Obligations suisses à nouveau attractives?

Yvan Roduit, Raiffeisen Suisse

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Les conditions ont fortement évolué depuis un an, entre hausse des taux, inflation, perspectives économiques maussades, incertitudes géopolitiques et tempête en Europe.

En début d’année, je m’interrogeais: 2022 sera-t-elle une annus horribilis pour les obligations? Six mois plus tard, je constatais que la forte hausse des taux d’intérêt avait conduit à des pertes comptables dans le domaine obligataire. Mais je notais que les mouvements significatifs à la hausse des taux ont rendu de nouveau possible de générer des rendements positifs (nominaux) avec les obligations sans devoir faire des concessions massives sur la qualité des débiteurs. Qu’en est-il aujourd’hui?

Se tourner entièrement vers l’EUR et l’USD? Une fausse bonne idée

Il est intéressant de constater que ces opportunités sont toujours présentes. Néanmoins, même si la quasi-majorité des obligations de pays et d’entreprises – et sur la totalité de l’échelle de notation – a souffert, un investisseur qui compte en franc suisse ne devrait pas se jeter inconsidérément sur toute obligation qui a corrigé, surtout libellée en EUR. Quiconque souhaite à présent investir dans les obligations d’Etat en euros, vu la rémunération nominale un peu plus élevée que celle en Suisse, devrait prendre conscience de la problématique de la dette publique. En effet, l’Union européenne traverse actuellement une tempête d’une grande force. Ce n’est un secret pour personne. L’endettement moyen des Etats membres s’élève actuellement à près de 90% du PIB. Même le bon élève allemand ne respecte plus les critères stricts de Maastricht. La problématique de la dette en Europe reprend donc de l’ampleur. La diversification du portefeuille obligataire au-delà de la zone euro est donc plus qu’une simple recommandation.

Si on se tourne maintenant sur les obligations en USD, la situation est clairement plus intéressante. Les investisseurs basés en CHF se sont déjà massivement tournés vers les obligations d’entreprise en USD depuis plus de 2 ans pour pouvoir profiter de rendements intéressants, et cela en couvrant le risque monétaire, le coût de cette couverture étant jusqu’il n’y pas si longtemps tout à fait acceptable, en moyenne de 1%. Ce n’est plus le cas aujourd’hui – nous sommes à plus de 3% – et cela a passablement réduit l’attractivité de ces titres.

Une rentrée en fanfare pour les obligations helvétiques?

Mais avant de chercher par-delà l’Atlantique, jetons un œil aux obligations en Suisse. Comme déjà écrit en juillet, la montée des rendements nominaux des obligations en CHF les a rendues bien plus attractives. De plus, cette brusque hausse des taux après des années de taux très bas a ouvert une brèche intéressante. Beaucoup de sociétés de bonne qualité de crédit ont émis l’année dernière des obligations de durée relativement longue avec des coupons très bas, même à 0% pour certaines. Il est clair que les 8 premiers de 2022 les ont fortement impactées. Mais d’un autre côté, il est possible pour un investisseur avec un horizon-temps moyen/long-terme de se positionner sur des titres d’excellente qualité qui ont perdu 10, voire 20% en termes de prix. Et comme l’essence même d’une obligation est d’être remboursée à 100% à l’échéance, une détention jusqu’à cette date permettrait d’engranger un rendement formé quasi ou complètement par du gain en capital. En appliquant bien entendu les principes de base de la gestion de portefeuille: sélectivité et diversification.

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