Des temps incertains

Marie Owens Thomsen, Indosuez Wealth Management

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Alors que les risques restent orientés à la baisse, les marchés semblent néanmoins vulnérables aux flux de données publiées.

À Jackson Hole, lors du symposium annuel de politique monétaire organisé par la Réserve fédérale de Kansas City (auquel Mario Draghi de la BCE n’a pas participé), le président de la Fed, Jerome Powell, est resté proche des discussions présentées dans le compte rendu de la réunion du FOMC de juillet. Il a décrit l'action de la Fed comme tournée vers la gestion des risques et a également évoqué deux expériences passées: la crise de la monnaie asiatique en 1995 et le défaut russe en 1998. Pendant ces épisodes, la Fed a réduit les taux (sous Alan Greenspan) de 75 points de base. Nous savons tous que l’histoire n’est pas nécessairement le meilleur indicateur de la performance future, mais elle crée certainement un précédent qui mérite que l’on s’y attarde. 

Les références aux événements des années 90 nous disent également à quel point la Fed perçoit sérieusement la menace que représentent les échanges commerciaux pour les économies américaine et mondiale. Les calculs mécaniques indiquent un impact sur le PIB américain et mondial de 0,3 à 0,5 point de pourcentage. Certes, des mesures protectionnistes supplémentaires relèveraient à la hausse ces estimations, mais sur la base de ces chiffres, il est difficile de prévoir une récession. Le facteur décisif sera probablement celui de la confiance et du sentiment. Aux États-Unis, l’indicateur de confiance des consommateurs du Conference Board sera publié le 27 août. Il se situe actuellement à 135,7, proche du sommet de 144,7 atteint depuis 2000 et très au-dessus du minimum établi en 2009 de 25,3. C'est l'une des raisons pour lesquelles nous considérons que l'action de la Fed est préventive et n'est pas entièrement justifiée par les données économiques actuelles. La Fed est donc disposée à agir sur la base d’hypothèses, peut-être même davantage que dans les années 90. 

Les banques centrales soutiendront
la performance des actifs risqués à l'avenir.

Cette «nouvelle» Fed semble également plus attentive à la politique et aux marchés que par le passé. La confiance est au centre des préoccupations, la perte de confiance en elle-même pourrait faire baisser les prix des marchés et, à son tour, faire baisser les anticipations d’inflation, un élément prioritaire pour les banques centrales. Quoi qu'il en soit, le résultat final est que les banques centrales soutiendront la performance des actifs risqués à l'avenir. Cet élément pourrait dominer les marchés cet automne, mais cela dépendra naturellement d'une multitude de facteurs, notamment du Brexit et de la politique italienne. 

À cet égard, nous soulignons que le Parlement britannique retournera aux affaires le 3 septembre, date à laquelle nous pensons qu'un vote de censure sera déposé par le parti travailliste. La suite des évènements après cela demeure une question ouverte, mais nous conservons une perspective négative pour l’économie britannique. Un Brexit sans accord serait bien sûr le pire résultat possible et une récession au Royaume-Uni ne laisserait pas l'économie de l'UE indemne. Bien que les données allemandes publiées récemment aient été plutôt faibles, les indices PMI sortis la semaine dernière ont dépassé les attentes et l'indice PMI composite reste supérieur au seuil de 50. Il convient également de noter que le PIB allemand au deuxième trimestre était en recul de -0,1% par rapport au premier trimestre, et stagnait (0,0%) par rapport au deuxième trimestre 2018, mais en hausse respectable de + 0,4% en rythme annuel corrigé des jours ouvrables. 

Alors que les risques restent orientés à la baisse, les marchés semblent néanmoins vulnérables aux flux de données publiées, bien que toute surperformance européenne éventuelle soit limitée par les questions britannique et italienne cet automne. 

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