Quelques jours font-ils vraiment la différence?

François Savary, Prime Partners

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Une semaine de marchés mieux orientés est toujours bonne à prendre, surtout après un début d’automne chahuté.

La semaine dernière aura été marquée par un retour en grâce des actions, après plusieurs semaines chahutées qui auront vu l’indice phare américain (S&P 500) abandonner plus de 5%; ce dernier chiffre n’est pas anodin dans le contexte du marché haussier des derniers trimestres, puisqu’un tel repli n’avait pas été observé depuis plus de 300 jours. Dans un tel environnement, les opinions péremptoires sur la fin du marché haussier des 18 derniers mois ou sur le besoin d’une correction des bourses avaient refait surface, sous l’influence des craintes de stagflation pour l’économie mondiale, de l’inexorable hausse des taux d’intérêt longs, de perspectives de changement de cap monétaire aux USA ou encore des risques de liquidités associés à une billet vert en hausse.

Or, ces derniers éléments n’ont pas radicalement changé la semaine dernière, même si l’on a pu observer des évolutions plus «erratiques», sur les taux d’intérêt par exemple.

Faut-il y voir le fait que la saison des rapports sur les bénéfices des sociétés se révèle de bonne facture? En l’état, les chiffres dont nous disposons sont encore très parcellaire et ils ne permettent pas de dégager une tendance qui permettrait de valider l’idée que les bons résultats des sociétés ont «changé le sentiment» des opérateurs en quelques jours; au demeurant, les valeurs financières américaines, toujours en tête de liste dans la révélation des chiffres, n’ont pas particulièrement brillé sur les marchés la semaine dernière, malgré des résultats de très bonne qualité!

L’explication est-elle à chercher du côté du sentiment des investisseurs? Il est vrai que l’euphorie, qui prévalait durant l’été et qui pouvait inciter à la retenue sur les investissements en actions, s’est quelque peu dissipée avec la consolidation de septembre; ce faisant, le retour à un «mood» plus pessimiste a pu ouvrir une «fenêtre d’opportunité» pour mettre (une nouvelle fois) en pratique ce qui s’est vérifié depuis plusieurs trimestres: l’achat sur faiblesse. Une semaine de hausse sur les marchés ne suffit pas à tirer des conclusions, mais on pourrait supputer que les investisseurs, qu’ils soient retail ou non, restent animés par une conviction que les actions sont, malgré tout, un actif de choix dans le contexte actuel. Le repli de septembre ne semble pas avoir été en mesure, pour l’heure, de modifier cet état d’esprit! Mais un sentiment n’a de valeur que s’il est sous-tendu par des fondamentaux; dès lors l’économie a-t-elle offert des raisons d’espérer aux investisseurs, au-delà des espoirs qu’ont pu susciter les (premiers) résultats d’entreprise? En d’autres termes, la publication de statistiques économiques aurait-elle incité les opérateurs à se repositionner?

Il est vrai que l’on peut observer un retournement des indices de surprises économiques aux USA, après une phase de décélération marquée durant l’été, au moment où la croissance visible avait le vent en poupe sur les marchés. L’évolution récente n’est donc pas insignifiante, puisque qu’elle démontre que les investisseurs ont intégré beaucoup de mauvaises nouvelles, trop peut-être! Au demeurant, certains chiffres comme les ventes de détail américaines ou encore les indices PMI de l’Oncle Sam militent en faveur d’une activité très satisfaisante, démentant les prévisions les plus pessimistes sur un ralentissement fort de la conjoncture outre-Atlantique.

Sur le front des prix, tant les chiffres du CPI que ceux du PPI publiés aux USA la semaine dernière ont «rassuré» certes, mais ils n’ont pas affiché d’inflexion; au mieux, ils ont permis de constater qu’une stabilisation de l’inflation à haut niveau était possible au cours des prochains mois,  démentant ainsi les visions plus pessimistes d’un emballement inexorable de l’inflation. Ce simple fait n’est pas anodin, car il permet, au moins temporairement, de mettre un terme à une spirale infernale qui avait gagné les esprits en septembre: la stagflation marquerait la conjoncture mondiale en 2022. Rien n’est encore gagné sur ce front et la pression qui s’exerce sur les banquiers centraux n’est pas près de se réduire, loin de là. Gérer au mieux l’évolution des taux d’intérêt réels ne va pas être chose aisée l’an prochain et ce facteur sera important pour les perspectives boursières à horizon 12 mois.

Une semaine de marchés mieux orientés est toujours bonne à prendre, surtout après un début d’automne chahuté. Les investisseurs sont versatiles et les éléments fondamentaux, tant sur la profitabilité des entreprises que sur les évolutions économiques, seront scrutés au plus près au cours des prochaines semaines. En d’autres termes, si la semaine dernière a eu une vertu c’est peut-être d’avoir permis de revenir à davantage de raison sur l’inexorabilité d’une stagflation mondiale. Ce n’est déjà pas si mal, même si le risque d’une telle évolution ne doit certainement pas être considéré comme révolu.

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