Obligations indexées à l’inflation: remède miracle?

Yvan Roduit, Raiffeisen Suisse

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Problèmes d’approvisionnement et situation géopolitique alimentent encore davantage l’inflation.

Depuis le début de l’année, toutes les classes d’actifs affichent une forte corrélation entre elles en termes de performances négatives. Le changement de ton de la Fed US concernant le risque d’inflation structurelle élevée (non plus ponctuelle) début janvier a donné le départ d’une spirale négative: une inflation «incontrôlable» est redoutée par toutes les banques centrales et bien entendu par les investisseurs, qu’ils soient détenteurs d’obligations ou d’actions. L’invasion de l’Ukraine par la Russie a, pour des raisons évidentes, momentanément mis cette menace au second plan. En espérant une résolution la moins dommageable possible pour les populations concernées, ce focus devrait revenir peu à peu sur l’inflation. En effet, la récente hausse vertigineuse des prix de l’énergie pousse l’inflation encore plus haut. La Fed a donc notifié qu’elle allait s’en tenir à son programme de stabilisation des prix, qui passera par plusieurs hausses de taux cette année.

Attrait des investisseurs pour les obligations indexées à l’inflation

Depuis le retour de l’inflation au premier plan, une part non négligeable d’investisseurs réfléchit à se positionner sur les obligations indexées à l’inflation (OII). En effet, intuitivement, ces instruments représentent une protection très efficace contre l’érosion du pouvoir d’achat causée par une inflation plus forte qu’anticipée initialement. Dans les faits, les OII ont une valeur nominale ajustée régulièrement de l’inflation durant la durée de l’obligation. Le coupon, fixe, est calculé sur une valeur nominale qui évolue au gré de l’inflation. L’adaptation est faite avec un «lag» de 2 à 3 mois en règle générale.

Les obligations indexées à l’inflation demeureraient attractives également dans un contexte de stagflation.

On retrouve aussi des mécanismes de protection contre la déflation avec des planchers à la valeur au par (moins central en ce moment…). Sauf exception seuls les Etats émettent des OII, avec les USA comme plus grand contributeur avec les fameux TIPS. C’est un marché de «professionnels», avec une liquidité assez réduite, ce qui pousse la plupart des investisseurs à en acquérir par le biais d’instruments de placement collectifs comme des ETF ou des fonds de placement.

Quid de la stagflation?

La récente hausse des prix de l’énergie et les prévisions de croissance revues à la baisse font réapparaitre le spectre de la stagflation. Même si cette dernière ne devrait pas se réaliser – l’activité économique restant soutenue et le taux de chômage faible – il convient de noter que les OII demeureraient attractives également dans ce contexte. Comme dans un environnement inflationniste, la condition primaire est que l’évolution des prix soit supérieure au niveau considéré comme «normal».

Les OII: un remède miracle?

L’attrait pour les OII, compréhensible, est nourri dans certains cas par l’illusion de l’acquisition d’une protection contre une performance négative des marchés obligataires. Or les OII sont aussi, par nature des obligations, avec les éléments usuels à prendre en considération. De plus, la liquidité des OII est souvent bien inférieure à celle des obligations nominales comparables. Les valorisations des OII peuvent avoir tendance à s'emballer dans les deux sens lorsque les investisseurs changent d'avis sur les prévisions d'inflation. Les OII ne sont donc pas un remède magique dans la situation actuelle, mais constitue un instrument de diversification intéressant sur le long terme. Les investisseurs sont donc invités faire preuve de prudence et à bien considérer les scénarios d’inflation dans leurs décisions d’investissement.

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