. «Plus de 80% des 14'000 fondations répertoriées en Suisse disposent d’une fortune allant jusqu’à 5 millions», relève-t-il. L’idée est de leur proposer un mandat sur mesure qui leur permet d’obtenir un rendement optimal en fonction de leur capacité à prendre des risques.

«Notre approche consiste plutôt à les encourager à investir ces liquidités afin de générer un revenu régulier sur le capital investi.»
Une approche purement passive ne suffit plus

Selon lui, une approche d’investissement purement passive n’est pas toujours la mieux adaptée pour les fondations d’utilité publique. Le faible niveau des taux d’intérêt de ces dernières années n’a pas arrangé la situation. «Certaines fondations ont eu tendance à préférer ne pas investir une partie de leur argent et à conserver un maximum de liquidité afin de pouvoir rapidement mobiliser des fonds pour soutenir une cause en cas de besoin. Notre approche consiste plutôt à les encourager à investir ces liquidités afin de générer un revenu régulier sur le capital investi», souligne-t-il.

A quel point les mandats proposés par Credit Suisse sont-ils adaptés à la situation spécifique de chaque fondation? Keyvan Ghavami distingue entre deux variantes possibles: l’offre standard comprend avant tout des obligations et des actions, avec une attention portée à l’intégration de critères ESG, un accent mis sur les distributions et un biais sur le marché Suisse. S’y ajoute, à choix, la possibilité de compléter cette offre avec des placements alternatifs ou des fonds thématiques. L’offre est toutefois réservée aux fondations qui disposent d’une fortune d’au moins 500 mille francs, précise-t-il.

Quel que soit l’option choisie, l’approche proposée vise aussi à maintenir les coûts de gestion à un faible niveau, ajoute-t-il. «Malgré l’aspect plus actif de la gestion de ce mandat destiné aux fondations, la tarification proposée correspond davantage à de la gestion passive», précise-t-il.

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