Pourquoi nous redevenons positifs sur les AT1 CoCos

Jérémie Boudinet, La Française AM

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Ces obligations européennes demeurent encore décotées, à la fois en valeur absolue et relative, et devraient bénéficier de la réouverture prochaine du marché primaire.

Le stress systémique sur le secteur bancaire a largement diminué ces dernières semaines. Non pas car les problèmes fondamentaux des banques américaines auraient miraculeusement disparu, mais car ce stress était en grande partie causé par les craintes de fuites des dépôts, qui ont été jugulées par les mécanismes de garanties des dépôts et de liquidité des autorités de tutelle.

Alors que l’attention des marchés et des médias se détourne de ces problématiques, l’environnement paraît propice à un rallye plus prononcé sur les AT1 CoCos européennes. Celles-ci demeurent encore décotées, à la fois en valeur absolue et relative, et devraient bénéficier de la réouverture prochaine du marché primaire.

1/ Pas de nouvelle, bonne nouvelle. Du «bank run» au «bank walk»

Le stress est par nature temporaire. Il prend racine dans des problématiques fondamentales (problèmes bilanciels et réglementaires), s’exprime par des symptômes plus ou moins graves (faillites bancaires), s’exacerbe violemment lorsque l’attention est concentrée sur la douleur des symptômes (attention médiatique et comportements moutonniers accélérés par les réseaux sociaux, conduisant à des mouvements massifs de fuite des dépôts) et se calme lorsque le médecin prescrit des remèdes plus ou moins efficaces (résolutions bancaires, mécanismes de garanties et de liquidité), mais rassure surtout les patients (les marchés financiers) sur le fait que tout ira bien in fine. Le stress se dissipe alors, en attendant de traiter plus en profondeur les maux chroniques.

L’attrition des dépôts auprès des banques américaines reste un sujet de préoccupation, puisque leur rémunération moyenne demeure très inférieure aux taux souverains fédéraux, auxquels les déposants ont accès via des fonds monétaires exclusivement portés sur des obligations gouvernementales (ce qui n’existe pas en Europe).

Nous ne craignons cependant pas de fuite des dépôts massive («bank run»), dans la mesure où la FDIC a fourni un «backstop» significatif en garantissant l’intégralité des dépôts des différentes faillites bancaires intervenues ces derniers mois. La tendance sur les dépôts devrait rester négative durant les trimestres à venir, mais cela ne devrait pas être de nature à menacer la stabilité bilancielle des établissements bancaires américains, tant qu’il n’y a pas de fuite massive. Le risque est qu’un chiffre alarmant de baisse des dépôts ait un effet boule de neige auto-réalisateur, mais ce risque nous apparaît moindre désormais.

Nous attendons toujours des mesures concrètes de renforcement de la surveillance prudentielle des milliers de banques américaines aux bilans inférieurs à 700 milliards de dollars, via le respect de ratios de liquidité et de financement, une soumission à des stress tests et des exigences réglementaires relevées. «L’Européanisation» des banques américaines prendra du temps et se fera certainement au détriment de leur performance boursière, mais au bénéfice de la stabilité du système bancaire américain.

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