Sa réunion est venue comme une piqure de rappel, puisque qu’elle démontre que la croissance à tout prix n’est pas une option sérieuse pour elle.
La récente réunion de la Réserve Fédérale américaine n’a pas déçu, tout au moins lorsque l’on observe le retour de la volatilité sur les actifs financiers, qu’il s’agisse des taux d’intérêt, des actions, de l’or ou encore du dollar.
Après plusieurs semaines de «calme» sur les marchés, ce regain de volatilité est notoire et il exprime peut-être le fait que les scénarios économiques étaient devenus trop consensuels et/ou qu’un excès d’optimisme sur le cycle conjoncturel s’était lentement mais sûrement installé dans l’esprit des opérateurs. Dans un tel contexte, le mouvement naissant d’aplatissement de la courbe des taux, tant par une tension sur les taux courts que par la détente de leurs homologues les plus longs est tout à fait intéressant; de même, la nouvelle détente des taux breakeven d’inflation l’est tout autant. Ces deux mouvements concomitants sont certainement liés au scénario d’inflation mis en exergue par la Réserve Fédérale la semaine dernière (mauvaise année 2021 avant un retour rapide vers la barre des 2% en 2022 et 2023) et à des perspectives de hausse plus prompte des taux d’intérêt par l’autorité monétaire.
L’origine et le caractère durable des évolutions de marché susmentionnées continueront à alimenter les discussions et les marchés au cours des prochaines semaines, mais il est toutefois intéressant de relever que derrière l’évolution des taux nominaux et réels se cache une menace que bien des investisseurs n’envisageaient plus vraiment: une normalisation du cycle économique post-covid 19 bien plus rapide qu’escompté.
centrale n’est pas de favoriser un supercycle économique à n’importe quel prix.
Depuis quelques mois, la perception que l’avenir du cycle économique ne pouvait être marqué que par une reprise en V ou encore mieux en V+ s’était largement installée dans l’esprit des intervenants de marché. Il est vrai que voir les effets d’annonce sur des plans de relance budgétaire se multiplier outre-Atlantique pouvait nourrir le sentiment qu’un nouveau cycle économique puissant ne pouvait que s’imposer chez l’Oncle Sam; une perception d’autant plus justifiée que l’administration Biden mettait en avant un financement par l’impôt pour contrer les risques inflationnistes que certains craignaient et que la Réserve Fédérale ne semblait pas pressée de changer de cap sur le front de sa politique ultra-accommodante.
Dans un tel contexte, la réunion récente de l’autorité monétaire est venue comme une piqure de rappel, puisque qu’elle démontre que la croissance à tout prix n’est pas une option sérieuse pour elle. Exit les scénarios en V+ de la carte des probabilités sur le cycle économique US? C’est très vraisemblable! Poursuite de l’aplatissement de la courbe des taux US ? On peut exprimer des doutes à ce sujet, tout au moins à court terme. Dans ce contexte, l’avenir du plan d’infrastructure de Joe Biden sera important, car son vote par le Congrès est loin d’être acquis; l’été devrait encore être riche en négociations entre les républicains et le gouvernement pour tenter de trouver un compromis. Qui vivra verra.
Certains ont rapidement conclu que la Réserve Fédérale avait commis une erreur dans sa communication la semaine dernière. Je n’en suis pas convaincu. En remettant l’église au milieu du village par une position franche sur le fait que la vocation de la banque centrale n’est pas de favoriser un supercycle économique à n’importe quel prix et en réaffirmant que l’objectif n’est pas de laisser l’inflation s’écarter durablement et fortement de la barre des 2%, elle a peut-être réussi à réveiller des investisseurs qui étaient devenus trop condescendants sur l’avenir du la croissance américaine.