Risques géopolitiques

César Pérez Ruiz, Pictet Wealth Management

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La géopolitique domine les marchés. L’incertitude entoure toujours les prochaines mesures de la Fed. Les poids lourds de la technologie chinoise dans la ligne de mire des autorités.

La semaine dernière, les mouvements du marché ont été dominés par la géopolitique, l’appétit pour le risque cédant la place à l’aversion au risque au gré des nouvelles concernant l’Ukraine. Les marchés ont espéré que la Russie se retirerait comme annoncé, ce qui a permis une journée d’optimisme. Mais la tendance s’est inversée dès le lendemain, lorsqu’il est apparu que les troupes russes restaient en position et procédaient même à des tests de missiles. Les marchés boursiers ont alors chuté, tandis que les «valeurs sûres» jugées moins risquées progressaient. L’or a atteint un sommet sur 12 mois et le taux du Trésor américain à 10 ans a reculé. La courbe des taux demeure partiellement inversée.

Les marchés ne savent toujours pas ce que réserve la réunion de la Fed prévue en mars. Peu de responsables de la banque centrale se sont exprimés la semaine dernière, ce qui rend les anticipations difficiles. Les gouverneurs semblent se partager équitablement entre «faucons» et «colombes», le compte rendu de leur dernière réunion de politique monétaire montrant que les membres votants restaient très divisés, tant sur le rythme des hausses de taux d’intérêt que sur la réduction du bilan de la Fed. Entretemps, les prix à la production aux Etats-Unis ont augmenté de 1% en janvier, ce qui est de mauvais augure pour les perspectives en matière d’inflation. Si les ventes de détail ont dépassé les attentes en janvier, la croissance a cependant stagné en termes réels (i. e. en chiffres corrigés de l’inflation). Nous surveillons le risque de resserrement trop agressif de la part de la Fed, ce qui pourrait entraîner un ralentissement économique marqué et un élargissement des spreads de crédit, en particulier dans le segment du haut rendement.

Les autorités chinoises ont demandé aux plateformes de livraison de plats cuisinés de réduire les coûts facturés aux restaurants. Le titre d’une plateforme chinoise de premier plan a ainsi plongé de 15% à la suite de cette annonce. Dans un contexte d’incertitude réglementaire, déterminer la rentabilité des grandes entreprises technologiques chinoises constitue un véritable défi. Les indicateurs de valorisation traditionnels n’étant plus pertinents, il convient de rester prudent jusqu’à ce que l’environnement réglementaire chinois s’éclaircisse. Parallèlement, certains gouvernements locaux ont abaissé le montant de l’acompte exigé pour l’acquisition d’un bien immobilier afin de stabiliser le secteur. A ce stade, les transactions immobilières continuent de reculer, ce qui accentue les pressions pesant sur les liquidités des entreprises. La semaine dernière, un nouveau promoteur considéré comme «sûr» a connu des difficultés, ravivant les inquiétudes concernant la santé du marché immobilier chinois. Alors que les Jeux olympiques d’hiver touchent à leur fin, la Chine est confrontée à une recrudescence des infections, mais persévère dans sa politique «zéro Covid». La gestion de la pandémie demeure compliquée à Hong Kong: des tests de masse sont en cours et les autorités se préparent à réquisitionner 10'000 chambres d’hôtel pour isoler les personnes positives. Dans ce contexte, la banque centrale chinoise pourrait intervenir pour stabiliser la croissance.

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