Sur cinq ans, les actions des pays émergents offrent le meilleur potentiel

Yves Hulmann

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Dans son rapport Expected Returns 2024-2028, Robeco souligne qu’il faudra s’habituer à des taux d’intérêt plus élevés et des primes de risque sur actions plus faibles.

Keystone

Prédire les rendements que l’on peut espérer obtenir sur un horizon de cinq ans est l’exercice auquel se livre chaque année un groupe d’experts de Robeco. Dans son treizième rapport intitulé Expected Returns 2024-2028, le gérant d’actifs néerlandais estime que l’avènement d’un monde davantage multipolaire, l'essor du travail et la fin de politiques monétaires indulgentes sont des dynamiques clés auxquels tout investisseur doit être attentif. De plus, l’essor de l’intelligence artificielle (IA) générative ne fait même qu’attiser les tensions entre grandes puissances. « L'explosion des capacités technologiques dans l'économie d'aujourd'hui a augmenté les probabilités de conflits. De notre point de vue, nous entrons dans une économie d'influence », estime Peter van der Welle, stratégiste multi-actifs chez Robeco, qui a commenté le rapport publié mardi. 

L’inflation ramenée à 2,5% d’ici à 2029 

Comme c’est souvent le cas lors de la publication d’études consacrées aux perspectives de placement, Robeco esquisse trois scénarios. Dans son scénario de base, le gérant d’actifs prévoit une situation d’impasse économique, caractérisée par une récession modérée en 2024 et une stabilisation de l'inflation aux environ de 2,5 % en moyenne vers 2029. Dans un scénario optimiste, l'adoption rapide et généralisée de l'intelligence artificielle conduirait à des progrès technologiques considérables, à même de provoquer un choc de l’offre désinflationniste dans l'économie mondiale. A l’inverse, dans un scénario pessimiste, la méfiance entre les superpuissances entraînerait une faible croissance et une stagflation.

Pour Peter van der Welle, il faut rester attentif aux risques d’inflation dits de second tour. « Si l’histoire rime, on peut, sur la base de l’expérience des années 1970, redouter une résurgence de l’inflation qui obligerait les banques centrales à resserrer à nouveau ses taux, impliquant de nouveaux risques de ralentissement », a-t-il commenté lors d’une vidéo-conférence. De plus, l’impact des risques géopolitiques ne doit pas être sous-estimé. « Pour les investisseurs, ce n’est pas le dénouement qui compte mais le  niveau d’incertitude », a-t-il ajouté.  

Essor de l’IA contre tendance à la réduction des risques 

En termes d’investissement, deux scénarios opposés esquissés par Robeco produiraient des effets très différents. Dans le scénario optimiste appelé «l'IA qui décolle», des entreprises technologiques, qui paraissent déjà onéreuses, parviendraient encore à obtenir de bons résultats et à accroître davantage la productivité dans d'autres secteurs, ce qui se traduit par des rendements attendus de 11% pour les actionnaires. A l’inverse, dans le scénario pessimiste axé sur la « réduction des risques», les banques centrales auraient besoin de continuer à lutter contre l'inflation alors que les gouvernements continueraient de l’alimenter, entraînant ainsi une baisse de la croissance réelle, ce qui se traduirait par des rendements encore plus faibles sur les actifs à risque estimés à - 2,5% par an pour les actions.

Dans tous les cas, prévient Laurens Swinkels, responsable de la stratégie quantitative et solutions multi-actifs durables chez Robeco, les investisseurs devront tenir compte d’un environnement de taux d’intérêt moins favorable pour les marchés des actions que par le passé. « Nous passons lentement d'une période de faibles taux d'intérêt et de primes de risque sur actions élevées à une période de taux d'intérêt plus élevés et de primes de risque sur actions plus faibles, étant donné que les actions américaines restent chères », estime le spécialiste. 

Les rendements attendus pour les actions sont plus élevés qu’il y a un an

Si l’on se base sur les rendements annuels sur cinq ans en euros, ce sont les actions des marchés émergents qui offriront les meilleurs rendements, à savoir de 7,25% par an, suivies par les actions des marchés développés (5,75% par an) puis par l’immobilier coté (5,5% par an). « Les marchés émergents restent bon marché en termes de valorisations », observe Laurens Swinkels. A noter aussi que les rendements annuels en euros attendus pour les actions des marchés développés de 5,75% entre 2024 et 2028 sont sensiblement plus élevés que ceux de 4% qui étaient escomptés il y a un an pour la période allant de 2023 à 2027. Comparativement aux obligations, les valorisations des actions se sont néanmoins détériorées, estime néanmoins Robeco. La prime de risque implicite pour les actions, c'est-à-dire le rendement des actions par rapport au rendement des obligations, est faible pour les marchés développés, juge l’établissement.  

Emprunts domestiques: la dette en dollar est plus attrayante

S’agissant justement des produits à revenus fixes, Robeco anticipe des rendements annuels moyens de 5,5% pour le segment des obligations d’entreprise à haut rendement au niveau mondial (avec protection contre les variations de change), de 4,75% pour la dette des pays émergents (en monnaies locales) et de 4,5% pour le crédit de degré investissement global (avec protection contre les variations de change). En ce qui concerne les emprunts gouvernementaux domestiques, le rendement annuel moyen anticipé devrait se limiter à 2,5% pour les placements en euros mais atteindre un niveau nettement plus élevé de 5,25% pour les investissements en dollars. Garder du cash en euros ne rapportera que 2,5% par an, compensant tout juste l’inflation attendue sur le Vieux Continent (2,5%). En comparaison, conserver des liquidités en dollars rapportera tout de même 3,25%, soit un peu plus que l’inflation moyenne attendue outre-Atlantique (2,75%). 
 

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