Une BCE plus hawkish qu’attendu

Sebastian Vismara, BNY Mellon Investment Management

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La Banque centrale européenne commencera probablement à réduire ses taux au deuxième trimestre 2024, après une nouvelle révision à la baisse des perspectives de croissance et d'inflation lors de la réunion de mars.

Si l'absence de changement de politique de la part de la BCE était largement anticipée, le compte-rendu général de la réunion a été plus hawkish qu’attendu. Malgré un affaiblissement de l'économie et une baisse plus rapide que prévu de l'inflation, la BCE a laissé inchangées ses orientations en matière de taux d'intérêt, déclarant que «sur la base de son évaluation actuelle, le Conseil des gouverneurs considère que les taux d’intérêt directeurs de la BCE se situent à des niveaux qui, maintenus pendant une durée suffisamment longue, contribueront fortement à atteindre cet objectif». La BCE a reconnu que l'inflation diminuait rapidement, mais a mis en garde contre une reprise temporaire à court terme. Elle continue par ailleurs de surveiller de près la croissance des coûts unitaires de main-d'œuvre, qui sont considérés comme un risque pour l'inflation future. Le Conseil des gouverneurs a également annoncé une accélération de son resserrement quantitatif, à partir du second semestre 2024, avec une réduction du portefeuille du PEPP de 7,5 milliards d'euros par mois, en moyenne.

A l’avenir, nous anticipons une demande plus faible que prévu par la BCE et une baisse plus rapide de l'inflation au premier trimestre. Mais c'est l'évolution de l'inflation sous-jacente, et en particulier les données relatives à la croissance des salaires et des coûts unitaires de main-d'œuvre, qui seront déterminantes pour le calendrier et le rythme des baisses de taux en 2024. Les données sur les accords salariaux commenceront à s'accumuler au premier trimestre. Nous pensons que la BCE commencera probablement à réduire ses taux au deuxième trimestre 2024, après une nouvelle révision à la baisse des perspectives de croissance et d'inflation lors de la réunion de mars (lorsque les prochaines prévisions seront publiées), et qu'elle réduira rapidement ses taux pendant le reste de l'année.

BANQUE D'ANGLETERRE: UN MESSAGE RELATIVEMENT OPTIMISTE

La Banque d'Angleterre a laissé ses taux d'intérêt inchangés à 5,25%, conformément aux attentes, mais a temporisé sur une réduction des taux d'intérêt à court terme, malgré la récente baisse des données sur les salaires et l'inflation. Le message délivré par le comité de politique monétaire était relativement optimiste, trois de ses neuf membres votant toujours pour une hausse des taux de 25 points de base, et continuant à faire référence à de nouvelles hausses potentielles («un nouveau resserrement de la politique monétaire serait nécessaire s'il y avait des preuves de pressions inflationnistes plus persistantes») et à des taux élevés à long terme («la politique monétaire devra probablement être restrictive pendant une période prolongée»). Les évolutions positives de l'inflation ont également été minimisées («une grande partie des mauvaises nouvelles [en matière d'inflation] reflète des mouvements dans des composantes qui peuvent ne pas fournir un bon signal des tendances sous-jacentes des prix des services et de la persistance de l'inflation globale»). L'inflation britannique restant la plus élevée des grandes économies et les salaires continuant à augmenter d'environ 7% en glissement annuel, la tendance hawkish de la BoE devrait se poursuivre encore un certain temps. Par exemple, à moins d'une détérioration brutale et inattendue des perspectives macroéconomiques, la BoE voudra probablement obtenir la confirmation que l'augmentation du salaire de subsistance national en 2024 ne se traduira pas par des hausses de prix significatives de la part des entreprises et par de nouvelles pressions inflationnistes à l'avenir. Pour être réaliste, la réunion de mai est le premier moment où la BoE pourra réduire ses taux, mais nous pensons qu’elle ne le fera que plus tard dans l’année.

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