Réaction positive des marchés qui «lâchent du lest» par anticipation

Beat Thoma, Fisch Asset Management

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Bon nombre d’analystes anticipent des hausses relativement importantes des taux directeurs et une réduction prochaine significative du bilan de la Réserve fédérale.

Les marchés financiers se comportent en ce moment comme si un durcissement monétaire important avait déjà été mis en œuvre et que les risques de récession s’étaient renforcés. Ceci est inhabituel, puisqu’en principe, les marchés boursiers ne réagissent négativement qu’après plusieurs hausses des taux directeurs. Une divergence est ainsi en train de se former avec d’un côté des marchés en recul et de l’autre un environnement conjoncturel et monétaire bien équilibré et toujours solide. Techniquement, ceci est positif pour les marchés, qui lâchent du lest avant même que la politique monétaire ne se soit réellement durcie. De plus, bon nombre d’analystes anticipent des hausses relativement importantes des taux directeurs et une réduction prochaine significative du bilan de la Réserve fédérale. On peut donc s’attendre à de bonnes surprises si l’inflation s’avère moins forte que prévu au cours des prochains mois.

Si l’on compare la situation actuelle avec celle du dernier cycle de resserrement monétaire de la Réserve fédérale américaine, entre 2017 et 2019, les marchés financiers semblent aujourd’hui mieux placés. En effet, à l’époque, le taux des Fed Funds fut relevé jusqu’à 2,25% en mi-2019 et le bilan de la banque centrale fut réduit de plus de 400 milliards de dollars. Il en résulta une inversion de la courbe des taux d’intérêt américains, ce qui annonçait une récession. Or, la politique monétaire est aujourd’hui nettement plus accommodante, le système de crédit privé génère beaucoup de liquidités et la conjoncture reste solide. L’évolution de l’inflation est en revanche plus problématique aujourd’hui qu’elle ne l’était en 2019. Mais, une détente est attendue à moyen terme (compte tenu du ralentissement conjoncturel, des effets de base et de la résorption des tensions des chaînes d’approvisionnement) et l’on peut donc raisonnablement espérer que les perturbations inflationnistes ne soient pas trop importantes dans les mois à venir. En revanche, les 3D (démondialisation, décarbonation, démographie) devraient, eux, continuer d’exercer une pression inflationniste à long terme, mais ceci est déjà intégré dans les cours, du moins en partie.

Le scénario de référence que nous anticipons actuellement reste ainsi celui d’un ralentissement conjoncturel sans récession, avec une inflation plus faible à moyen terme, et donc une hausse modérée des taux d’intérêt à long terme, assortis d’un aplatissement de la courbe. Après les fortes corrections des marchés d’actions et la remontée des taux d’intérêt à long terme, le rapport opportunités/risques et les valorisations se sont à nouveau améliorés, ce qui vaut également pour les marchés du crédit. De plus, le sentiment du marché a chuté de manière extrêmement rapide et importante, ce que nous percevons également comme un signe plutôt positif pour l’avenir. Malgré cela, l’actuel resserrement monétaire, bien que modéré, devrait se traduire par une forte volatilité et un potentiel de hausse limité pour plus longtemps. Nous continuons toutefois à penser qu’une baisse prolongée est peu probable. Les fortes corrections peuvent donc être l’occasion de renforcer ses positions en actions, obligations d’entreprises ou même obligations convertibles.

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