Sur un fil: prises de profit sur les actifs risqués suite aux tensions sur les taux

Axel Botte, Ostrum AM

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Les primes de risque et de terme se reconstituent au détriment des valeurs de croissance sur les marchés actions. Les investisseurs ont des plus-values latentes à cristalliser sur les stars de la cote.

La fin de l’exercice trimestriel est toujours propice à des réallocations de portefeuilles et à des prises de profits sur la plupart des marchés à l’inverse des tendances récentes. La hausse du pétrole et du dollar se calment en fin de semaine, entrainant une inflexion des taux longs américains et européens. Le T-note se maintient toutefois au-dessus des 4,50%. La désinflation plus rapide qu’attendu en zone euro ramène le Bund sous 2,90%. Les positions vendeuses d’actions se coupent également de sorte que l’Euro Stoxx 50 repasse au-dessus de 4’200, soit la borne basse du canal qui avait prévalu depuis le début de l’année.

Sur la dette souveraine, les discussions budgétaires en cours tendent le spread italien. La résilience des spreads de crédit est aussi mise à l’épreuve de taux sans risque plus élevés. Les primes de risque et de terme se reconstituent au détriment des valeurs de croissance sur les marchés actions, notamment les stars de la cote (comme le luxe en Europe) sur lesquels les investisseurs ont des plus-values latentes à cristalliser.

Un rebond de la consommation des ménages envisagé

Alors que le shutdown a finalement été évité avec un accord de dernière minute à la Chambre, la légère révision du PIB du deuxième trimestre (2,1% contre 2,2%) rapporte une consommation de services sans relief (+1%). L’investissement des entreprises est en revanche plus soutenu. Les dépenses en structures sont alimentées par l’effort budgétaire. Les données disponibles laissent envisager un rebond de la consommation des ménages malgré l’accélération récente des prix de l’essence.

Le redressement des prix du logement se poursuit malgré des taux hypothécaires au-delà de 7,70% à 30 ans. Les transactions dans l’ancien restent plombées par le manque de stocks disponibles, de sorte que la demande résiduelle se porte sur le neuf, à des prix toujours plus élevés. La Fed ne peut ignorer l’impact du logement sur le coût de la vie, mais exclut des ventes actives de son portefeuille de titres adossés à des hypothèques. En zone euro, la désinflation s’est accélérée à 4,3% en septembre. Les prix des services se modèrent enfin passant de 5,5% à 4,7% contribuant au repli de l’indice sous-jacent en hausse de 4,5% sur un an.

Sur les marchés financiers, le taux directionnel est déterminant pour l’ensemble des actifs financiers. La «désinversion» de la courbe des taux s’est accélérée depuis le mois d’août. La violente remontée des rendements longs traduit une reconstitution de la prime de terme. Cette transition brutale a des effets immédiats sur la valorisation des actions de croissance alors que le crédit ou la dette émergente, qui avaient tenu depuis plusieurs semaines, accusent désormais des prises de profit.

Sur les marchés de Treasuries (T-note à 4,50%), la surréaction du marché pourrait s’atténuer au quatrième trimestre avec un probable fléchissement de la croissance américaine. Cela étant, le scénario de taux durablement élevés et de déficits élevés face à un consensus net acheteur entretient un risque de Krach obligataire. L’alternative du T-bill à plus de 5,50% reste difficile à battre.

En zone euro, le Bund participe à ce mouvement de pentification s’approchant du seuil de 3%. Le 30 ans s’échange au-dessus de ce seuil pour la première fois depuis 2011. Les obligations assimilables du Trésor à 30 ans, boudées récemment par les investisseurs, offrent 3,90%. L’ensemble des spreads est orienté à la hausse dans le sillage de la remontée des taux longs. Les discussions budgétaires actuelles en Italie ont ravivé les tensions sur le spread qui a touché 200pb la semaine passée. Cela intervient alors que les règles budgétaires, qui avaient été temporairement suspendues suite à la crise du Covid-19, vont être réinstaurées sous leur forme précédente ou réformées, et ce, à quelques mois des européennes. La séquence budgétaire et politique à venir sera vraisemblablement vectrice de volatilité.

Quant au crédit, la hausse des spreads fait figure de prise de profits. Les spreads s’élargissent de 7 à 9pb sur l’investment grade et davantage sur le high yield (+11pb). Les fonds accusent des retraits à l’approche de la fin de trimestre. Les indices synthétiques s’écartent également l’iTraxx main s’échangeant au- delà de 80pb. La dette émergente, remarquable de stabilité, termine le trimestre sur une note moins positive avec un spread moyen de 439pb. Outre les émetteurs les plus risqués, on relève des prises de profit sur les dettes des pays du Golfe pourtant favorisées par le niveau du baril. Enfin, sur les actions, la baisse s’est atténuée avant la clôture mais les valeurs de croissance restent sujettes aux prises de profit. Les banques européennes surnagent alors que les services publics plongent de 7% aux Etats-Unis.

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