Semaine chargée en perspective

Marie Owens Thomsen, Indosuez Wealth Management

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Le marché du travail américain devrait une fois de plus confirmé sa vigueur.

Les gouvernements italiens ont survécu en moyenne 13 mois chacun depuis la Seconde Guerre mondiale. Le dernier en date s'est effondré le 20 août, après 14 mois au pouvoir. Le Président de la République, Sergio Mattarella, a demandé au Premier ministre sortant Giuseppe Conte de former un nouveau gouvernement. Celui-ci doit présenter sa proposition au président le mercredi 4 septembre. Le gouvernement pourrait entrer en fonction d'ici la fin de la semaine, et un vote de confiance suivra au Parlement la semaine prochaine. Si ce programme se concrétise, de nouvelles élections seraient évitées. L'espoir que le nouveau gouvernement aura des relations moins conflictuelles avec l'UE a déjà profité aux rendements obligataires italiens. Le rendement des obligations du gouvernement italien à 10 ans s'établit à 0,991% ce matin, et un plus bas a été atteint le 29 août à 0,984%, ce qui est clairement une évolution positive compte tenu du fardeau de la dette du pays. 

Au Royaume-Uni, en revanche, les tensions politiques sont très vives. Cette semaine pourrait déterminer le sort du gouvernement Johnson. La décision de suspendre le Parlement à partir du 12 septembre, en plus d'être largement impopulaire, a réduit à 7 jours ouvrables le nombre de jours dont dispose le Parlement pour prendre des mesures, à compter de son retour demain 3 septembre. L’une des options serait de déposer une motion de censure. Un projet de loi visant à retarder le Brexit pourrait également être adopté. Des contrôles judiciaires sont également en cours pour contester la prorogation du Parlement. Le Standing Order 24 (SO24) est une règle qui permet aux députés de demander la tenue d'un débat sur une « question précise et importante qui doit être examinée d'urgence ». Les députés pourraient s'en servir pour prendre le contrôle du calendrier pendant une journée. Un projet de loi devrait être adopté d'ici jeudi cette semaine, puis envoyé à la Chambre des Lords, qui ne siège pas le vendredi. Cela donnerait à la Chambre quatre jours la semaine prochaine pour adopter le projet de loi avant la prorogation. Il est quasiment impossible de prédire l'issue probable, mais l'on peut certainement s'attendre à ce que l'intrigue se déroule dans un suspense insoutenable. 

Dans ce contexte, le protectionnisme fait des ravages dans les économies du monde entier. La faiblesse du secteur manufacturier est manifeste dans les chiffres du PMI, bien qu'il y ait des signes timides que ceux-ci pourraient avoir touché le fond. La part croissante du secteur des services est un facteur important dans l'allongement et l’atténuation des cycles économiques observés depuis la fin des années 1950. Les services représentent aujourd'hui environ 80% du PIB des pays de l'OCDE et l'industrie manufacturière représente donc moins de 20%. Par conséquent, tant que ce secteur continue de croître, une récession peut généralement être évitée, à moins que, et jusqu'à ce que, le ralentissement de l'industrie manufacturière ne l'emporte, par un facteur de quatre ou plus, sur tout gain dans le secteur des services. L’ISM manufacturier de la zone euro publié ce matin s'établit à 47, contre 46,5 en juillet. En 2012, il est tombé en dessous de 45, et en 2009 en dessous de 35, et des récessions se sont produites à ces deux occasions. Cela justifie une action plus importante de la part de la BCE que ce que le consensus attend actuellement pour la réunion du 12 septembre de la BCE. 

En ce qui concerne les banques centrales, celle de la Russie devrait ramener son taux directeur de 7,25% à 7% le 6 septembre. Le FOMC de la Fed se réunit les 17 et 18 septembre, après la BCE le 12 septembre comme indiqué plus haut. La Fed a une période de restriction de communication (Blackout) au moment des réunions de politique monétaire et le vendredi 6 septembre, nous entendrons les derniers mots de Jérôme Powell avant ce Blackout. Le président Powell prendra la parole à Zurich en compagnie de Thomas Jordan, qui dirige la Banque nationale suisse. Nous pouvons nous attendre à ce que les deux parties se prononcent en faveur des instruments de politique monétaire non conventionnels qui sont probablement les plus aiguisés de la boîte à outils désormais. L'humeur des banquiers centraux semble s'apparenter à une «guerre éclair», même si dépasser les attentes déjà élevées des investisseurs reste un défi. 

Le chiffre le plus important publié cette semaine est celui de l’emploi non agricole du mois d'août, communiqué vendredi à 14h30, heure de Paris. La variation nette est estimée à 158’000, contre 164’000 le mois précédent. Le taux de chômage devrait rester inchangé à 3,7%, tout comme la rémunération horaire moyenne à 0,3% sur le mois, comme en juillet, mais la croissance en rythme annuel passerait de 3,2% à 3,0%. La semaine de travail moyenne pourrait passer de 34,3 à 34,4 heures. Si les chiffres se confirment dans ce domaine, le marché du travail américain aura une fois de plus confirmé sa vigueur. La moyenne mensuelle de création d'emplois cette année est de 165’000, en baisse par rapport à la moyenne mensuelle de 223’000 en 2018, mais toujours bien au-dessus de la barre des 100’000 en dessous de laquelle nous commencerions à envisager une récession, toutes choses étant égales par ailleurs. 

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