Dans le contexte économique et géopolitique actuel, marqué par le retour de Donald Trump à la présidence des Etats-Unis, les investisseurs doivent naviguer dans une période de tensions politiques accrues et d’incertitudes macroéconomiques. Ce climat offre néanmoins des opportunités stratégiques sur les marchés actions, à condition d’identifier les secteurs et entreprises susceptibles de prospérer ou de souffrir de ces évolutions.
L’économie américaine, portée par des politiques fiscales favorables et une dynamique industrielle et technologique soutenue, reste une locomotive mondiale. La dérégulation de certains secteurs et les potentielles baisses fiscales prévues pour 2026 continuent de stimuler la productivité. En conséquence, les actions américaines, représentées par le S&P 500, affichent des perspectives de croissance des bénéfices par action (BPA) nettement supérieures à celles de l’Europe (+14,3% contre +8% pour 2025). Ces fondamentaux solides soutiennent une surpondération des marchés actions américains.
Les décisions de Donald Trump, notamment en matière tarifaire, joueront un rôle central dans la performance des secteurs et des entreprises. Les politiques protectionnistes pourraient redéfinir la compétitivité de nombreuses industries.
Certains secteurs apparaissent particulièrement vulnérables dans ce contexte. L’automobile et les équipementiers, par exemple, risquent d’être lourdement pénalisés par des taxes sur les véhicules exportés vers les Etats-Unis. Les constructeurs européens comme Volkswagen et BMW, fortement dépendants de chaînes d'approvisionnement mondiales, pourraient voir leurs coûts augmenter considérablement. Dans le secteur technologique, les fabricants de semi-conducteurs et d’autres entreprises dépendantes des importations asiatiques pourraient également souffrir de l’imposition de tarifs douaniers. Les métaux et matières premières sont un autre domaine sensible. Les hausses de tarifs sur l'acier et l'aluminium affectent directement des entreprises comme ArcelorMittal ou Voestalpine, tout en augmentant les coûts pour les industries consommatrices de ces matériaux, comme la construction et l’automobile. Enfin, la consommation discrétionnaire, en particulier les marques internationales comme Adidas ou Nike, qui s’appuient sur une production délocalisée en Asie, risque de voir ses marges réduites en raison des coûts supplémentaires liés aux importations.
A l’inverse, certains secteurs sont relativement protégés ou même avantagés. Les assurances et les services financiers, opérant principalement sur des marchés locaux et moins dépendants des échanges internationaux, restent globalement immunisés contre les tensions tarifaires. Des entreprises comme AXA ou Deutsche Börse bénéficient ainsi d’une stabilité relative. Dans la technologie, certaines entreprises axées sur des solutions locales, comme SAP ou Dassault Systèmes, sont moins exposées aux taxes douanières sur les biens physiques. Le secteur de la santé, avec des acteurs tels que Sanofi et Fresenius, et celui de l’alimentation, représenté par Nestlé, restent protégés grâce à leur dépendance limitée aux échanges internationaux et leur positionnement sur des biens essentiels. Enfin, dans l’énergie et les infrastructures, des entreprises comme TotalEnergies ou celles investies dans les énergies renouvelables bénéficient d’une forte demande et sont peu affectées par les taxes douanières.
En termes de styles d’investissement, deux stratégies tactiques se dessinent clairement. Privilégier les actions défensives face aux cycliques est particulièrement pertinent en Europe, où les incertitudes politiques en France et en Allemagne pèsent sur le climat des affaires. En parallèle, une orientation croissance (Growth) face à la valeur (Value), ciblant des secteurs porteurs comme la technologie, les services financiers et les biens de consommation de luxe, s’avère judicieuse.
Cette approche doit s’accompagner d’une vigilance accrue concernant l’exposition géographique et sectorielle des entreprises. Les investisseurs avisés surpondéreront les actions américaines et les secteurs résilients, tout en sous-pondérant les secteurs directement touchés par les tarifs douaniers.
Dans ce contexte incertain, l’analyse des fondamentaux des entreprises, combinée à une gestion active et sélective des portefeuilles, est cruciale. Les actions américaines, soutenues par une économie dynamique et des politiques favorables, devraient dominer les allocations, tandis que les secteurs résilients offrent des opportunités attractives pour amortir les chocs liés aux tensions tarifaires. Adopter une vision stratégique et diversifiée permettra aux investisseurs de tirer parti des opportunités dans un environnement globalement marqué par l’incertitude et la volatilité.