Trois valeurs à la vente

Salima Barragan

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Dans un scénario de crise, David Mellul de Varenne Capital revoit son portefeuille.

Se séparer des actions des entreprises que l’on affectionne n’est jamais facile. Cependant, même les plus belles sociétés peuvent courir au-devant de mauvaises surprises. Surtout à l’heure du confinement mondial. «Nous avons revu le positionnement  des entreprises de notre portefeuille à la lumière d’un scénario de longue crise», explique David Mellul, directeur général chez Varenne Capital qui revient sur les trois dernières valeurs réduites ou sorties de son portefeuille au profit d’Alphabet et de Nike.

LVMH, en attendant le retour des voyageurs chinois

Bulgari, Dior, Hublot…LVMH reste un groupe exceptionnel, «même meilleur que ses concurrents Kering et Chanel, mais nous nous attendons à un impact majeur sur les articles de luxe et pensons que les aéroports resteront fermés jusqu’en été», estime David Mellul. Coup dur pour LVMH qui réalise près de 11% de son chiffre d’affaires via les boutiques de Duty Free et qui dépend beaucoup de la clientèle chinoise qui voyage en Europe et en Asie. A cause des mesures sanitaires, le groupe a été contraint de fermer toutes ses boutiques, comme les autres enseignes. De plus, une bonne partie du luxe se prêtant mal à la distribution en ligne, LVMH n’a pas pu rediriger les ventes de ses boutiques vers internet. «Nous avons allégé notre exposition à cause des incertitudes qui planent à court terme sur la reprise de la consommation mais conservons notre thèse d’investissement favorable sur le long terme», explique David Mellul qui a réalisé, fin avril, une prise de profits alors que le titre s’échangeait à un niveau trop élevé compte tenu des bénéfices (ou pertes?) attendus. «Selon les derniers chiffres publiés, la maroquinerie résiste bien, avec une baisse de chiffre d'affaires de 10% contre un recul de 25% dans les autres branches, mais c’est sans compter les frais de structure et les loyers», poursuit-il. Globalement, le secteur du luxe accuse déjà des pertes de 40% à fin mars. Le groupe français pourra-t-il reporter ses ventes perdues des premier et second trimestres sur le troisième? Depuis le début de mois d’avril, le titre évolue sans tendance.

«Ulta Beauty ne favorise pas la guerre des prix, comme la Marketplace
d’Amazon, et les clientes y sont certaines d’y trouver leur bonheur».
Le monde désenchanté de Walt Disney

Parcs d’attraction désertés, studios de production fermés, résiliations des abonnements des ménages et compétitions sportives suspendues impactant leur chaîne de sport: les quatre pôles d’activité du monde de Walt Disney sont lourdement affectés. Après le lancement de la plateforme de streaming Disney+ peu avant le confinement, son succès ne fut pas au rendez-vous malgré la richesse de son catalogue. «Les attentes des marchés étaient très élevées et son chiffre d’affaires est loin de compenser les pertes d’activité des autres divisions», estime David Mellul. Pourtant, Walt Disney avait tout pour réussir avec une acquisition stratégique: «elle doit sa performance passée à l’acquisition de 21th Century qui sera la clef de son succès futur. Mais pour l’heure, ses quatre moteurs de croissance sont à l’arrêt». David Mellul a donc entièrement soldé sa position.

Ulta Beauty, toujours aussi belle mais un peu confinée…

Ulta Beauty, le leader américain de la distribution de produits de beauté multicanal (une chaîne de parfumerie, les salons de beauté et le e-commerce), offre le plus grand catalogue au monde et toutes les grandes marques y sont présentes. «Ulta Beauty ne favorise pas la guerre des prix, comme la Marketplace d’Amazon, et les clientes y sont certaines d’y trouver leur bonheur». D’ailleurs, la société basée en Illinois possède une fine connaissance de ces dernières. «Grâce à son canal en ligne, l’entreprise a réussi à transférer une partie des ventes de ses 1'300 magasins et des salons actuellement fermés. Elle a démontré d’excellentes qualités de survie en réduisant ses investissements, en diminuant ses effectifs et en renégociant habilement sa dette et les ouvertures en cours de nouvelles boutiques. A long terme, nous restons confiants dans cette valeur dont la croissance du chiffre d’affaires oscillait entre 40% et 60% juste avant la pandémie. Cependant, sur fond d’incertitudes, nous avons profité de sa valorisation intéressante pour vendre 20% de notre position.»

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