Private debt: solution de financement attractive, même en pleine crise

Mark Brenke, Ardian Private Debt

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La pandémie de COVID-19 devrait amplifier l'élan de cette classe d’actifs devenue un financement établi suite à la crise de 2008.

Alors que les banques étaient traditionnellement les premières interlocutrices des entreprises en cas de financements par des capitaux extérieurs, un autre instrument de financement gagne en pertinence pour les petites et moyennes entreprises: la «private debt», ou le financement «privé», non coté en bourse, d’entreprises par des sociétés non bancaires. 

Cette classe d’actif s’est transformée au cours des dernières années, passant d’une stratégie de niche à une solution alternative attractive et demandée. La crise financière de 2008 a servi de catalyseur à cette évolution: en raison de la réglementation croissante et des exigences accrues de besoin en capital pour les banques, celles-ci se sont retirées de plus en plus du financement des entreprises, en particulier sur le segment plutôt illiquide du mid-market (EBITDA entre 10 – 30 millions d’euros). Depuis cette période et précisément pour les entreprises de plus petite taille, d’une valeur jusqu’à 500 millions d’euros, l’accès aux crédits syndiqués est souvent compliqué et long. Le besoin en financement de ces entreprises a cependant perduré et il est depuis de plus en plus fréquemment couvert par les fonds de private debt. 

Le marché mondial de private debt a crû entre 2007
et mi-2018 à un taux annuel moyen de 13,4%.

Selon une étude de la Haute école de Lucerne (HSLU), le marché mondial de private debt a crû entre 2007 et mi-2018 à un taux annuel moyen de 13,4%. Le capital affecté à des fonds de private debt a été évalué à plus de 750 milliards de dollars. Selon les estimations des auteurs de l’étude de la HSLU, le volume du marché suisse de private debt s’est élevé en moyenne au cours des dernières années à environ 3 milliards de francs. 

Forte imbrication avec le private equity

Environ 80% des financements de private debt sont destinés à des entreprises détenues en private equity. Les deux classes d’actifs sont ainsi fortement imbriquées et la private debt est habituellement particulièrement pertinente sur les marchés dans lesquels le capital-investissement est répandu. En Europe, le Royaume-Uni est leader dans ce domaine, suivi de la France et de l’Allemagne. Selon l’étude de la HSLU, le marché de private equity suisse a progressé de plus de 15% entre 2016 et 2019, ce qui laisse présager d’une croissance concomitante de la private debt.

Les preneurs de crédit profitent de la flexibilité

Pour les preneurs de crédit, le financement par un fonds de private debt a deux avantages décisifs: plus de flexibilité et moins de complexité. Les fonds de private debt sont financièrement capables de croître de façon flexible avec le preneur de crédit. Ils sont ainsi souvent utilisés dans des domaines d’activité à forte croissance, où les solutions de financement sur mesure sont particulièrement appréciées. De plus, la private debt simplifie les relations entre les parties, car le preneur de crédit, contrairement à ce qui se produit lors des négociations dans le cadre d’un crédit syndiqué, a un seul interlocuteur. Cela offre un avantage de rapidité qui peut être décisif pour la réussite, d’une transaction compétitive.

Pour les investisseurs, la private debt promet des rendements
plus élevés que, notamment, les obligations cotées en bourse.
Primes de risque attractives

Pour les investisseurs, la private debt promet des rendements plus élevés que, notamment, les obligations cotées en bourse. Les investissements sont moins liquides et les investisseurs sont dédommagés en conséquence par une prime d’illiquidité. Les rendements absolus des fonds de private debt ont atteint dans le passé 7% à 8% (en EUR), mais ce sont les rendements corrigés du risque qui attirent particulièrement les investisseurs, car les taux de défauts historiques de cette classe d’actifs sont significativement plus faibles que pour les financements liquides. Cela s’explique notamment par le niveau élevé de contrôle sur le financement que les fonds de private debt détiennent en tant que bailleurs de fonds uniques. 

La COVID-19 favorise la private debt

Il a longtemps été difficile de savoir comment cette classe d’actifs relativement récente se comporterait dans un environnement de marché difficile. Dans ce contexte, les premiers résultats issus de la pandémie de COVID-19 sont prometteurs et devraient favoriser davantage la diffusion de ces investissements. En effet, la crise actuelle a incité les banques à se retirer des financements du mid-market. Afin de pouvoir tout de même couvrir le besoin de financement persistant, une autre solution doit être disponibles. Les possibilités d’investissement vont donc également augmenter à l’avenir pour les fonds de private debt. 

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