Que comprendre de la nouvelle volatilité des actions?

James Mazeau, UBS Global Wealth Management

3 minutes de lecture

Le pessimisme de la Fed et un regain du COVID-19 dans certains Etats américains ont miné la confiance des investisseurs.

©Keystone

La semaine dernière, la volatilité a fait son retour sur les marchés des actions. Le pessimisme de la Réserve fédérale américaine quant à la situation économique et l'augmentation du nombre de nouveaux cas de coronavirus dans certains Etats américains ont miné la confiance des investisseurs. Certaines ventes massives incitent à se demander s'il existe une déconnexion entre les marchés et l'économie.

Cette question, ainsi que d’autres, ne manquent pas de se poser concernant la situation actuelle des marchés des actions. Petit tour d’horizon.

1. Pourquoi les marchés sont-ils si déconnectés de la réalité économique?

Le 11 juin, les actions ont fortement chuté suite à des nouvelles décourageantes concernant une seconde vague d'infections au COVID-19 dans certaines régions des Etats-Unis, telles que la Californie, le Texas, la Floride et l'Arizona. 

Les marchés des actions ont réagi aux perspectives de l'année à venir,
plutôt qu'aux données illustrant la gravité de la récession en avril et en mai.

En une seule journée, l'indice S&P 500 a subi une baisse de 6% après une hausse qui, quelques jours plus tôt, lui avait permis de regagner son niveau du début d'année. Le Nasdaq, lui, a atteint des sommets inédits. Ce constat semble contredire la forte contraction économique qui prévaut aux Etats-Unis et dans le monde entier. Cette divergence apparente s'explique de deux manières. 

Premièrement, les marchés des actions s'intéressent au futur et ont réagi aux perspectives de l'année à venir et au-delà, plutôt qu'aux données illustrant la gravité de la récession en avril et en mai. La Recherche d’UBS est convaincue que des développements médicaux positifs et des mesures de soutien permettront de rouvrir durablement les économies sans qu'une seconde vague d'infections ne submerge les systèmes de santé. 

Deuxièmement, les entreprises cotées en Bourse aux Etats-Unis ne représentent, par exemple, que 25% du PIB, le solde étant dû à de petites entreprises non cotées. La crise du COVID-19 a touché plus durement les petites entreprises en général, si bien qu'il est possible de constater une divergence entre les actions américaines et l'économie du pays.

2. Nous dirigeons-nous vers une seconde vague d'infections virales?

Un nombre croissant de nouveaux cas infectieux dans certains Etats américains qui ont rouvert leur économie a également donné lieu à de gros titres indiquant qu'une nouvelle vague importante d'infections est possible.

Il est pourtant vraisemblable que les dernières évolutions virales aux Etats-Unis ne conduiront pas au rétablissement d'un confinement national ou même à l'échelle de certains Etats. Il faut noter que la hausse de nouvelles infections n'est pas générale. Dans certains cas, elle constitue le prolongement de la première vague, qui n'a pas encore atteint son pic, plutôt qu'une seconde vague. 

Les marchés sont davantage susceptibles
de réagir au comportement des consommateurs.

En Géorgie, les nouvelles infections se sont stabilisées alors que l'Etat a rouvert son économie il y a six semaines. Dans l'ensemble, le taux d'infection américain poursuit sa décrue. Dans les Etats où le nombre d'infections a augmenté, celui-ci reste largement inférieur à la capacité hospitalière.

Par ailleurs, bien que les gros titres se focalisent sur la crainte d'une seconde vague, les marchés sont davantage susceptibles de réagir au comportement des consommateurs. Jusqu'à présent, les données de mobilité montrent que ces derniers sont restés actifs malgré les titres dans la presse concernant une seconde vague. Même dans les Etats où le nombre de cas augmente. La Recherche d’UBS voit également peu d’indices d'une seconde vague importante en Europe.

3. La relance budgétaire aura-t-elle les effets escomptés et comment sera-t-elle remboursée?

Les mesures de relance budgétaire ont permis d'amortir le choc du COVID-19 et ont surtout atténué la hausse du chômage dans de nombreuses régions du monde. En outre, alors que les économies rouvrent, les consommateurs dépenseront probablement plus d'argent qu'ils ont perçu dans le cadre des mesures de relance. Surtout ceux qui pensent qu'ils conserveront leur emploi. 

En l'absence de seconde vague d'infection, ce stimulus devrait donc accélérer le rythme du redressement économique. Il va de soi qu’il s'accompagnera d'un endettement plus important dans le monde après la crise du COVID-19. 

La Recherche d’UBS estime que les gouvernements traiteront ce problème de trois manières liées les unes aux autres: la répression financière visant à maintenir des taux bas, une hausse des impôts et la disposition des banques centrales à tolérer une inflation légèrement supérieure à leurs objectifs. Toutes ces mesures ont des conséquences considérables pour les investisseurs.

4. Vaut-il encore la peine d'investir dans le crédit?

Les écarts de crédit se sont largement réduits depuis leurs pics du mois de mars et se rapprochent des niveaux cibles du scénario central de la Recherche d’UBS. Il est encore possible de resserrer davantage les écarts, mais la majeure partie des mouvements est terminée. Le crédit reste attractif, bien que le rendement et le portage soient désormais les principaux facteurs de rendement. 

D’une manière générale, il serait préférable
d'investir toutes les liquidités disponibles.

Dans le contexte des rachats d'actifs effectués par les banques centrales et des taux qui resteront bas pour plus longtemps, la recherche des rendements a recommencé. Au pire, le rendement des obligations américaines à haut rendement et des EMBIGD (Emerging Markets Bond Index Global Diversified) sera bien plus élevé que celui des obligations de premier ordre.

5. Pourquoi entrer sur le marché à ces niveaux?

Les actions mondiales sont juste 5% en deçà de leurs sommets historiques de février. Suite à une hausse de 40%, faire son entrée sur le marché pourrait sembler démoralisant, surtout compte tenu des incertitudes concernant le coronavirus.

Comme indiqué plus haut, la Recherche d’UBS reste persuadée que des développements médicaux positifs et des mesures de soutien permettront de rouvrir durablement les économies sans qu'une seconde vague d'infections ne submerge les systèmes de santé. Cette approche devrait laisser suffisamment de marge de manœuvre aux actions pour évoluer à des cours plus élevés dans la plupart des scénarios.

D’une manière générale, il serait préférable d'investir toutes les liquidités disponibles. Pour les investisseurs qui tentent de se prémunir contre un mauvais timing, la meilleure stratégie consiste certainement à moyenner les coûts en dollar pour l'allocation qu'ils prévoient en faveur d'actifs plus risqués. 

La Recherche d’UBS conseille d'élaborer un calendrier fixe, généralement sur moins de douze mois, afin de réduire les coûts dont ils devraient s'acquitter s'ils passaient à côté de gains. Par ailleurs, elle recommande d'accélérer chaque «tranche» de phase-in si le marché baisse d'au moins 5 ou 10%.

A lire aussi...