Pessimisme aggravé en Europe en ce début d’automne – Check conjoncturel de Raiffeisen

Raiffeisen Economic Research

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La BCE emboîte progressivement le pas à la Fed et vise une augmentation rapide et notable des taux. La situation de la BNS reste en revanche nettement plus confortable.

Face à la crise énergétique, le pessimisme quant aux perspectives conjoncturelles s’est encore aggravé en Europe en ce début d’automne. La flambée des prix de l’énergie et les pertes de pouvoir d’achat des consommateurs préoccupent de plus en plus les entreprises. Dans bien des pays, les gouvernements tentent en multipliant les aides et les interventions sur les prix d’y remédier et d’éviter une récession encore plus marquée. Or, ces mesures entraînent également une réduction des effets freinant la demande, ce qui entrave la lutte contre l’inflation et pourrait finalement exiger de nouveaux relèvements de taux. C’est pourquoi la BCE emboîte progressivement le pas à la Fed et vise une augmentation rapide et notable des taux. La situation de la BNS reste en revanche nettement plus confortable, jusqu’à présent sans impératif d’un relèvement aussi marqué des taux.

La flambée des prix de l’énergie et l’inflation globalement beaucoup trop élevée ont fortement mis à mal la confiance des consommateurs et le moral des entreprises en Europe ces derniers mois. C’est avant tout le cas pour l’Allemagne, où les prévisions des entreprises, nonobstant la parenthèse du coronavirus, ont atteint un nouveau plus-bas record. Les carnets de commandes ont commencé à baisser à grande échelle, les annulations se multiplient et il devient de plus en plus difficile de répercuter les hausses de prix sur les clients. En l’absence d’aides immédiates, en particulier les fabricants dont l’activité présente une forte intensité énergétique ne pourront plus faire face à la concurrence internationale. Or, même les entreprises à faible intensité énergétique peuvent rapidement se retrouver acculés en cas de flambée des prix du gaz et de l’électricité. Car l’ajustement des prix et donc souvent la hausse des coûts énergétiques précipitent alors soudain très bas en zone de pertes, les secteurs à faibles marges, comme par ex. la restauration ou la boulangerie – souvent citée. Or, la Suisse non plus n’est pas à l’abri d’une vague de faillites évitée lors de la pandémie grâce aux aides étatiques transitoires. Les gouvernements des pays voisins mettent donc régulièrement la main à la poche pour protéger leur économie d’une « surchauffe ». Le gouvernement français a plafonné les prix de l’électricité et du gaz pour les ménages et les petites entreprises et a ainsi empêché l’effondrement massif du moral des acteurs économiques comme ce fut le cas outre-Rhin. Or, même en Allemagne, un bouclier tarifaire a été mis en place pour les ménages et les entreprises afin de les protéger du pire jusqu’en 2024 en réduisant l’impact des forces baissières conjoncturelles. En Suisse, dans un contexte de hausse bien moindre des tarifs énergétiques administrés des consommateurs privés, le Conseil fédéral ne perçoit pour l’instant pas l’urgence d’agir. Or, surtout les entreprises déjà fortement malmenées financièrement par le coronavirus et qui s’approvisionnent majoritairement sur le marché libre, après les adaptations tarifaires à venir, en l’absence d’aide, les impacts devraient être beaucoup plus fréquents.

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