Suisse: une dynamique ralentie

Marc Brütsch, Swiss Life Asset Managers

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La croissance du PIB au deuxième trimestre devrait approcher les 2%. Sur le front des actions, il faut se garder de trop se fier aux pics de volatilité.

©Keystone

Même avant la publication de la première estimation officielle du PIB pour le deuxième trimestre, les nouvelles données en temps réel permettent une estimation plus fiable qu’au cours des années précédant la pandémie. L’indice de l’activité économique hebdomadaire du Seco a augmenté en moyenne d’environ 1,7% par rapport au premier trimestre. Les recettes de licences de l’UEFA, organisatrice du Championnat d’Europe de football devraient avoir légèrement favorisé le PIB au deuxième trimestre. Nous tablons donc sur une croissance approchant 2% par rapport au premier trimestre. 

Le «Nowcast» du Centre de recherches conjoncturelles KOF fait même état de 4%. A l’exception du trafic international des voyageurs, les mesures de restriction restantes n’affectent qu’à la marge le commerce des biens et des services. Les dépenses de consommation des ménages devraient temporairement cibler fortement les services, car le besoin de rattrapage dans ce secteur au bout de 18 mois devrait être plus important que pour l’achat de biens de consommation durables. 

La hausse de l’inflation soulève bien moins
les passions qu’aux Etats-Unis ou en Allemagne.

Selon nous, la reprise va se poursuivre à un rythme sensiblement plus lent. La récente baisse de moral des entreprises des principaux marchés exportateurs et l’estompement progressif du soutien des politiques monétaire et budgétaire expliquent notre prévision comparativement prudente pour l’année à venir.

En Suisse, la hausse de l’inflation soulève bien moins les passions qu’aux Etats-Unis ou en Allemagne. Après quatre phases déflationnistes depuis 2008, on peut aujourd’hui envisager une période où l’inflation se situera dans la fourchette visée par la BNS, soit de 0% à 2%. Les intempéries de juillet devraient faire grimper le prix des fruits et légumes, alimentant une nouvelle pression sur les prix ces prochains mois.

Actions: le variant Delta anime la volatilité

La correction d’un marché des actions s’accompagne d’une nette hausse de la volatilité implicite, qui est le niveau de volatilité utilisé par les traders, et donc par le marché, pour fixer le prix des instruments comme les options, et donc du risque. Les investisseurs scrutent souvent les pics de volatilité implicite pour détecter une situation de marché dangereuse et donc réduire le risque. 

Les marchés ont très vite rebondi après de récents pics de volatilité.

Une stratégie gagnante par le passé: après une forte correction, les marchés restent dans le dur un moment. Plus récemment toutefois, les interventions rapides et massives des banques centrales ont semble-t-il réduit l’utilité de cet indicateur, car les investisseurs anticipent ce mouvement et le soutien au marché en achetant souvent à la baisse. 
Les marchés ont très vite rebondi après de récents pics de volatilité, au grand dam des investisseurs recourant à cet indicateur pour limiter leur exposition en actions.

Cela veut-il dire qu’il n’y aura plus de forte correction? Non. Dès que les investisseurs doutent de l’impact positif immédiat de l’assouplissement monétaire sur le marché des actions, le sentiment change, et l’indicateur retrouve son intérêt. Cela peut se produire s’ils se concentrent à nouveau sur l’incidence de la politique monétaire. 

Dans l’intervalle toutefois, il faut se garder de trop se fier aux pics de volatilité pour l’allocation d’actions.

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