Prises de profit sur les marchés

Axel Botte, Ostrum AM

2 minutes de lecture

Le crédit sous-performe dans le sillage des prises de profit sur les actions.

©Keystone

Malgré le plan Biden de 1’900 milliards de dollars, le Tnote revient sous les 1,10%. En Italie, Renzi retire son soutien au gouvernement Conte, l’écartement du BTP reste limité. Et le crédit sous-performe dans le sillage des prises de profit sur les actions.

A la veille de la passation de pouvoir, Joe Biden a communiqué son plan de soutien à l’économie. Les mesures avancées s’élèvent à 1’900 milliards de dollars mais la complexité du processus budgétaire et le climat politique délétère laissent planer le doute sur l’ampleur du stimulus effectivement mis en œuvre. Le déploiement du vaccin, les transferts aux ménages et la prolongation de l’indemnisation fédérale du chômage (400 dollars par semaine) jusqu’en septembre 2021 devraient réunir une majorité. En revanche, les crédits fédéraux de 350 milliards aux collectivités locales rencontreront l’opposition du Sénat. Les hausses d’impôts, inscrites dans le programme de Joe Biden, n’ont pas été évoquées. Elles n'interviendront qu’en 2022 au plus tôt. Ainsi, les dépenses d’infrastructures liées à la lutte contre le changement climatique seront différées. La situation sanitaire provoque une nouvelle hausse des inscriptions au chômage. Les ventes au détail ont aussi terminé l’année 2020 sur une note négative malgré le rebond des ventes d’automobiles.

Le consensus baissier, amplifié par les positions spéculatives
vendeuses de contrats longs, s’est heurté au discours de Jerome Powell.

En zone euro, le risque politique resurgit. Matteo Renzi a retiré son soutien au gouvernement de Giuseppe Conte critiquant l’utilisation prévue des fonds du plan de relance européen. Le leader d’Italia Viva suggère de solliciter un prêt du MES pour financer les dépenses de santé. Néanmoins, le centre-gauche italien cherchera à éviter de nouvelles élections qui favoriseraient un retour de la Lega. Par ailleurs, le gouvernement néerlandais a démissionné à la suite d’un scandale lié aux versements de prestations sociales.

Le rendement du T-note s’est dégradé jusqu’à 1,18% en début de semaine jusqu’à l’adjudication mensuelle de 10 ans marquant un retournement de tendance. L’emprunt américain s’échange à 1,09% en fin de semaine. Le consensus baissier, amplifié par les positions spéculatives vendeuses de contrats longs, s’est heurté au discours de Jerome Powell écartant l’éventualité d’une réduction des achats de Treasuries. Le soutien de la Fed s’ajustera sans doute au besoin de financement fédéral. La stratégie de refinancement du Trésor aura aussi son importance compte tenu de l’échéancier de T-bills. L’aplatissement de la courbe des taux reflète également la fin de semaine difficile sur les actions. Dans le sillage du marché directeur, le Bund s’est échangé à -0,46% au plus haut avant un retour sur -0,55%.

L’actualité politique a provoqué une tension passagère sur le spread des BTP (122pb au sommet) mais le manque d’alternatives attrayantes sur les marchés et la possibilité d’un prêt du MES (2pp de PIB au taux swap majoré de 10pb) limitent le potentiel d’élargissement. Néanmoins, l’emprunt italien reste cher et un écartement vers 130-140pb n’est pas à exclure à court terme. La syndication du 10 ans espagnol a rencontré une bonne demande mais le carnet d’ordres s’est réduit avec la révision du rendement offert. La concurrence entre les émissions s’accompagne désormais d’une plus forte sélectivité de la part des investisseurs.

Le secteur non-financier est surreprésenté
alors que les émissions de dettes financières senior sont réduites.

Concernant le crédit IG en zone euro, les spreads (91pb) se sont élargis de 4pb la semaine passée. L’activité sur le primaire (14 milliards d’euros) s’est ralentie la semaine passée mais les émissions restent en hausse de 60% par rapport à janvier 2020. Le secteur non-financier est surreprésenté alors que les émissions de dettes financières senior sont réduites. Les dernières mesures de la BCE, dont l’extension à juin 2022 de la période de taux bonifié, contribuera à diminuer le financement de marché des banques. De façon similaire, les intérêts des banques sur le monétaire sont limités de sorte que l’Euribor 12 mois fixe sous le taux de dépôt. En outre, les flux finaux se redressent pourtant après les prises de profit du quatrième trimestre de 2020. Le marché du high yield européen a connu un trou d’air mardi dernier, avec une pression vendeuse sur le segment BB notamment. La cherté des dernières émissions entraine une certaine lourdeur des cours sur le marché secondaire. Par ailleurs, l’enchère soldant le défaut d’Europcar ne s’est pas déroulée normalement. Les obligations livrables étant introuvables sur le marché, le recouvrement a été fixé à 100% au détriment des acheteurs de protection qui n’obtiennent aucune compensation. Notons que l’iTraxx Crossover (+17pb) évolue à l’inverse du marché du high yield (-6pb) depuis le début de 2021. 

Sur les marchés d’actions, les bons résultats des banques américaines n’ont pas empêché un décrochage des indices en fin de semaine (lundi étant férié aux Etats-Unis). Les banques reprennent une partie des montants provisionnés au pire de la pandémie. Cela étant, ce sont surtout les défensives (services publics) qui tirent profit du retournement des cycliques américaines pénalisées par le rebond surprenant du dollar. L’expiration de nombreux contrats expliquent en partie les mouvements de vendredi.

L’Euro Stoxx perd 0,7% sur cinq séances. La technologie et la santé sont les seuls secteurs avec des performances hebdomadaires positives. La baisse de l’euro constitue un soutien aux actions européennes. Néanmoins, les projections de BPA consensuelles (+40% en 2021) paraissent très optimistes au regard des derniers développements économiques.

A lire aussi...