Suisse: retour au niveau pré-crise

Marc Brütsch, Swiss Life Asset Managers

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La dynamique a repris de la vigueur grâce aux assouplissements mis en place. Parallèlement, l’inflation devient préoccupante dans les pays émergents.

A la fin du deuxième trimestre 2021, le PIB de la Suisse devrait avoir retrouvé son niveau du quatrième trimestre 2019. L’indice relatif à l’activité économique hebdomadaire, développé ad hoc par le Seco, est depuis fin mai systématiquement au-dessus de sa valeur antérieure au confinement du printemps 2020. Après un léger repli au premier trimestre 2021, où le PIB réel a cédé 0,5% en glissement trimestriel, la dynamique a repris de la vigueur grâce aux assouplissements rapidement mis en place.

Notre estimation du recul du PIB en début d’année était très proche de la valeur officielle et n’a pas appelé de révision des prévisions pour l’ensemble de l’année. Ailleurs cependant, le besoin d’ajustement semblait plus important, comme en témoigne le relèvement de la prévision du consensus pour 2021, passée de 3,3% à 3,5% désormais.

La nette accélération de la vaccination nous conduit également
à relever notre prévision de croissance du PIB de l’an prochain.

Nous sommes toutefois aujourd’hui plus confiants dans le fait que les stimuli procycliques des politiques monétaires et budgétaires des économies occidentales auront un effet positif plus durable sur l’économie d’exportation suisse. La nette accélération de la vaccination nous conduit également à relever notre prévision de croissance du PIB de l’an prochain.

Même en cas de quatrième vague, les pertes économiques devraient être encore plus limitées que lors des mois d’octobre 2020 à mars 2021.

Les représentants de la Banque nationale suisse (BNS) ont récemment clairement fait savoir que la hausse des taux d’inflation n’entraînerait pas d’évolution de la politique monétaire. L’inflation suisse devrait certainement évoluer dans la fourchette de 0% à 2% au cours des prochaines années. La BNS atteindra ainsi, après quatre phases déflationnistes depuis 2008, son objectif de stabilité des prix.

L’inflation préoccupe aussi les pays émergents

Actuellement, les prix des biens agricoles, selon un indice de l’agence onusienne Organisation pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), augmentent de 40% en glissement annuel. Une piqûre de rappel ravivant les souvenirs du premier semestre 2011, où les prix des denrées alimentaires augmentaient dans des proportions similaires.

La couverture, moins généreuse, des salariés par les allocations chômage vient
affaiblir un peu plus la demande intérieure des pays émergents cette année.

Dans le même temps, des manifestations et soulèvements éclataient dans le monde arabe, avec pour probable déclencheur immédiat l’augmentation du coût de la vie. Mais, couplée à la lenteur de la réponse à la pandémie, l’augmentation du coût de la vie dans les pays les plus touchés risque d’accroître le mécontentement social. Au Brésil, les élections de l’année prochaine pourraient se transformer en règlement de comptes avec le président Jair Bolsonaro.

Contrairement à la situation dans les économies avancées, les denrées alimentaires de nombreux pays émergents ont un poids important dans le panier de l’indice des prix à la consommation. Pour de nombreux consommateurs de ces pays, les prix plus élevés des denrées alimentaires ont donc l’effet d’un impôt: le revenu disponible pour les dépenses consacrées à d’autres biens et services diminue et la capacité des fournisseurs à augmenter les prix reste limitée.

La couverture, moins généreuse, des salariés par les allocations chômage vient affaiblir un peu plus la demande intérieure des pays émergents cette année. Contrairement à la période post-crise financière, les pays émergents ne jouent plus le rôle de locomotive de la croissance mondiale. Ils devraient donc plutôt exercer une influence modératrice sur les risques inflationnistes mondiaux.

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