Obligations convertibles: une option intéressante en 2024

Thomas Planell, DNCA Invest

2 minutes de lecture

Une bonne évolution des salaires réels est une condition préalable à un atterrissage en douceur pour le reste de l'année.

Il fallait donc être investi en actions en 2023. Contrairement aux craintes de récession exprimées par les économistes, l'économie mondiale s'est avérée résistante. Les entreprises ont réussi à dégager des marges record malgré les hausses de prix de ces deux dernières années. La stimulation budgétaire publique est restée forte, la liquidité mondiale s'est asséchée moins que prévu et la consommation a été soutenue par la hausse des salaires. En bref, c'est moins l'économie que l'inflation qui a finalement fait l'objet d'un hard landing.

En effet, il s'agit de la meilleure performance des actions mondiales depuis 1999. Loin devant les obligations d'État (+4,2% pour l'indice Bloomberg Global Aggregate Treasuries), le crédit Investment Grade (+9,6% pour l'indice Bloomberg Global Aggregate Corporate) et le High Yield (+14% pour l'indice Bloomberg Global High Yield), l'indice MSCI World progresse de plus de 20% en 2023. Au niveau mondial, le style de croissance a fait mieux que le style de valeur (+25% en termes relatifs), une performance relative en baisse par rapport à 2020, mais supérieure à celle de la bulle des technologies de l'information et de la communication dans les années 2000. Le Nasdaq a enregistré sa meilleure performance depuis 1999 (+54%), tandis que le S&P007, connu comme le club des «Magnificent Seven», a connu une croissance de 107%.

Les actions chinoises à leur plus bas niveau depuis la mi-2020

Les actions des marchés émergents, emmenées par le Mexique, le Brésil et l'Inde (qui termine sa cinquième année de performance positive), ont participé à la reprise. Contrairement aux actions chinoises, qui restent à leur niveau le plus bas depuis la mi-2020. Même le Japon vieillissant s'est joint à la fête. Peut-être pourra-t-il mettre fin à la déflation qu'il traîne comme un boulet depuis l'éclatement de la bulle dans les années 1990.

Le réalisme face à la persistance de taux d'intérêt élevés devrait rester de mise.

Après ces belles performances, les investisseurs s'interrogent, face à un large éventail de scénarios macroéconomiques, sur la voie à suivre pour atteindre les sommets de rendement qui récompensent adéquatement le risque pris. Une bonne évolution des salaires réels est une condition préalable à un atterrissage en douceur de l'économie pour le reste de l'année. Dans le cas contraire, les banques centrales ne pourront pas éradiquer la sur-inflation sans tuer la croissance.

L'Europe est dans un état de stagnation fragile

Le réalisme face à la persistance de taux d'intérêt élevés devrait rester de mise. L'offre de titres obligataires augmentera en raison de l'effet combiné de la réduction du bilan des banques centrales et du financement des déficits publics. Le déficit allemand est de 2,5% par an. Le déficit de la France est de 4,6% du PIB et celui de l'Italie de 6,5 à 7%. Ensemble, ces trois pays ont accumulé un déficit de 250 milliards d'euros par an, contre 125 milliards d'euros avant le Covid et jusqu'à 400 milliards d'euros entre 2020 et 2022. De quoi inquiéter les marchés obligataires et relativiser l'impact des baisses de taux directeurs, qui ont peut-être été trop bien anticipées.

L'Europe se trouve dans une situation de stagnation fragile, qui serait aggravée par un ralentissement trop important en Chine. Les risques géopolitiques et climatiques pourraient relancer l'inflation des matières premières. Le canal de Panama asséché et le détroit de Bab el-Mandeb, qui représentent à eux deux 20% du commerce mondial, provoquent les premières perturbations logistiques. Tesla annonce qu'il devra bientôt arrêter sa production à Berlin.

Les petites capitalisations pourraient bénéficier d'une reprise des fusions et acquisitions.

Dans un marché américain dont la prime de risque n'est que de 0,5% (S&P500) sur la base d'anticipations de bénéfices toujours très élevés (+12% l'an prochain): un plus bas depuis dix ans. Difficile de ne pas mentionner l'étonnant resserrement des spreads sur le crédit américain à haut rendement (1%), alors même que le taux de défaut sur les papiers spéculatifs a été multiplié par cinq depuis 2021. Les prévisions de bénéfices pour les actions européennes (+7%) sont plus prudentes qu'aux États-Unis, et la prime de risque couverte est supérieure à 5%, ce qui offre un coussin de valorisation attrayant par rapport aux actions américaines. Au niveau mondial, les small caps ont connu leur pire année depuis 2007. Ce segment de marché pourrait être le premier à bénéficier d'une reprise des fusions et acquisitions et d'une baisse des taux d'intérêt si le scénario d'atterrissage en douceur se concrétise.

Globalement, les obligations convertibles ont réalisé de solides performances, avec un fort intérêt en Europe pour ce type d'instrument, qui a représenté près d'un tiers des volumes d'émission sur le marché primaire ECM en France en 2023. Pour les investisseurs, l'attrait des convertibles réside dans leur profil hybride, à mi-chemin entre une obligation et une action. Elles permettent à leur détenteur de participer de manière substantielle à la hausse du marché des actions, tout en limitant l'amplitude de sa baisse, grâce à l'amortisseur que constitue leur plancher obligataire. En 2024, il est donc dans la nature même de cette classe d'actifs d'apporter une convexité au portefeuille.

A lire aussi...