Or & mines: 2022, année de rupture?

Arnaud du Plessis & Vafa Ahmadi, CPR AM

2 minutes de lecture

L’année qui commence promet d’être mouvementée sur l’ensemble des marchés et aussi sans doute pour celui de l’or et des mines aurifères…

Cela a commencé avec la publication le 5 janvier des minutes du FOMC de décembre, mais qui bien qu’ayant pesé sur les cours, n’ont pas déclenché un tsunami sur le marché de l’or. Ce, en dépit d’un discours très «hawkish», évoquant un resserrement monétaire plus rapide que prévu, une accélération du «tapering», et même une réduction de son bilan. On peut supposer que la performance décevante enregistrée par la thématique de l’or et des mines en 2021 reflétait déjà l’anticipation d’une inflexion à venir du discours de la Fed. En attendant, l’évolution à venir des taux réels US sera clé pour 2022.

En effet, et au contraire des marchés globaux qui ont terminé l’année sur des niveaux records, 2021 n’a pas été un grand cru pour la thématique. Il convient toutefois de rappeler que 2020 avait constitué la meilleure année pour l’industrie aurifère depuis 2010. Cette consolidation n’est donc pas en soit choquante. Au final, les cours de l’or ($) clôturent l’année en repli de -3,44% et les mines aurifères (NYSE Arca Gold Miners NTR) en baisse de -9,37%, soit un levier de performance de -2,7x.

Cette consolidation s’est faite en bon ordre et souligne l’intérêt qui demeure sur cette classe d’actif, en dépit de l’absence quasi-totale d’aversion aux risques qu’ont montré les investisseurs durant toute l’année 2021 et qu’ont souligné les vagues de consolidation aussi courtes que modérées sur les marchés d’actions.

Alors que le maintien des taux réels US dans un territoire très négatif aurait dû constituer un important facteur de soutien pour l’or, lui offrant l’opportunité de tester de nouveau le point haut de l’été 2020, à $2075/oz, la vigueur du dollar américain a pesé sur la tendance.

Le débat autour de l’inflation a rarement été aussi animé ces dernières années qu’en 2021. Associé à celui concernant la croissance à venir, le mot «stagflation» est apparu de plus en plus dans les requêtes «Google». Indéniablement, si elle devait se concrétiser, la stagflation constituerait le scenario idéal pour l’or.

Force est de reconnaître que le consensus de marché n’y croit pas du tout aujourd’hui, anticipant au contraire une normalisation de l’inflation, associée à celle de la politique monétaire de la Fed. En ce début d’année, le consensus table sur des cours moyens de l’or à $1716/oz en 2022 contre $1798/oz pour l’année 2021.

Côté flux, et notamment du côté des ETF adossés à l’or, 2021 est à oublier ! Les ventes nettes ont totalisé l’équivalent de 287 tonnes sur l’ensemble de l’année, soit les sorties les plus importantes depuis 2013, et des encours totaux au plus bas depuis mai 2020.

Dans un tel contexte, on peut difficilement se passer d’évoquer les crypto-monnaies, et le Bitcoin en particulier dans un tel contexte. S’il est peu pertinent de lui accorder un statut de «valeur refuge» eu égard à sa très forte volatilité (57% à 100 jours contre 13% pour l’or), celui d’actif de diversification est plus crédible.

Goldman Sachs a publié récemment une étude estimant que la capitalisation ajustée disponible du Bitcoin était d’un peu moins de 700 milliards de dollars. Cela représente une part de marché de 20% des «réserves de valeurs» constituées par l’or et le Bitcoin, la valeur de l’or disponible étant estimée à $2,6 trillons. Et cette part de marché n’a cessé de croitre ces dernières années, cannibalisant de fait celle de l’or. Sans compter les autres crypto-monnaies dont la capitalisation globale dépasse maintenant celle de l’or…

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