Un pas dans la bonne direction

Christopher Smart, Barings

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Le marché du travail américain montre des signes de ralentissement et a atteint son pic, mais il reste tendu.

© Keystone

L’indice des prix à la consommation (IPC) américain a agréablement surpris à la baisse. Si l’inflation américaine reste élevée, elle fait ici un pas dans la bonne direction. En effet, l’IPC a augmenté de 0,4% en octobre, ce qui correspond au rythme du mois précédent, cela reste inférieur aux prévisions qui attendaient une augmentation de 0,6%. Les principaux facteurs de cette hausse, sont le logement (responsable de plus de la moitié de l’augmentation), l’essence et les aliments. Pour autant, l’IPC de base est passé de 0,6% à 0,3% par mois en raison d’une inflation plus faible dans les services et d’une déflation des produits de première nécessité. De plus, les prix des voitures et camions d’occasion, des soins médicaux, des vêtements et des billets d’avion ont baissé en octobre.

L'inflation globale est retombée à 7,7% en glissement annuel, son plus bas niveau depuis janvier 2022. Tandis que l'IPC a augmenté de 6,3% en glissement annuel. Au cours des 12 à 18 prochains mois, l’inflation continuera de baisser progressivement. Mais la pression sur les prix reste encore trop élevée et forcera la Fed à maintenir sa politique de resserrement monétaire et ce, même si la décélération de l’inflation en octobre pourrait ralentir le rythme des augmentations de taux en décembre. Désormais, tous les regards se tournent vers les prochains rapports sur l’IPC et le marché de l’emploi avant la réunion de décembre.

La surchauffe du marché du travail américain

Le rapport d'octobre sur l'emploi a montré que le marché du travail reste suffisamment solide pour permettre à la Fed de continuer à relever les taux dans un contexte d'inflation élevée, bien qu'il y ait des premiers signes de ralentissement. Bien que le rythme de croissance de l'emploi ait ralenti, il reste supérieur au rythme nécessaire pour suivre la croissance de la population en âge de travailler. Les salaires ont continué d’augmenter en montant de 0,4% ce mois-ci, bien qu’il y ait eu une baisse de 5% à 4,7% en glissement annuel. Le taux de chômage a augmenté à 3,7%. Parallèlement, le taux de participation à la population active a légèrement baissé à 62,2%. En outre, le rapport a révélé les premiers signes de repli dans les secteurs ayant bénéficié de la pandémie. Par exemple, l'emploi a diminué dans des secteurs tels que la logistique, l’immobilier, les magasins d’électronique et d’électroménagers ainsi que les magasins d’ameublement.

Globalement, le marché du travail montre des signes de ralentissement et a atteint son pic, mais il reste tendu. Il faut s’attendre à ce que le marché du travail continue de se détendre et à ce que le taux de chômage augmente dans les 12 prochains mois. Pour l’instant, la vigueur du marché du travail permet à la Fed de continuer à serrer la vis.

La Commission Européenne ruse

La Commission Européenne utilise la bonne vieille technique de la carotte et du bâton dans sa récente proposition de cadre budgétaire. Celui-ci, différencierait les objectifs budgétaires par pays et renforcerait les mécanismes d’application du cadre en s’appuyant sur une trajectoire des dépenses publiques visant à réduire la dette sur 4 ans. En cas de non-respect, l’accès aux fonds européens serait restreint. L'idée sous-jacente à ces nouvelles règles est d'être plus constructif et plus attentif aux défis de chaque pays, en proposant des trajectoires d'ajustement ainsi que des réformes et des engagements d'investissement adaptés. Les règles en matière de fiscalité et de dette ne s'appliquent pas en 2023 et les gouvernements ont le temps de discuter et d'ajuster ces propositions. L'abandon de l'uniformité fiscale pourrait être perçu par les marchés comme un abandon de la discipline fiscale, bien que les règles précédentes n'aient été ni respectées ni réalistes. Ces nouvelles règles, avec leur contrôle rigoureux, favoriseraient toutefois le déploiement de l'instrument de protection de la transmission de la BCE, soutenant les marchés obligataires en cas de choc.

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