Et si vous pouviez prévoir les données sur les émissions de carbone? Cela faciliterait la vie des investisseurs qui utilisent des facteurs de durabilité dans leurs décisions d'investissement. Obtenir des informations à jour sur les émissions de carbone des entreprises est un problème particulier. Les entreprises ne déclarent généralement leurs émissions qu'une fois par an et d'autres facteurs peuvent augmenter le délai. Mais en même temps, les réglementations environnementales s'appliquent en temps réel. Les investisseurs ont besoin d'informations environnementales, sociales et de gouvernance (ESG) à jour pour prendre des décisions éclairées.

Poussées par les obligations réglementaires et les attentes sociétales, de plus en plus d'entreprises se fixent des objectifs de réduction d'émissions conformes à l'Accord de Paris. Des estimations opportunes de leur performance dans la réalisation de ces objectifs sont de la plus haute importance pour les investisseurs responsables. Pour remédier au décalage dans le temps dans la déclaration des émissions, NN IP a développé un modèle utilisant l'intelligence artificielle (IA) pour prévoir les intensités des émissions de carbone, en particulier les émissions par unité de revenu.

En utilisant les dernières techniques d'apprentissage automatique (machine learning), nous pouvons prédire les intensités d'émissions de carbone qui seront communiquées sous peu. Nous prévoyons que tous les secteurs s'amélioreront, mais il existe une nette différenciation entre les leaders et les retardataires. Notre analyse suggère une réduction globale de l'intensité carbone de 8,7% à l'échelle mondiale pour 2021. Mais la réouverture des économies après les fermetures pandémiques, bien que lente et hésitante, a entraîné une augmentation des revenus dans de nombreuses industries, ce qui peut avoir entraîné une amélioration des lectures de leur intensité d'émissions même si les niveaux d'émissions ont peu changé.

Alors, que prédit le modèle d'émissions de carbone pour l'avalanche de chiffres d'émissions de carbone qui seront communiqués sous peu?

Un univers d'investissement mondial de près de 4’000 entreprises capturées dans notre modèle de prévision carbone montre une baisse globale prévue de l'intensité carbone de 6,4% pour 2021. Plus précisément, le modèle estime que les émissions de carbone par unité de revenu se sont améliorées de 6,4% en 2021 par rapport à l'année précédente, comme le montre notre premier graphique de la semaine.

Ce chiffre de 6,4% est basé sur la médiane de toutes les entreprises qui ont déclaré des données sur les émissions de carbone pour 2020. Si nous prenons les entreprises qui ont publié des rapports depuis l'Accord de Paris (à partir de 2015), l'amélioration est plus importante. L'intensité médiane des émissions de carbone pour ce groupe devrait afficher une amélioration de 8,7% pour 2021, selon notre modèle. Nous nous attendons à ce que l'intensité carbone médiane pour 2021 tombe au niveau le plus bas depuis l'accord de Paris, juste en dessous de la médiane de 2019.

Cette amélioration semble refléter le fait que de nombreuses entreprises réduisent l'intensité de leurs émissions pour répondre aux obligations réglementaires et aux attentes de la société. Les mesures prévues de l'intensité carbone ne se limitent pas à dresser un tableau d'ensemble et à comparer les industries, les zones géographiques et les titres individuels.

Notre modèle se concentre sur la prévision des émissions de carbone par unité de revenu. En effet, les émissions absolues peuvent varier considérablement en fonction de facteurs tels que les acquisitions ou les cessions, ce qui les rend difficiles à comparer. Avec les revenus comme dénominateur, nous constatons que les secteurs connaissant une croissance rapide des revenus devraient afficher certaines des plus grandes améliorations de l'intensité carbone.

Tracer le changement prévu de l'intensité carbone dans les avoirs du portefeuille est très perspicace. Cela nous permet de classer les meilleures et les moins bonnes prévisions. Il est très utile de comparer les changements prévus de l'intensité de carbone avec les chiffres réels communiqués ultérieurement. Il permet aux investisseurs de repérer les entreprises qui semblent être sur la bonne voie pour progresser régulièrement dans la réduction de l'intensité, ou celles qui ont divergé (positivement ou négativement).

Ce dernier point assiste les gérants de portefeuille dans les échanges avec les directions des entreprises sur la faisabilité de leurs objectifs de réduction d'intensité carbone. Ceci est particulièrement utile pour de nombreuses entreprises du secteur des matériaux, qui ont tendance à être à forte intensité de capital et à présenter une intensité de carbone plus élevée que la plupart des autres industries.

Les équipes de NN IP poursuivent leurs recherches communes et ont lancé une phase pilote de plusieurs mois. Au cours de cette période pilote, nous allons

• Continuer à apprendre les forces et les faiblesses de notre modèle
• Découvrir comment utiliser au mieux les informations dans notre processus d'investissement
• Augmenter encore l'explicabilité du modèle.

Nous nous concentrerons sur la séparation de l'impact du numérateur (émissions) et de celui du dénominateur (revenus) sur la variation prévue de l'intensité carbone. Nous augmenterons également la transparence (explicabilité du modèle) en créant des intervalles de confiance pour les estimations ponctuelles et en calculant les contributions marginales des différentes composantes du modèle.

Nos équipes travaillent également sur des analyses climatiques prédictives complémentaires. Cela permet aux investisseurs de faire face au changement de régime en cours, la vague d'engagements nets zéro entraînant un changement structurel des émissions de carbone.

Espérons que ce changement de régime sera si important qu'il rendra invalides tous les modèles utilisant des données historiques sur le carbone - nous serions extrêmement heureux de retourner à la planche à dessin pour cette raison.