Stabilisation du marché obligataire américain

François-Xavier Chauchat, Dorval Asset Management

2 minutes de lecture

Le momentum économique ralentit. La dynamique de l’emploi et des salaires devient plus étroite.

© Keystone

Jerome Powell est resté inflexible, mais les marchés ont désormais intégré l’essentiel des hausses de taux Fed prévisibles d’ici le printemps prochain. Il est dès lors possible qu’une relative stabilisation obligataire américaine alliée à une reprise des marchés chinois puisse permettre une meilleure tenue des marchés financiers mondiaux, au moins à court terme. Malgré quelques ambiguïtés dans la communication écrite de la Fed, le message très ferme de Jerome Powell lors de sa conférence de presse a conduit les investisseurs à réviser encore à la hausse les taux anticipés en 2023, ceux-ci dépassant désormais 5%. Ce mouvement reste cependant limité car les attentes n’étaient pas optimistes. De plus, la communication de la Fed suggère que le rythme de hausse pourrait ralentir un peu. Enfin, même les économistes qui, comme Lawrence Summers, plaident pour une politique monétaire très volontariste, commencent à parler d’un plateau à 5-5,5% pour les taux monétaires.

Ralentissement économique

Rien ne garantit bien entendu que le taux terminal de la Fed ne finisse pas par dépasser cette zone de 5,0-5,5%, mais il est trop tôt pour spéculer là-dessus. Une stabilisation approximative du marché obligataire américain – dans une zone de 4% à 4,5% sur les taux à 10 ans – est donc possible à court terme. Les taux Fed anticipés par les marchés semblent cohérents avec les statistiques économiques récentes montrant un marché du travail toujours fort (+233’000 créations d’emploi en octobre), une consommation assez solide (les ventes de voitures ont nettement rebondi en octobre) et une inflation sous-jacente stabilisée à un niveau d’environ 6,5% pour les prix à la consommation, +5,0% pour le déflateur de la consommation et +4,5% pour les salaires horaires. Le momentum économique semble cependant ralentir progressivement si l’on en croit les différentes mesures du climat des affaires, mesures dont la moyenne est la plus faible depuis mars 2020. De plus, la dynamique de l’emploi et des salaires devient progressivement plus étroite, les secteurs de l’immobilier et du numérique montrant par exemple un ralentissement assez net.

La Chine prépare son retour

Outre la stabilisation approximative des anticipations de taux Fed, les marchés boursiers bénéficient aussi d’un climat plus favorable sur les marchés chinois. Rien n’est encore officiellement planifié, mais la Chine se prépare forcément à organiser une réponse plus durable et moins coûteuse économiquement à la crise de la Covid-19. De plus, différents facteurs qui ont conduit à l’effondrement des indices boursiers chinois depuis le début de l’année 2021 semblent évoluer. Les questions juridiques et comptables qui entourent les ADR (sociétés chinoises cotées sur le marché américain) semblent par exemple en phase de résolution. Ces éléments pourraient soutenir l’ensemble des marchés asiatiques et les indices des marchés émergents.

Bien que les incertitudes macroéconomiques restent élevées, certaines évolutions récentes pourraient donc permettre une poursuite de la reprise des marchés boursiers à court terme. Le marché obligataire américain est devenu réaliste en termes de chemin prévisible des taux de la Fed, beaucoup d’investisseurs sont encore très prudents, les signaux en provenance de Chine deviennent moins négatifs, et l’économie mondiale ralentit sans grand dommage pour l’instant. Dans les fonds flexibles internationaux il faut donc remonter son exposition au marché des actions (rachat de couverture et mise en place d’une petite position longue sur l’indice MSCI émergent).

A lire aussi...