Défis à court terme comblés par moteurs à long terme

Masja Zandbergen, Robeco

2 minutes de lecture

L'intérêt pour la durabilité reste intact à cause du changement climatique et de la réglementation, malgré certains défis à court terme.

Au premier trimestre 2023, les performances des stratégies ESG s’étaient améliorées à l’échelle mondiale et continuent d’attirer de flux de capitaux, alors que l’investissement durable a connu une «annus horribilis» en 2022.

Quatre défis

En 2022, les taux d’inflation globale élevés, alimentés par la guerre en Ukraine et par l’envolée des prix de l’énergie et des denrées alimentaires, ont incité les banques centrales à relever leurs taux d’intérêt. Dans ce contexte, le secteur de l’énergie a enregistré de belles performances alors que les valeurs de croissance ont sous-performé. La durabilité a en effet été reléguée au second plan, les investisseurs préférant une approche axée sur les besoins immédiats.

Deuxièmement, l’investissement durable a suscité de nombreuses réactions hostiles, en particulier aux États-Unis. Les critères ESG ont alimenté le débat politique et les voix qui les ont dénoncés ont été particulièrement véhémentes. L’impact direct de ce mouvement anti-ESG s’est limité aux actifs financés par le gouvernement dans les États républicains où le sentiment anti-ESG était prédominant. La plupart des stratégies d’investissement n’ont pas été directement affectées, mais ont subi des répercussions indirectes en termes de réputation et d’affiliation politique.

Troisièmement, le greenwashing est désormais considéré comme un risque encore plus important, car plusieurs grands gérants d’actifs ont été accusés d’exagérer leurs qualifications et performances en matière d’investissement durable. Par conséquent, certains d'entre eux ont retiré leur soutien à des initiatives mondiales telles que la Net Zero Asset Manager Alliance.

Les normes et les attentes des clients et de la société à l'égard de la manière dont le secteur financier traite les questions de développement durable sont de plus en plus élevées.

Enfin, un nouveau règlement de l'UE a déplacé la charge de la preuve du degré de durabilité d'un produit d'investissement vers les stratégies et les mandats eux-mêmes.

Trois moteurs à long terme

Toutefois, l’investissement durable bénéficie de trois moteurs à long terme. D’abord, les enjeux liés à la durabilité – et plus particulièrement le réchauffement climatique – occupent une place de plus en plus importante sur le plan financier pour les entreprises et donc pour les investisseurs. L’adoption de solutions durables destinées à remplacer les solutions traditionnelles à une incidence sur le fonctionnement de l’entreprise et sur son marché final. En fait, la plupart des secteurs sont aujourd’hui affectés d’une manière ou d’une autre par la durabilité, alors qu’il y a dix ans encore, les investisseurs auraient pu faire l’impasse sur cette tendance.

Deuxièmement, les normes et les attentes des clients et de la société à l'égard de la manière dont le secteur financier traite les questions de développement durable sont de plus en plus élevées. En effet, l’enquête mondiale sur le climat menée récemment par Robeco a montré que le réchauffement climatique est déjà au cœur de la politique d’investissement de sept investisseurs institutionnels sur dix. De plus, 66% des investisseurs interrogés affirment que la biodiversité sera un facteur central ou important de leur politique d’investissement dans les deux prochaines années et que 48% déclarent que c’est d’ores et déjà le cas. Il s’agit d’une hausse massive par rapport à il y a deux ans, quand 16% la considéraient comme un facteur important et 5% comme un facteur central.

La réglementation peut être utile

Le troisième moteur à long terme, c’est la réglementation, bien qu'il s'agisse d'un obstacle à court terme. L’UE donne l’exemple et l’Asie et l’Amérique latine suivent le mouvement. Même si les réactions négatives à l’égard de l’investissement durable dans certains États américains suscitent une importante attention médiatique, la législation fédérale évolue en faveur des critères ESG.

La SEC publiera ses règles définitives sur la publication d’informations relatives au climat par les entreprises d’ici la fin de l’année au plus tard. L’objectif est de permettre aux investisseurs d’obtenir davantage d’informations sur les risques liés au climat auxquels les entreprises sont exposées et qui sont raisonnablement susceptibles d’avoir un impact important sur leurs activités. Les nouvelles informations publiées par les entreprises seront une première aux États-Unis.

Par conséquent, la plupart des investisseurs institutionnels n’ont plus le choix d’ignorer la durabilité.

A lire aussi...