Pris entre pandémie et écologie, le tourisme de l’après-Covid doit se redéfinir. Une opportunité de valorisation pour les investisseurs.
Il aura suffi de l’annonce des progrès du vaccin Pfizer pour voir les valeurs du transport aérien et du tourisme rebondir sur les marchés boursiers et de la dette. Cette lueur d’espoir, au bout du tunnel de la pandémie et des confinements, ne suffira certainement pas à refaire le chemin perdu, ni à sauver de la faillite ou des restructurations tous les acteurs du secteur. Pourtant, n’est-il pas temps de réexaminer l’avenir du tourisme, et de considérer les opportunités d’investissement que certains pourraient offrir? La résilience et la transformation seront de ce point de vue les critères à mettre en avant.
Même s’il est encore trop tôt pour parler de retour en grâce, une chose est sûre: l’envie et le besoin de se déplacer hors de ses frontières n’ont pas disparu. Le monde des affaires s’est replié sur les rencontres virtuelles, mais le palliatif trouve ses limites. Les ménages confinés, forts de leur épargne accumulée, entendent bien profiter des fêtes de fin d’année pour prendre un bon bol d’air, plus ou moins lointain. De nouveaux protocoles sanitaires plus efficaces, lisibles et communs, sont en train d’être déployés dans les aéroports, afin de faciliter une reprise des déplacements, fluide et rassurante pour les voyageurs.
N’oublions pas non plus à quel point le tourisme représente une manne économique et financière conséquente pour certaines économies émergentes (22% du PIB thaïlandais pour n’en citer qu’un), sans possibilité de compensation par des flux domestiques – contrairement à l’Europe par exemple, dont certaines régions ont profité cet été du redéploiement d’un tourisme national et de proximité. L’effondrement des recettes, qui touche souvent des secteurs locaux aux assises financières fragiles et aux emplois précaires, pourrait bien aller jusqu’à déstabiliser certains gouvernements.
mais nous avons tous des fourmis dans les jambes.
Il n’empêche, le tourisme de masse et les transports ont été mis au ban; accusés de propager la pandémie comme de polluer la planète tout en provoquant l’acculturation et la dépendance des populations. Ces reproches ne sont certainement pas sans fondement et le débat sur l’impact du tourisme sur le changement climatique est loin d’être clos. Mais comment concilier l’aspiration du plus grand nombre, la stabilité économique de nombreux secteurs et pays, et ces préoccupations non moins légitimes?
La prise de conscience est antérieure à la pandémie. Quelques faillites historiques témoignent de l’épuisement de certains modèles. Afin de se préserver, certaines de nos grandes villes ont déjà limité et réglementé l’accès aux sites trop fréquentés, ou instauré des limites aux capacités d’hébergement. De leur côté, les compagnies de transport maritime et aériennes modernisent leurs flottes afin de répondre aux exigences plus strictes en matière d’émissions de carbone et de pollution par les déchets. Il va de soi que le voyage d’affaires sera revu à l’aune de nécessités mieux établies. Comme pour d’autres industries, la pression pour la mise en place d’une taxation des externalités s’accroît. Suffira-t-elle à modifier les comportements?
D’autres initiatives sont à prendre en considération, à tous les niveaux de la chaîne de production. L’application des critères ISR/ESG constituera une grille d’analyse primordiale. La prise en compte non seulement de l’empreinte climatique mais aussi du respect des destinations, devra être clairement calibrée et mesurable. Les investisseurs auront à leur disposition les outils d’évaluation et d’analyse adéquats. Le redéploiement de grands groupes et le développement de start-ups feront évoluer de concert le secteur.
La pandémie nous a cloués au sol, mais nous avons tous des fourmis dans les jambes. Pour que notre empreinte se fasse plus légère, il reviendra aux investisseurs d’accompagner les nouvelles tendances et les niches porteuses afin de soutenir le développement de leurs promoteurs.