En raison du fort taux d’inflation, la confiance des consommateurs a atteint un plus bas inédit – notamment en Suisse, de sorte que pour 2022, nous tablons désormais sur une croissance plus modérée du PIB de 1,9%.
Pour le deuxième trimestre consécutif, l’économie américaine s’est légèrement contractée, glissant dans une récession dite «technique». En revanche, en Europe, les effets de la réouverture après le confinement ont entraîné une embellie significative. Avec la crise énergétique, les perspectives conjoncturelles s’assombrissent nettement plus vite de ce côté de l’Atlantique. En raison du fort taux d’inflation, la confiance des consommateurs a atteint un plus bas inédit – notamment en Suisse, de sorte que pour 2022, nous tablons désormais sur une croissance plus modérée du PIB de 1,9%. Pendant ce temps, les banques centrales veulent continuer à rationaliser leur politique monétaire en raison de la pression élevée sur les prix. Or, surtout en Europe, la fenêtre pourrait se refermer relativement vite grâce à l’affaiblissement plus prononcé de la conjoncture.
Alors que les effets de la reprise de l’activité s’amenuisent et que le vent contraire de l’inflation se lève, l’économie mondiale s’essouffle progressivement. La demande de biens qui s’apaise accélère la normalisation des chaînes de livraison. En association avec les inquiétudes croissantes quant à la récession, il en a résulté une correction plus prononcée des cours de nombreuses matières premières.
Les cours des métaux industriels sont certes un peu plus élevés qu’avant la pandémie, mais nous sommes loin des maximums de l’année écoulée. Cela vaut par ex. pour le cuivre qui sert souvent d’indicateur de l’état de la conjoncture mondiale. Il traduit notamment la baisse de l’activité de construction suite à la forte hausse des taux hypothécaires aux Etats-Unis. C’est pourquoi les prix du bois baissent de nouveau pour se rapprocher du niveau d’avant la crise. Une détente s’observe également sur le cours des produits agricoles de base. Malgré la poursuite de la guerre en Ukraine, le prix du blé a de nouveau nettement baissé – avec le coup de pouce supplémentaire de l’accord conclu entre l’Ukraine et la Russie autorisant de nouveau les livraisons par bateau. En effet, indépendamment d’autres sanctions prévues pour les exportations de pétrole russes, même le prix du baril de Brent pourrait retomber sous le seuil de 100 dollars.
Or, l’envolée des prix du gaz, et pour être précis celui du gaz européen se maintient. Le géant du gaz russe Gazprom a encore réduit les livraisons déjà très restreintes vers l’UE. Ainsi, l’Allemagne ne recevra plus que 20% du volume d’avant-crise par le gazoduc Nord Stream 1, ce qui ne facilite pas le remplissage des réserves pour l’hiver prochain. C’est pourquoi le gaz négocié aux Pays-Bas continue d’afficher des niveaux record, près de 14 fois plus cher qu’en 2019, ce qui plombe la conjoncture même sans pénurie aggravée de gaz.