Quand le marché du travail dopera-t-il les bons du Trésor?

Felipe Villarroel, TwentyFour AM

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Le marché pourrait bientôt réunir les conditions pour une hausse des taux d’intérêt.

©Keystone

Le marché du travail aux USA ne montre guère de signes de faiblesse malgré le nombre record de créations d’emplois cette année. Plusieurs statistiques attendues par les participants au marché ont été publiées ces derniers jours et méritent une analyse approfondie. 

La croissance de la productivité ralentit nettement

Le rapport final sur la productivité et les coûts au T3 a été publié mardi. La croissance annualisée de la productivité a été révisée à la baisse pour s’établir à -5,2%, ce qui représente le déclin le plus important de la productivité trimestrielle depuis 1960. Compte tenu d’une hausse de 3,9% de la rémunération horaire, la croissance des coûts unitaires de la main-d’œuvre a été revue à la hausse de 8,3% à 9,6% sur une base annualisée (les coûts unitaires de la main-d’œuvre  correspondent au ratio entre la rémunération horaire et la productivité du travail). Bien que ce chiffre soit élevé du point de vue historique, la rémunération réelle a diminué de 2,5% au cours du trimestre en raison de la hausse actuelle de l’inflation.

Des emplois à pourvoir dans tous les secteurs

Mercredi, c’est l’enquête JOLTS (Job Openings and Labour Turnover Survey) sur les offres d’emplois et la rotation de la main-d’œuvre qui a été portée à notre connaissance. Ce rapport contient des données très parlantes, en particulier sur les créations d’emplois. Après une brève période de deux mois marquée par de légères baisses, leur nombre est remonté en flèche pour atteindre 11,03 millions de postes à pourvoir, frôlant ainsi les records historiques observés en juillet dernier. Ce bond dans les offres d’emplois a concerné tous les secteurs, et plus particulièrement celui de l’hôtellerie-restauration avec 254’000 nouveaux postes. Le nombre d’embauches a peu évolué à 6,4 millions, tandis que les licenciements restent proches de leurs plus bas historiques à 1,36 million.

La Fed se retrouvera très bientôt face à un marché qui réunit toutes les conditions pour un relèvement des taux.
Le plein emploi est en vue

Enfin, le département du Travail a publié jeudi le rapport sur les demandes hebdomadaires d’allocations de chômage. A 184’000, le nombre de nouvelles demandes a atteint son niveau le plus faible depuis septembre 1969. Les demandes en cours sont quant à elles au plus bas depuis le début de la pandémie avec 1,99 million, bien qu’elles restent légèrement supérieures aux niveaux d’avant la pandémie lorsque le taux de chômage se situait à 3,5%. 

Tous ces chiffres envoient pour l’essentiel le même message: le marché du travail américain est très tendu. Les indicateurs décevants de la semaine dernière sur les emplois non agricoles font figure d’exception et devraient se redresser sous peu. La solidité des données signifie probablement qu’en l’absence d’une hausse marquée du taux d’activité, nous devrions bientôt voir le taux de chômage diminuer progressivement et passer sous le seuil de 4%, ce qui semble très probable au T1. En bref, les Etats-Unis sont très proches du plein emploi.

Un rendement de 1,5% pour le bon du Trésor semble inadéquat

Bien que le marché ait désormais ajusté ses attentes en matière de hausses de taux d’intérêt pour 2022, nous pensons que la Fed se retrouvera très bientôt face à un marché qui réunit toutes les conditions pour un relèvement des taux. Par conséquent, nous demeurons très surpris par l’évolution actuelle sur la partie longue de la courbe des bons du Trésor. Selon nous, un rendement de 1,50% pour le bon du Trésor à 10 ans semble tout simplement inadéquat alors que la Fed s’apprête à entamer un cycle de resserrement monétaire et que le risque de correction sera important une fois dissipées les inquiétudes au sujet du variant Omicron.

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