Traditionnellement, le discours environnemental s'est focalisé sur la réduction du changement climatique et la protection de la biodiversité. Cependant, une approche holistique reconnaît désormais que le bien-être social est indissociable de l'action environnementale pour une transition énergétique réussie. Des exemples récents illustrent bien ce point. Des agriculteurs de divers pays européens ont récemment violemment protesté contre l'impact des transitions environnementales sur leur pouvoir d'achat déjà précaire.
Le GIEC définit la «transition juste» comme un ensemble de principes, de processus et de pratiques visant à ce qu'aucune personne, aucun lieu, secteur ou pays ne soit laissé pour compte dans la transition d'une économie à forte intensité de carbone à une économie à faible intensité de carbone.
Cette transition exige une responsabilité collective des individus, des gouvernements et des entreprises. Le coût estimé de la transition climatique s'élève à 9,2 trillions de dollars US par an. Les gouvernements et les entreprises jouent un rôle crucial, mais les investisseurs, grâce à leur influence, sont également essentiels. En investissant stratégiquement et en s'engageant avec les entreprises, ils peuvent favoriser des plans de «transition juste» qui allient transformation énergétique et sociale, tout en protégeant leurs portefeuilles contre les risques systémiques futurs.
Quels seraient les conséquences sociales d’une absence de transition énergétique?
L'absence d'une transition énergétique aurait des conséquences dévastatrices sur nos sociétés et nos économies. Une grande partie des activités économiques repose sur les ressources naturelles et la résilience des écosystèmes. En 2023, PwC souligne qu'environ 55% du PIB mondial dépend de la nature. L'organisation Internationale du Travail (OIT) a révélé qu'environ 40% de l'emploi mondial, reposent sur des services écosystémiques.
Le marché financier évolue avec une panoplie croissante de propositions d'investissement qui allient performance financière et soutien aux projets environnementaux et sociaux.
Un manque d'investissement dans une transition environnementale impacterait aussi directement la productivité. Selon le cinquième rapport d'évaluation du GIEC, cette baisse pourrait coûter 2000 milliards de dollars US d'ici 2030.
Enfin, l'absence de transition environnementale favoriserait les migrations forcées engendrant des tensions sociales croissantes.
Quels seront les conséquences sociales d’une transition énergétique?
D'ici 2050, le McKinsey Global Institute prévoit que la transtion energétique créera 202 millions d'emplois directs et indirects mais aussi la perte d'environ 187 millions. Les industries les plus vulnérables aux risques climatiques seront l'agriculture, la construction, la production d’énergie fossile, les transports, ainsi que l'industrie lourde et manufacturière.
Néanmoins, une étude de Deloitte de 2022 estime que 80% des compétences nécessaires aux emplois verts existent déjà aujourd'hui. Mais cela nécessite des investissements massifs pour transformer la main-d'œuvre. Toutefois, ces investissements sont bien inférieurs aux coûts de l'inaction et de l'absence de transition énergétique.
Comment un investisseur peut jouer sa part
Les investisseurs, de par leur rôle d’allocateur de capital, peuvent influencer favorablement une transition équilibrée.
La séparation traditionnelle entre performance financière et durabilité s'estompe. Dans un monde confronté au changement climatique et aux risques sociétaux, l'alpha durable s'aligne de plus en plus avec la performance à long terme, permettant aux investisseurs de rejeter le court-termisme et d'assurer que leurs décisions soutiennent le bien-être des populations et de la planète.
La compréhension évolutive du devoir fiduciaire reconnaît la nécessité de considérer simultanément les impacts environnementaux et sociaux des décisions d'investissement, liant ainsi les intérêts à long terme des investisseurs à ceux de la société.
Le marché financier évolue avec une panoplie croissante de propositions d'investissement qui allient performance financière et soutien aux projets environnementaux et sociaux. On observe une augmentation des investissements institutionnels dans l'impact, permettant de se tourner vers des entreprises ou des projets offrant des solutions pour la transition environnementale. Les obligations durables, tels que les obligations vertes gagnent en popularité sur le marché des obligations vertes et representent actuellement 30% des emissions obligataires.
Enfin, pratiquer l’engagement actionnarial plutôt que l'exclusion apporte plus de résultats. Une étude de Berk et Van Binsbergen de 2021 montre que les stratégies de désinvestissement ESG n'ont pas d'impact significatif sur le coût du capital des entreprises, tout en transférant l'influence à des actionnaires moins soucieux de la durabilité. Les investisseurs devraient rester investis dans les secteurs en transition climatique et s'engager activement pour garantir des plans de transition crédibles.