Lorsque biologie et technologie convergent

Rose Nguyen, Baillie Gifford

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La biotechnologie pourrait bien révolutionner la manière dont les maladies sont prises en charge et traitées.

Les nouvelles technologies ont souvent changé le monde. L’invention de la machine à vapeur, puis de l'électricité, a été à l’origine de deux révolutions industrielles. Plus récemment, les semi-conducteurs et internet ont radicalement transformé notre façon de travailler, de nous divertir et de nous former. Il se peut que nous nous trouvions aujourd’hui au seuil d’une nouvelle révolution. Révolution qui affecterait, cette fois, l’être humain plutôt que son environnement.

Le séquençage génétique, l'imagerie biomédicale et l’intelligence artificielle sont autant d'innovations qui permettent d'étudier la biologie à une échelle, une profondeur et une vitesse qui étaient encore inimaginables il y a seulement dix ans. Et, du point de vue de leur développement, les entreprises les plus révolutionnaires du secteur de la biotechnologie ressemblent davantage aux géants de l’internet qu’aux entreprises pharmaceutiques traditionnelles.

La biologie s’apparente désormais à une science de l’information: elle est plus prévisible et plus facile à contrôler.
Une science en pleine (r)évolution

Jusqu’à présent, par exemple, la mise au point de vaccins pouvait durer des années et exigeait des investissements considérables. Elle comportait, par ailleurs, de nombreux risques associés à l’expérimentation sur des virus actifs. Aujourd’hui, la situation a radicalement changé: les petites entreprises de la biotech sont en mesure d’offrir des réponses thérapeutiques élaborées à partir de processus industriels automatisés. La biologie s’apparente désormais à une science de l’information: elle est plus prévisible et plus facile à contrôler. L’impact de cette évolution sur l’humanité pourrait être extraordinaire. C’est en prenant la position d’actionnaires à long terme de ces entreprises que chacun peut participer à l’aventure.

L'une des manifestations les plus évidentes de la convergence entre biologie et nouvelles technologies est le développement des vaccins à ARN messager contre le COVID-19.

Dans la majorité des cas, une maladie se déclare suite à des problèmes de circulation de l’information. L’ARN messager, qui est un morceau de code génétique, peut être dirigé vers une cellule donnée afin de lui faire produire la protéine souhaitée. Jusqu’à récemment, la difficulté résidait dans la capacité à diriger cet ARN vers la bonne cellule. Cet obstacle étant désormais surmonté, il devient possible de traiter les différentes maladies liées au même type de cellules en modifiant simplement le code.

Des perspectives particulièrement encourageantes

Moderna a pu mettre au point une molécule d’ARN messager 48 heures après avoir obtenu l’empreinte génétique du virus SARS-CoV-2. Cette molécule d’ARN messager a «appris» aux cellules à copier la protéine «Spike» assurant l’immunité contre ce même virus. Ce qui est remarquable ici est que Moderna a pu télécharger les données génétiques dont elle avait besoin non pas en expérimentant sur le virus lui-même, mais en passant par Internet.

Moderna ne représente qu’un exemple d’investissement dans la biotechnologie parmi d’autres.

Et ce type d’exploit pourrait être reproductible, ce qui est particulièrement intéressant pour le futur. La technologie de l’ARN messager pourrait devenir une véritable plateforme de développement pour de nouveaux médicaments, destinés à traiter des maladies comme le cancer ou encore les maladies auto-immunes. Elle pourrait en effet permettre à nos cellules de produire n’importe quelle protéine nécessaire.

Mais Moderna ne représente qu’un exemple d’investissement dans la biotechnologie parmi d’autres. Des sociétés comme argenx, en Belgique, spécialiste des anticorps travaillant sur le traitement de troubles rares du système immunitaire, ou Exscientia, entreprise issue de l’université de Dundee qui utilise l’intelligence artificielle pour concevoir de nouveaux médicaments, méritent également l’attention des investisseurs.

Ces sociétés partagent, en effet, un trait commun: plutôt que de se focaliser sur le développement d’un seul médicament, elles cherchent à élaborer le moyen de produire des traitements multiples au fil du temps. La reproductibilité est un facteur clé du succès commercial, mais elle est également fondamentale en termes de l’impact positif que ces acteurs peuvent avoir sur la société.

La convergence de la biologie et de la technologie va transformer la prise en charge et le traitement des maladies de manière radicale, que ces maladies soient communes ou rares. Ce développement devrait bénéficier à l’ensemble de la société, de même qu’aux investisseurs qui choisissent de soutenir les entreprises sachant tirer parti des nouveaux outils à leur disposition.

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