Optimiser l’implémentation d’une blockchain dans la finance

David Delmi, Wecan Group

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Chronique blockchain. Les avantages de la blockchain sont nombreux mais il convient d'évaluer aussi ses restrictions. Quelle solution pour limiter ces dernières?

Au-delà des nombreux avantages offerts par la technologie blockchain à l’instar de l’auditabilité, de la sécurisation et de la distribution des données, il convient d'évaluer également ses restrictions. Fort heureusement, une solution entend limiter ces dernières, et faciliter l’implémentation de la blockchain.

En octobre 2021 nous avions rédigé une chronique sur Allnews1 à propos de la large offre de solutions en matière de technologies décentralisées. La blockchain ne se réduit pas au Bitcoin, à Ethereum ou à une poignée de concurrents médiatisés. Bien au contraire, une bibliothèque de solutions s’offre aux différentes industries, proposant des technologies spécifiques à certains cas d’utilisation.

Ceci étant dit, il convient néanmoins d’admettre qu’une solution alimente une grande partie de l’écosystème Blockchain: Ethereum. Avec ses fameux smart contracts, la technologie lancée par Vitalik Buterin après une ICO de US$ 18 millions en 2014 tourne à plein régime. Derniers rejetons en date, les populaires NFTs s’adossent eux aussi sur cette technologie.

Sous l’égide de cette augmentation drastique du nombre d’utilisateurs, de la variété grandissante des cas d'utilisation et de l’accroissement de l'écosystème associé vient alors irrémédiablement le dilemme de la congestion de ce dernier. Ce faisant, les frais de transactions, que l’on appelle «gas» dans le jargon Ethereum, atteignent bien souvent de nouveaux records, grevant les échanges de frais pouvant, dans certains cas, atteindre plusieurs centaines de dollars.

L’écosystème Ethereum propose depuis plusieurs années des idées afin de réduire la charge supportée en la déportant partiellement hors de la chaîne principale.

Ce problème se trouve désormais être un défi commun à plusieurs blockchains de plus en plus populaires. Bien conscient de cette épée de Damoclès, l’écosystème Ethereum propose depuis plusieurs années des idées afin de réduire la charge supportée en la déportant partiellement hors de la chaîne principale.

Ces solutions dites de «layer 2» tournaient historiquement autour du concept de sidechains, des chaînes évoluant en parallèle de la chaîne-mère. Sans rentrer dans les détails techniques, la question de la confiance numérique et de la décentralisation, les grands atouts de la blockchain, ainsi que des questions fondamentales issues de la théorie des jeux concernant la disponibilité des données étaient alors bien souvent remis en question par l’existence de ces chaînes parallèles.

C’est ainsi qu’une innovation respectant l’ADN de la blockchain, tout en permettant l’optimisation des transactions, fit son apparition récemment: les rollups.

Les rollups sont des solutions de type layer 2 également, mais aux caractéristiques hybrides. Ces derniers permettent une symbiose entre données dites off-chain, c’est à dire enregistrées en dehors de la chaîne Ethereum, et on-chain, sur Ethereum.

Cette méthode offre plusieurs avantages. Outre de transférer une partie du calcul et des validations en dehors de la chaîne-mère, elle permet également de compresser les données stockées on-chain et, ce faisant, de réduire la consommation de «gas» propre à Ethereum nécessaire pour l’enregistrement.

Les rollups n’enregistrent pas chaque transaction dans la chaîne-mère, mais uniquement l’état racine d’un smart contract, c'est-à-dire la preuve cryptographique du solde des comptes.

Concrètement, les rollups n’enregistrent pas chaque transaction dans la chaîne-mère, mais uniquement l’état racine d’un smart contract, c'est-à-dire la preuve cryptographique du solde des comptes. Ces rollups agrègent donc plusieurs transactions off-chain en une seule, ne publiant que cette dernière sur la chaîne principale à une cadence prédéfinie, par exemple chaque jour en fin de journée.

Sorare, le fleuron français de la blockchain et détenteur du record de la plus grosse levée de fonds de la french tech avec ses 680 millions de dollars2, utilise précisément un système de type rollup pour optimiser ses transactions de NFTs sportifs.

Autre exemple avec Loopring qui s'adresse aux organismes de trading de crypto-monnaies. L’entreprise propose de créer des plateformes d’échanges construites sur des rollups afin de diminuer les coûts de transactions. Enfin, notre entreprise, Wecan Group, construit elle aussi son propre rollup pour optimiser l’implémentation de sa solution, Wecan Comply, sur un système de double blockchain afin d’offrir auditabilité et rapidité.

Bien que plus récents que les autres solutions de type layer 2, les rollups ont, semble-t-il, conquis les spécialistes du milieu. En quelques mois, ils ont ainsi considérablement gagné en intérêt.  Contrairement aux solutions historiques bien souvent cantonnées au statut de projet ou de recherche, les rollups sont désormais utilisés dans des cas concrets, abaissant des barrières d’adoption. Il est fort à parier que l’industrie financière saura profiter de cette innovation dans l'écosystème fintech.

 

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