Les acteurs financiers ont suivi de près l'évolution constante des relations entre la Chine et les Etats-Unis. Les tensions entre ces deux pays ont été exacerbées par les guerres commerciales, les sanctions, les violations des droits de l'homme et les menaces de radiation de sociétés chinoises des bourses américaines. Malgré des signes de protectionnisme économique, la Chine continue d'exprimer son désir de s'engager avec le reste du monde. 

Bien que la pandémie représente la première et principale priorité du président Biden, il a communiqué explicitement et implicitement l'importance de la sécurité nationale et de la concurrence économique avec la Chine. Même si le gouvernement Biden a marqué une rupture nette avec son prédécesseur sur la plupart des questions, sa stratégie sur les relations entre les Etats-Unis et la Chine semble familière.

La nouvelle administration devrait toutefois adopter une approche plus multilatérale des négociations commerciales, ce qui signifie que la politique commerciale américaine pourrait devenir plus réglementée et prévisible, réduisant ainsi la prime de risque du marché. Toutefois, une approche plus réfléchie n'éliminera pas complètement le risque d'escalade, notamment en raison du scepticisme persistant ressenti tant par la Maison Blanche que par le Congrès.

Durant le mandat de Trump, les relations entre les Etats-Unis et la Chine ont été marquées par des discours belliqueux. Nous pensons que l’administration Biden sera moins hostile et devrait s'orienter vers des négociations diplomatiques intégrant les alliés et partenaires régionaux. Par ailleurs, des échanges complémentaires pourraient avoir lieu avec la Chine, en particulier en ce qui concerne le changement climatique et les questions de sécurité nationale.

Afin de négocier avec la Chine de manière efficace, les Etats-Unis doivent s'associer à l'Union européenne (UE) tout en trouvant un terrain d'entente dans leur relation avec Pékin - un défi de politique étrangère complexe et délicat. Alors que l’appréciation à l'égard de la Chine s'est durcie dans de nombreux pays, les alliés européens semblent réticents à se laisser entraîner dans une confrontation de type guerre froide avec l’Empire du milieu. La plupart des Etats membres de l'UE ont soutenu une approche prudente et progressive, en particulier lorsqu'ils cherchent à démarrer avec la Chine des projets futurs d'infrastructure, comme le déploiement de la 5G. Après l'intervention de M. Biden à Munich, la chancelière Angela Merkel et le président Emmanuel Macron ont tous deux insisté sur la nécessité de coopérer avec la Chine, signalant qu'une approche progressive pourrait être plus adéquate afin de développer un partenariat entre les Etats-Unis et l'Union européenne.

Les Etats-Unis tardent à s'engager à nouveau dans des pourparlers plus substantiels avec la Chine, c’est selon nous une tentative d'établir une plus large coalition parmi les alliés, permettant d'avoir plus de poids dans les négociations. De manière générale, les responsables américains devraient chercher à obtenir un accord avec l'Europe sur des questions telles que le traitement réservé par Pékin aux Ouïghours musulmans, les actions du gouvernement à Hong Kong et les problèmes d'accès au marché auxquels sont confrontées les entreprises multinationales. 

Si l'administration Biden porte un œil critique à la Chine, Pékin a adopté une approche plus prudente à l'égard de Washington, laissant entendre que les relations resteront agitées. La Chine est parfaitement consciente de la dynamique actuelle et les tensions étaient visibles lors de la première réunion de haut niveau entre les responsables chinois et américains de la nouvelle administration.

Bien que Pékin espère un changement de stratégie de la part de l'administration Biden, il est peu probable qu'il fasse des concessions unilatérales majeures. Pékin a également opéré un changement stratégique important en matière de politique de technologie et d'innovation, avec une approche plus ouverte sur la concurrence à long terme avec les Etats-Unis.

La Chine cherche globalement à renforcer sa position dans l'économie mondiale. Pékin considère qu'un marché financier onshore important et bien développé, libellé en renminbi, est crucial pour l’internationalisation de sa monnaie à long terme. La réforme des marchés de capitaux est essentielle et la perspective d'une augmentation des entrées de capitaux étrangers est cruciale pour atteindre cet objectif.

Malgré les défis externes, la promotion d'une ouverture de l'économie chinoise - par le biais d'une plus grande libéralisation du commerce et des investissements – est prônée afin de «renforcer la coopération mondiale». Pékin a intensifié ses efforts pour conclure des accords commerciaux avec d'autres pays. Parmi les accords récents figurent le Partenariat économique global régional (RCEP), signé entre 15 pays d'Asie-Pacifique en novembre 2020, et l'Accord global sur l'investissement (CAI) entre l'UE et la Chine. L'accord CAI est particulièrement important pour l'UE, car il ouvre considérablement le marché intérieur chinois aux entreprises européennes.

Tout cela vient s'ajouter au plan de renforcer l'influence de la Chine sur les marchés émergents par le biais de l'initiative de «la nouvelle route de la soie» (BRI). La coopération en matière de distribution de vaccins est un autre point qui peut être intégré dans le cadre de la BRI. La Chine s'est lancée dans la promotion de vaccins en promettant 500 millions de doses de ses vaccins à plus de 45 pays. Quatre des producteurs chinois de vaccins ont affirmé qu'ils pourraient produire au moins 2,6 milliards de doses cette année.

Malgré l'escalade des tensions au cours des dernières années, le rôle de la Chine dans l'économie mondiale reste prépondérant, ce qui représente une opportunité importante pour les investisseurs. Les fondamentaux sont encourageants et nous continuons à voir plusieurs pans de l'économie chinoise se rouvrir après la pandémie, ainsi qu'un nombre croissant d'entreprises internationales étendre leurs activités en Chine. Dans une économie mondiale de plus en plus intégrée, la prospérité des pays dépend non seulement de la progression de leur propre économie, mais aussi du développement économique mondial.