Retour en grâce des obligations

Yvan Roduit, Raiffeisen Suisse

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Les rendements sont redevenus attrayants et le risque de perte significative due à la partie taux d’intérêt est très réduit.

La hausse des taux directeurs a relancé l’attrait des obligations de qualité de crédit supérieure, au prix, il est vrai, d’un recul significatif depuis le début de l’année. La faiblesse des actions et le retour tant attendu de rendements plus élevés soutiennent cette nouvelle tendance. Retour en grâce ou sursaut momentané?

La mi-temps de cette année de placement ne présente pas un tableau réjouissant: à l’exception de l’or et des matières premières, toutes les catégories de placement ont nettement perdu de la valeur au premier semestre. Sur le banc des accusés, une forte inflation et le suspect plus usuel que sont les banques centrales. Mais il a aussi fallu compter avec les inattendus, matérialisés par la guerre en Ukraine et les nouveaux confinements en Chine. Ces derniers ont donné un coup d’accélérateur au processus de normalisation des politiques monétaires. Et à ceux-ci se sont ajoutées les incertitudes concernant l’évolution de l’économie. Et nous ne sommes pas encore au bout de nos peines. Les banques centrales marchent actuellement sur des œufs. Dans le pire des cas, la politique monétaire mondiale restrictive entraînera une récession. Certains éléments d’une telle évolution sont déjà intégrés dans les cours. Pour le second semestre 2022, il faut s’attendre à ce que les banques centrales continuent à relever les taux directeurs dans le cadre de leur lutte contre l’inflation.

Des hausses des taux pas forcément si négatives

La pression inflationniste continue, la politique monétaire plus restrictive des banques centrales ainsi que les craintes croissantes de récession des investisseurs se reflètent dans les taux d’intérêt des marchés des capitaux au premier semestre. Le rendement des obligations d’Etat américaines à 10 ans a grimpé par moment jusqu’à 3,49%. Les taux d’intérêt à court terme ont quant à eux littéralement explosé à la hausse. La courbe des taux s’est ainsi aplatie dans son ensemble.

Les produits à intérêts – de haute qualité de crédit – délivrent à nouveau des rendements positifs dans de nombreux marchés. Au vu de l’environnement de marché actuellement marqué par des incertitudes économiques et géopolitiques, les obligations d’Etat deviennent ainsi de plus en plus attractives pour les investisseurs. Les temps où il n’y avait guère d’alternative valable aux actions dans la chasse aux rendements appartiennent ainsi au passé.

Des opportunités au sein de la classe obligataire

Même si la forte hausse des taux d’intérêt a conduit à des pertes comptables dans le domaine obligataire, elle présente aussi un aspect positif. Il est entretemps de nouveau possible de générer des rendements positifs (nominaux) avec les obligations sans devoir faire des concessions massives sur la qualité des débiteurs. Et surtout compte tenu des perspectives maussades en matière d’évolution conjoncturelle, qui pourraient pousser vers le haut les taux de défaut des émetteurs de moins bonne qualité (Non Investment Grade).

Il est très certainement temps de se repositionner sur les obligations de qualité. Les rendements sont redevenus attrayants et le risque de perte significative due à la partie taux d’intérêt est très réduit. Néanmoins, et cela ne change pas, les investisseurs ont tout intérêt à adopter une approche sélective et diversifiée. En effet, en gestion obligataire l’important est d’éviter les pièges et autres chausse-trappes.

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