Protection des frontières devant l’inflation – Check conjoncturel de Raiffeisen

Raiffeisen Economic Research

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La hausse massive des prix internationaux du blé se répercutera beaucoup moins fortement sur le prix suisse du blé.

La crise du coronavirus a été remplacée presque sans transition par la crise en Ukraine. Le choc des prix des matières premières que cette dernière a engendré a de nouveau fortement accru les risques conjoncturels. En même temps, les risques d’inflation ont toutefois beaucoup augmenté eux aussi – ce qui nous a incités à relever nos prévisions pour cette année à 6,5% en particulier pour la zone euro et à quand même 2,5% pour la Suisse. En raison de la pression sur les prix, la banque centrale américaine a appuyé sur l’accélérateur dans le cadre de la normalisation et voit un besoin accru de freiner même activement l’économie américaine. La BCE se prépare elle aussi plus rapidement à s’éloigner des taux négatifs à partir du deuxième semestre. En revanche, au vu des perspectives d’inflation comparativement modérées, la BNS ne voit toujours pas de raison de devoir forcément leur emprunter le pas rapidement.

Protection des frontières devant l’inflation

 

La crise en Ukraine a poussé vers le haut non seulement les prix de l’énergie mais aussi les prix internationaux du blé, entre autres. La Russie et l’Ukraine constituant plus d’un quart des exportations de blé, les cours ont environ doublé depuis le milieu de l’année dernière.

En Suisse, le niveau élevé des prix intérieurs a pour conséquence que les coûts des matières premières représentent la plupart du temps une part sensiblement moins élevée qu’ailleurs du prix final à la consommation. La part des coûts du blé dans le prix du pain se situe dans un pourcentage à un chiffre. De plus, en raison du verrouillage important du marché, les prix suisses des matières premières agricoles sont déjà beaucoup plus élevés et sujets à des variations bien moindres que les variations internationales des prix. Le système complexe de protection des frontières défend la production indigène contre la concurrence étrangère. Les quantités demandées en Suisse de produits agricoles qui ne peuvent pas être produites dans le pays peuvent toujours être importées presque sans droits de douane au moyen de contingents flexibles. Tout ce qui est importé en plus est toutefois soumis à des droits de douane prohibitifs. Pour la plupart des sortes de blé, le taux est actuellement de 275 francs par tonne, ce qui explique l’énorme écart par rapport aux prix UE (voir graphique).

C’est pourquoi la hausse massive des prix internationaux du blé se répercutera beaucoup moins fortement sur le prix suisse du blé. Celui-ci n’a guère suivi non plus les plus fortes fluctuations internationales des prix précédentes et est plus influencé par le prix indicatif de la Commission «Marché- Qualité Céréales» compétente. Enfin, le Conseil fédéral a récemment augmenté les contingents d’importation du blé pour 2022 en raison de la mauvaise récolte de l’année dernière. Il est ainsi possible d’importer davantage de blé dont le prix a certes explosé mais qui demeure moins élevé que les coûts de la céréale indigène à remplacer. Le prix du pain ne va ainsi pas beaucoup renchérir. Grâce à ce mécanisme, les prix du commerce de détail des fruits et légumes ont même enregistré des baisses sensibles l’année dernière.

 

 

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