Revirement ou simple pause?

César Pérez Ruiz, Pictet Wealth Management

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Une hausse de 50 pb des taux de la Fed se profile. L’offre mondiale de pétrole demeure insuffisante. Les marchés obligataires devraient rester volatils.

La semaine dernière, de nouveaux indicateurs ont confirmé la nécessité, pour les banques centrales, d’une politique monétaire plus agressive. Les chiffres de l’inflation en Europe ont atteint un niveau inquiétant, ce qui conforte les «faucons» de la Banque centrale européenne (BCE) dans leur opinion. Mais l’anticipation par les marchés d’une hausse des taux dès septembre semble prématurée et nous maintenons notre prévision d’une première hausse en décembre 2022. Parallèlement, le marché du travail américain reste robuste, le taux de chômage ayant chuté à 3,6% en mars, son niveau le plus bas depuis le début de la pandémie. Nous restons convaincus que la Fed, après une hausse de +25 points de base (pb) en mars, relèvera encore ses taux de +50 pb en mai, tout en annonçant la réduction de son bilan. La Banque du Japon fait figure d’exception en maintenant une politique expansionniste et en s’engageant à acheter un nombre illimité de JGB (Japanese Government Bonds), ce qui a entraîné la poursuite de la dépréciation du yen la semaine dernière. En l’absence de toute inflation réelle, cette évolution renforce notre opinion positive concernant les actions japonaises.

Le président Biden a annoncé son intention de libérer d’importants volumes de réserves stratégiques de pétrole (1 million de barils par jour (mbj) sur 180 jours), ce qui aura un impact considérable sur le niveau des réserves américaines. La couverture des réserves passera ainsi de 180 à 130 jours d’importations nettes. Dans le même temps, la production américaine de pétrole de schiste a augmenté (de 0,3 mbj depuis le début de l’année). Il a également annoncé son intention d’assouplir la réglementation limitant le transport de pétrole entre les ports et les navires, tout en incitant les producteurs de pétrole domestiques à augmenter leur production. En conséquence, la production de pétrole de schiste pourrait atteindre 9,4 mbj fin 2022. Mais même en supposant que l’Opep+ respecte ses engagements d’augmentation de la production mensuelle, ces mesures ne suffiront pas à compenser la baisse potentielle de l’offre russe (environ 2 mbj). Dans un contexte de cours volatils, le marché mondial du pétrole pourrait donc demeurer sous-approvisionné, ce qui nous incite à rester positifs face aux matières premières.

Dans le même temps, la hausse des taux du Trésor à deux ans et la baisse des rendements longs ont entraîné une inversion de la courbe des taux américains jusqu’à l’échéance de 30 ans. Les responsables de la Fed ont rapidement minimisé les craintes de récession, indiquant que le segment 2ans/10 ans n’était pas l’indicateur approprié en la matière. Les marchés actions ont profité du recul des taux à long terme, le ratio cours/bénéfices du S&P 500 repassant au-dessus de 20x après trois semaines de reprise. La saison des résultats du premier trimestre 2022, qui débutera dans une semaine, devrait nous éclairer sur la capacité des entreprises à relever les défis actuels. Enfin, les autorités chinoises ont révisé la semaine dernière leur loi sur le secret de l’audit, ce qui permettra aux entreprises chinoises cotées aux Etats-Unis de fournir toutes les informations requises par les autorités américaines. Ce changement réglementaire devrait permettre d’éviter la radiation de la cote de quelque 270 entreprises chinoises cotées aux USA et de lever les incertitudes qui pèsent sur les ADR (American Deposit Receipts) chinois.

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